Avec cette biographie fouillée de Maurice Noguès, Bernard Marck met en lumière le pilote breton qui défricha les premières lignes aériennes France-Asie dans les années trente. Un pionnier négligé par l’Histoire…
Cet un imposant pavé de 636 pages que Bernard Marck consacre à Maurice Noguès, ce pionnier de l’aviation méconnu. Le biographe démontre avec ce nouvel ouvrage que ce héros, qui vola pour la première fois en 1909, mérite la même reconnaissance que les Mermoz, Saint Exupéry, et autre Guynemer…
Noguès, l’un des cent premiers pilotes brevetés au monde et pionnier de l’aviation commerciale est celui-là même qui, jours après jours, escales après escales, ouvrit le 9 mars 1930 la première liaison entre la France et Saigon. Il aura fallu au jeune pilote breton des mois et des mois pour pousser toujours plus loin ses Blériot-Spad S.56, ses Schreck type 21, ses SPCA 63 Météore, ses Dewoitine D332… Au début, c’est-à-dire à partir de 1920, Maurice Noguès se contente d’ouvrir des lignes – et principalement des vols de nuit – vers l’Est de la France, puis vers l’Est de l’Europe notamment avec la compagnie « la Franco-Roumaine ». Mais c’est l’Est-du-soleil-levant qui l’attire. A tel point que Noguès donne sa démission de patron de la CIDNA (Compagnie internationale de Navigation Aérienne) pour intégrer la compagnie AULO (Air Union-Lignes d’Orient) qui deviendra la célèbre Air Orient. Les efforts de Noguès, son courage, ses sacrifices, aboutiront à offrir à la France ses lignes long-courriers parmi les plus prestigieuse : l’Orient ! Des lignes qui signèrent en son temps la naissance d’Air France.
« Maurice Noguès, le rêve d’Orient » fera date parce qu’il est écrit par Bernard Marck, un spécialiste de l’histoire des aviateurs. Avec plus d’une vingtaine d’ouvrages dont certains couronnés par l’Aéroclub de France, tous consacrés aux héros de l’aéronautique, Bernard Marck appartient au club assez fermé des historiens de l’Air. Son livre est un cours majestueux d’histoire : chaque paragraphe contient ici au moins une information « historique » sur la naissance de l’aviation commerciale. Et chacune de ces informations est renvoyée à une référence précise, historique, réelle. Car Bernard Marck, pour réaliser ses biographies, pioche notamment dans son impressionnant carnet d’adresses pour aller questionner le parent, le neveu, le petit-fils, le voisin… du héros dont il brosse le portrait. De sorte que les anecdotes rapportées ici sont, pour certaines, inédites.
Cette nouvelle biographie constitue aussi une référence par son style rédactionnel. Bernard Marck réussit assez bien (et ici particulièrement) à faire de ses biographies un véritable roman doté de tous les ingrédients rapportés au genre : suspens (on ne dira rien sur l’accident de Maurice Noguès qui lui emporta la vie ce 15 janvier 1934, à l’âge de 45 ans…) et amour (notamment la relation passionnelle qui unit Maurice Noguès à sa femme Magdeleine, sa « très aimée », avec laquelle il eut une fille). Ainsi, « Maurice Noguès, le rêve d’Orient » réussit un double pari : réhabiliter la mémoire d’un grand homme de l’aviation et offrir aux lecteurs un excellent moment de lecture.
Bruno Rivière
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Bernard Marck révèle Maurice Noguès
J'ai découvert Maurice Noguès en lisant un livre sur l'histoire du bel Emeraude, et je suis ravie de la sortie de cette biographie sur ce grand pilote, qui mérite effectivement que son nom soit retenu au même niveau que Mermoz et Saint Exupéry. Un pionnier méconnu des premier vol de nuit militaires (pendant la première guerre) comme civils (avec la Franco-Roumaine). Merci pour cet ouvrage !