Publicité
Culture Aéro

« De là-haut, je regarde les hommes »

Published by
Frédéric Marsaly

Dans son Lightning en perdition, à quelques instants de l’impact fatal, l’âme de l’aviateur se sépare de son écorce charnelle. C’est le moment où une vie défile, mais les flashback ne portent que sur un passé assez récent, dominé par la guerre où le pilote se trouve écartelé entre l’action et la contemplation, l’émerveillement et l’horreur, qui, à 10 000 mètres d’altitude, ne voyais plus les hommes, mais l’humanité. C’est le thème d’une nouvelle pièce de théâtre pensée par Laure Definod et finalement écrite à quatre mains avec un certain Antoine de Saint-Exupéry.

Laure Definod, devenue metteuse en scène et actrice, a un lien particulier avec l’aviation puisqu’elle est aussi pilote de ligne. L’appel des feux de la rampe n’a donc pas totalement supplanté celui des feux de la rampe d’approche. Elle a donc aussi un lien particulier avec l’auteur le plus emblématique qu’est Saint-Ex.

L’œuvre qui est présentée au Théâtre Douze, dans le XIIe arrondissement, est atypique et particulière. Le texte, joué par quatre acteurs (Gauthier Battoue, Fabian Hellou, Raphaël Mathon et Marc Schapira) pour six personnages, est constitué d’extraits d’ouvrages d’Antoine de Saint-Exupéry (essentiellement Pilote de Guerre et Vol de Nuit ainsi que différents courriers qu’on peut retrouver notamment dans « Écrits de Guerre ») qui éclairent la trajectoire et la pensée de l’aviateur confronté aux affres du conflit, de la solitude, de la polémique et du devoir. C’est un portrait un peu (trop ?) sombre de l’écrivain qui ressort de cette représentation courte (un peu plus de 45 minutes), à la mise en scène astucieuse et très contemporaine.

Elle fait parler Saint-Ex loin des extraits ressassés à l’excès, offrant un autre point de vue sur l’humaniste qu’il était et sa fascination du vol, ce qu’il pouvait aussi découvrir du monde, ou de lui-même, dans ses périlleuses missions à 10 000 mètres d’altitude et des raisons qui l’ont entraîné à reprendre le combat alors que rien ne l’y obligeait.

On en sort un peu dérouté, surtout par une fin assez abrupte, mais n’est-ce pas, là aussi, une forme d’allégorie de la trajectoire interrompue de l’aviateur ?

Frédéric Marsaly

« De là-haut, je regarde les hommes »
Théâtre 12, 6 rue avenue Maurice Ravel – 75012 Paris.
du 17 au 27 novembre 2022, du jeudi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30.

Informations complémentaires sur le site : Théâtre Douze


Publicité
Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

Share
Published by
Frédéric Marsaly

Recent Posts

REX – Avgas versus Jet A-1

Le 14 octobre 2023 à 17h, un bimoteur Piper PA-31-350 exploité par la société SkyCare… Read More

29 mars 2025

La modification bombardier d’eau de l’A400M fait l’objet d’un intérêt de la DGSCGC

En ouverture du congrès AFF qui s'est tenu à Bordeaux les 26 et 27 mars… Read More

28 mars 2025

1.000 vols pour la flotte d’essais du Beechcraft Denali

Après le retard de la certification du moteur Catalyst du Beechcraft Denali, Textron Aviation peut… Read More

28 mars 2025

Aviation générale : La Suisse s’aligne sur l’Union Européenne

La Suisse assouplit les prescriptions en matière de certification, de production et d’entretien applicables à… Read More

28 mars 2025

Ascendance rejoint la Gama

La start-up française qui développe le système de propulsion hybride-électrique Sterna et l'eVTOL Atea, fait… Read More

28 mars 2025

Airbus présente le drone LOAD pour la lutte anti-drones

La lutte contre les drones est une priorité dans tous les scénarios militaires. Airbus a… Read More

28 mars 2025
Publicité

This website uses cookies.