Célestin Pégoud, roi de l’air, premier as

Si la vie d’Adolphe-Célestin Pégoud fut courte, sa contribution à l’essor de l’aviation est indéniable. C’est ce que démontrent Pascal Bouchain, Huguette Pierremont et Claude Thollon-Pommerol dans le numéro 5 de la publication « papier » trimestrielle des Cahiers des as oubliés 14-18, consacré à l’inventeur de la voltige aérienne qui fut aussi le premier As de la Grande Guerre.

Le numéro 5 de la publication « papier » trimestrielle des Cahiers des as oubliés 14-18 – rappelons-le, un « produit dérivé » du site Internet du même nom qui valorise les exploits des aviateurs durant la Grande Guerre – est en décalage par rapport aux précédents. En effet, ceux-ci étaient consacrés à des événements d’importance intimement liés à la guerre aérienne qui allait suivre (les manœuvres, la Concours d’aviation militaire de Reims 1911, la souscription nationale de 1912) visant à « donner des aéroplanes à la France », puis aux premières opérations du conflit, sorte de trame chronologique linéaire. Cette fois, il n’en est rien, puisqu’il s’agit d’une biographie d’un pionnier de l’aviation au nom célèbre, synonyme de voltige aérienne, Pégoud. Plus connu sous le prénom d’Adolphe, les auteurs, Pascal Bouchain, Huguette Pierremont et Claude Thollon-Pommerol ont choisi un autre de ses prénoms, apparemment le préféré de ses parents, Célestin. Peu importe, le personnage fut d’importance !

Un mot sur les auteurs de cette plaquette de 72 pages au format 21 x 29,7. Le premier poursuit d’actives recherches historiques sur l’homme volant depuis 30 ans. Il est l’auteur d’une exposition retraçant la vie de Pégoud, qui fut révélée lors du Carrefour de l’Air, au musée de l’Air et de l’Espace du Bourget en avril dernier. Lors des journées du patrimoine, elle était présentée au rez-de-chaussée du manoir du domaine de la Geneste, sur le lieu même de son saut en parachute de 1913. Huguette Pierremont est l’arrière petite nièce de Pégoud et elle entretient sa mémoire sur son lieu de naissance dans l’Isère, Monferrat. Enfin Claude Thollon-Pommerol est l’habituel pilote de la collection des Cahiers des as oubliés 14-18, universitaire qui s’est spécialisé dans le côté militaire des débuts de l’aviation.

La conjonction de ces trois compétences donne une biographie – qui, déjà, est mieux mise en page que les opus précédents, on retrouve plus facilement une certaine hiérarchie dans le texte – donne un biographie, donc, fouillée et documentée, notamment sur la carrière aéronautique (brève, deux ans, puisque Pégoud reçut une balle en plein cœur à bord de son Nieuport en 1915).

Pégoud, c’est celui qui le premier, évacua un avion en vol à l’aide d’un parachute. Il voyait cela comme une expérience pouvant améliorer la sécurité des vols. Pégoud, c’est aussi celui qui le premier « vola la tête en bas ». Et s’il n’est pas le premier à avoir bouclé la boucle, on disait, tourné « le looping the loop » (nom d’une attraction foraine) à l’époque, devancé de quelques jours par le Russe Nesterov (qui se retrouva en prison pour cette excentricité), il l’avait annoncé, préparé, calibré. Ces prouesses furent à l’origine de sa gloire, de ses tournées dans toute l’Europe, et de celle qu’il préparait pour les Etats-Unis si la Première Guerre mondiale ne s’était pas déclenchée…

Sa vie, on l’a dit, fut courte, mais cette publication la raconte par le menu, et à ce titre, elle rend un hommage mérité à un pionnier, relayant les précédentes biographies quelque peu maladroites aux oubliettes de l’Histoire !

Jean Molveau