Le journaliste économique québécois Daniel Bordeleau propose une analyse sans concession des causes de l’effondrement de Bombardier. Il identifie cinq erreurs des dirigeants qui ont conduit cette multinationale canadienne qui faisait la fierté du Québec à se replier, avec difficulté, sur le seul marché de l’aviation d’affaires.
« Bombardier avait la possibilité de devenir un géant mondial de l’aviation commerciale en lançant la C Series. Quinze ans plus tard et après avoir accumulé des milliards de dollars de dette, ce joyau de l’industrie aéronautique québécoise doit aujourd’hui renoncer à la quasi-totalité de ses activités. Comment expliquer que cette véritable multinationale qui possédait des installations dans plus de 25 pays n’en exploite aujourd’hui qu’une demi-douzaine en Amérique du Nord, et que ses revenus avoisinant la vingtaine de milliards de dollars américains aient chuté des deux tiers ? » C’est à cette question posée en quatrième de couverture de son livre que Daniel Bordeleau répond en 200 pages, dans une enquête fouillée.
Le groupe Bombardier est né d’une invention de Joseph-Armand Bombardier, en 1934, qui débouchera en 1959 sur un modèle de motoneige. Au décès de son fondateur, en 1964, ce sera son gendre, Laurent Beaudoin, qui prendra la direction de l’entreprise familiale. A la fin des années 60, alors que la marque Bombardier est devenu le nom générique de la motoneige, l’entreprise emploie 6.000 salariés. Elle se lance alors dans une série d’acquisitions.
En 1970, Bombardier acquiert l’entreprise autrichienne Lohnerwerke qui fabrique les moteurs Rotax pour propulser les Ski-Doo. Dans la foulée, elle achète aussi ses concurrentes. La crise pétrolière de 1973 marquera le début du déclin du fabricant québécois de motoneige. Pour tenter de redresser la barre, la stratégie de Laurent Baudouin est la diversification. Dans le transport par rail à partir de 1974, et dans l’aéronautique en 1986.
Toutes ces acquisitions, et elles sont nombreuses et variées, sont recensées par Daniel Bordeleau. Concernant plus particulièrement l’aéronautique, la première porte sur Canadair en 1986. Le constructeur canadien produit alors l’avion d’affaires Challenger 600 et l’amphibie C-215. Puis, il y aura le sous-traitant irlandais Short implanté à Belfast, en 1989, Learjet en 1990 et De Havilland en 1992.
Aujourd’hui, Bombardier s’est recentré sur l’aviation d’affaires et se concentre sur deux familles d’avions : Challenger dans la catégorie « Super Mid-Size » et Global dans la catégorie « Long Range« . Exit Learjet, exit Canadair, exit le ferroviaire… Et la partie n’est pas encore gagnée…
Le journaliste économique Daniel Bordeleau identifie « cinq erreurs majeures » commises par l’équipe dirigeante pour explique la chute du géant Bombardier.
« La première de ces erreurs est d’avoir laissé la division Transport s’enliser dans de très coûteux problèmes de contrôle de qualité. La deuxième réside, dans le cas de la C Series, à avoir privilégié des avions trop petits pour répondre aux besoins du marché. La troisième est d’en avoir laissé exploser le budget de développement. La quatrième est l’élaboration à grands frais d’un nouvel avion d’affairesEn octobre 2007, Bombardier a lancé le Learjet NXT qui deviendra Learjet 85 et dont le développement coutera 2,6 milliards de dollars US à Bombardier. Le programme sera arrêté en octobre 2015 alors que le deuxième prototype était prêt à être mis envoldont le marché n’a pas voulu, simultanément avec la mise au point de la gamme C Series. La cinquième erreur, enfin, concerne le rôle du conseil d’administration qui a permis à la famille Bombardier-Beaudoin de persister dans des stratégies inappropriées.«
Ce livre est passionnant. Le travail de Daniel Bordeleau est méticuleux. La partie consacrée au programme C Series d’avions régionales et son rachat par Airbus est édifiante. « Le 14 juillet 2008, lorsque la direction de Bombardier annonce officiellement le lancement des avions C Series au salon aéronautique de Farnborough, elle ne paraît avoir qu’une idée très approximative de ce qui l’attend. Elle semble même croire que l’Américaine Boeing et l’Européenne Airbus vont laisser Bombardier brasser des affaires sans tenter sérieusement de la contrer« .
La suite dans « Bombardier : la chute d’un géant ».
Gil Roy
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