Les sept L-39 de la Breitling Jet Team dirigée par Jacques Bothelin ont laissé dans nos mémoires un souvenir que ravive ce livre signé du leader. © Apache Aviation
Cette patrouille c’est évidemment la Breitling Jet Team qui entre 2003 et 2019 a fait jeu égal avec les plus prestigieuses patrouilles acrobatiques militaires. Jacques Bothelin, son créateur et leader, a rassemblé ses « carnets de voltiges autour d’un monde » dans un livre de souvenirs partagés.
Ce livre est une bouffée de nostalgie. Parce qu’il fait remonter à la surface des émotions fortes que beaucoup d’entre nous ont ressenties en meeting. Peut-être aussi parce que ce qu’il raconte appartient définitivement au passé. Au moment où même des pays mettent en sommeil les patrouilles acrobatiques militaires qui faisaient leur fierté et que toutes les armées du monde occidental se posent des questions sur l’intérêt de continuer à entretenir ce qui est dénoncé par certains comme un anachronisme, il paraît bien improbable qu’une marque ose aller à contrecourant. Et pourtant, on l’a encore vu pendant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, n’en déplaise aux rabat-joie, quand la Patrouille de France paraît, l’émotion déborde.
Ce n’est pas parce qu’il est devenu inenvisageable aujourd’hui de relancer une patrouille aérienne acrobatique privée, même modeste, qu’il était imaginable, par le passé, de s’élever au niveau des plus prestigieuses patrouilles militaires européennes ou américaines, avec des moyens privés. Seul Jacques Bothelin y est parvenu et il lui a fallu une détermination hors du commun.
Avant la Breitling Jet Team, il y a d’abord eu la patrouille Apache avec deux Cap 10 (1980), puis trois (1981). Puis la Patrouille Martini Racing avec trois SF260 (à partir de 1982), pendant neuf ans, puis la patrouille Ecco avec 3 PC-7 verts qui deviendront quatre et rouges quand Ecco fusionnera avec Adia pour faire Adecco (1997).
Chaque enchaînement a démontré la capacité de Jacques Bothelin à refuser la fatalité pour surmonter les obstacles. Et pourtant quand Adecco a décidé d’arrêter, on ne donnait pas cher de ses chances de rebondir. Et c’est pourtant à ce moment, qu’est née l’idée d’une patrouille de jets. Un projet qui a failli tourner court…
Et puis il y a eu la rencontre avec le propriétaire de la marque Breitling qui au fil de la négociation avec Jacques Bothelin a décidé de faire de la patrouille son vecteur de communication mondiale. Ce fut un changement radical de statut et de fonctionnement pour le leader et ses équipiers. Après une tournée au Moyen Orient en 2011, en guise d’échauffement, les sept L39 noirs et gris soulignés de jaune mettent le cap sur l’Asie pour une tournée de deux ans, via la Russie.
Breitling enverra ensuite sa patrouille aux USA, où elle tournera pendant deux ans. S’enchaineront ensuite trois saisons en Europe jusqu’à ce que l’horloger suisse mette fin au partenariat, à l’issue de la saison 2019. Sa dernière présentation publique aura lieu au meeting de Cervolix, à Issoire. Le point final après près de 40 années d’une aventure extraordinaire, au cours desquelles, la Breitling Jet Team a volé avec les plus grands.
Le professionnalisme de Jacques Bothelin et de ses équipiers n’avait d’égal que celui des patrouilles militaires avec lesquelles il a multiplié les présentations dans le monde entier. Preuve de la reconnaissance de ses pairs, à l’occasion des 50 ans des Red Arrows, en 2014 à l’International Air Tatoo, Jacques a été invité à leader le box des leaders des patrouilles invitées, en formation avec les Red Arrows : Il avait dans ses ailes les leaders de la PAF et des Frecce Tricolori, et derrière lui celui de la patrouille suisse. Lui le seul civil de la bande…
On redécouvre avec plaisir les photos d’Alain Ernoult et de Katsuhiko Tokunaga qui illustrent le récit de Jacques Bothelin. La présentation est parfaitement réglée, comme toujours avec Jacques. Cette aventure fut d’abord humaine et cet aspect est effleuré. Certes, le leader rend hommage à ses équipiers tous anciens pilotes de chasse dont une demi-douzaine étaient passés par la Patrouille de France. Il salue de dévouement total de ses mécaniciens. Mais, on ne peut qu’encourager Jacques Bothelin qui démontre ici ses qualités d’auteur, à nous en dire plus, en ouvrant les portes des coulisses de ses patrouilles successives. En attendant son prochain livre, vous prendrez beaucoup de plaisir à feuilleter celui-ci et comme nous, vous vous direz sans doute que nous avons eu beaucoup de chance de voir évoluer ces patrouilles en meeting. Merci Jacques !
2 commentaires
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Quelques (…) années après avoir volé à bord d’un Adecco, j’ai occupé la place arrière du L29C n°4 de « Ponpon » en avril 2019 au décollage de Longvic, en patrouille avec ses camarades pour un vol de 45 minutes. Grands souvenirs de perfection des gestes du pilote, de sensations et de beauté du ciel. L’abandon de la patrouille par le nouveau manager de l’horloger suisse obscurcissait hélas l’horizon de cette superbe journée, et je décidai de ne jamais porter une Breitling écolos-compatible. Hommage à Jacques Bothelin et tous ceux qui ont piloté avec lui. Ils ont magnifiquement oeuvré pour le spectacle aérien et son grand public!
Bonjour à tous,
Jacques Bothelin, également l’un des membres fondateurs de l’European Airshow Council (EAC) et de France Spectacle Aérien (FSA), a décidé d’abandonner à FSA les droits d’auteur de ce magnifique livre, afin d’aider au soutien et au renforcement des besoins financiers et humains de l’association, qui, je le rappelle, fait partie des quatre structures mondiales à traiter de la problématique des meetings aériens (ICAS-EAC-BADA-FSA).
Un immense merci à Jacques !