Jean Dabos s’est éteint mercredi 19 septembre 2012, en début de soirée à l’hôpital de l’Isle sur la Sorgue à l’âge de 89 ans. Il a rejoint Henri Perrier, Jean Sarrail, Jacques Noetinger, ses compagnons récemment disparus.
De l’hélicoptère Djinn au supersonique Concorde en passant par la magique Caravelle, Jean Dabos effectua une carrière de pilote d’essais comme seules les années cinquante et soixante ont peu en offrir à des hommes audacieux. De l’audace, ce gersois, né à Condom, le 5 juin 1923, n’en a jamais manqué.
Engagé à 18 ans dans les Forces Aériennes Françaises Libres, il rejoint le général de Gaulle en Angleterre, et suit les cours de pilotage sur Tiger Moth tout d’abord, puis sur NA T6 Harvard avant d’obtenir son brevet de pilote de chasse en 1943. Il rejoint alors le Squadron de la RAF 341 « Groupe de chasse 3/2 Alsace » et c’est sur Spitfire qu’il termine le conflit avec, à moins de 22 ans, une victoire à son actif sur un Messerchmitt BF 109, abattu au dessus de la Hollande.
Breveté pilote de ligne à la libération, il intègre Air France et effectue plus de 2000 h de vol au sein de la compagnie nationale. Constructeur amateur lorsqu’il ne vole pas, il construira un Roitelet (monoplace de 25 cv) et une bimoteur de tourisme, le JD 24 P avec lequel il traversera la Manche en « monomoteur ».
C’est à ce moment que sa seconde vocation s’affirme… il deviendra pilote d’essais où il participera, au sein de la SNCASO (Ex SNIAS – AEROSPATIALE) au développement des futurs chasseurs de l’Armée de l’Air. Il effectuera notamment de nombreux vols de mise au point des moteurs sur le prototype de l’Espadon et du Vautour, avec lequel il réalisera les premiers essais de ravitaillement en vol. Il participera également aux essais des premiers sièges éjectables puis à la mise au point de l’hélicoptère Djinn (qui équipera en grand nombre l’ALAT) dont il effectuera le 1er vol en 1953. C’est avec un Djinn qu’il se posera sur le sommet de la Jungfrau à 4100 m d’altitude et qu’il établira 4 ans plus tard, le record du monde en volant jusqu’à épuisement du carburant, en atteignant 8492 m.
Nombre d’anecdotes plus ou moins tragiques marqueront cette tranche de vie qui s’achèvera avec le programme d’essais du Farfadet, une drôle de machine à mi chemin entre un hélicoptère (décollage vertical) et un avion avec laquelle il a approché le record de vitesse détenu par une voilure tournante (300 km/h à l’époque) avant que les 2 turbines ne s’arrêtent simultanément.
La suite de sa carrière sera plus sereine mais non moins prestigieuse. Affecté à Toulouse, à Sud Aviation, il sera l’ambassadeur dans le monde entier de la Caravelle pour faire découvrir les fantastiques qualités de ce moyen courrier à la formule révolutionnaire et s’investira dans la formation des équipages ; il en assumera la responsabilité de la formation des 12 compagnies utilisant la machine.
Enfin, il fera, dès 1969 partie de l’équipe d’essai du Concorde et c’est sur le prototype F-WSST que le 30 juin 1973, avec André Turcat, chef pilote, il effectuera le vol de suivi de l’éclipse solaire entre Las Palmas et Fort lamy.
Après de nombreux vols sur le nouvel Airbus, atteint par la limite d’âge du personnel naviguant d’essais, il participera à la création d’Aéroformation et dirigera ensuite la formation initiale des futurs pilotes de Concorde et d’Airbus pour Air France et Lufthansa.
A la retraite depuis 1974, il partagera son temps entre son voilier et la formation de jeunes pilotes en aéroclub pour lesquels il organisera des stages à Pont St Esprit et Avignon. Il accumulera aussi plus de 400 h de planeur et plusieurs dizaines de sauts en parachute. Son activité bénévole, unanimement appréciée le fera désigner comme parrain de la promotion « Futuravia » des jeunes élèves Vauclusiens se destinant aux carrières aéronautiques. Très engagé auprès des jeunes en difficulté, il participera à 2 reprises au Tour de France « Rèves de gosses » avec l’association Les Chevaliers du Ciel.
Avec plus de 11 000 h de vol, 144 missions de guerre, 127 types d’avions différents inscrits sur son carnet de vol, c’est un témoin d’une des plus belles pages de l’histoire de l’aéronautique française qui vient de s’en aller.
Philippe Chetail
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Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
Un Héros qui a compté pour moi
J'ai eu la chance de le fréquenter dès mon plus jeune âge et il m'a donné la passion de l'aviation, de la vie à dévorer à pleines dents et le goût des autres .
Avec lui, on se sentait pleins d'énergie, de bonheur et de confiance.
Personne très importante dans ma vie, il est toujours dans mon coeur.
Merci pour tout Jean! ... En espérant te retrouver là-haut
Sylvie
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
Bon vol vers les étoiles!!
J'étais tout gamin, lorsque vous me preniez sur vos genoux
, dans le restaurant de mes parents "Le Cheval Blanc" où vous aimiez vous réfugier pour fêter avec vos amis un premier vol, un record ou tout simplement passer un bon moment entre copains.
Kénavo Monsieur Dabos.
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
je rend Hommage à la légende de l'aviation qui m'a formé sur jodel D112 à l'aéroclub spiripontain .
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
Il avait terminé la construction et le montage de son bimoteur dans mon hangar de Lasbordes et procédé aux essais depuis ce terrain dans les années 60. Je me souviens qu'il était équipé de deux moteurs Potez avec des hélices à pas fixe. Je n'ai malheureusement pas fait de photo.
Un grand monsieur avec beaucoup d'humour.
Jacques Hémet
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
Personnage hors du commun comme l'atteste sa biographie.
"Difficile à cerner" ai-je pu lire sur un blog.. C'est bien possible mais o combien attachant!
Je me souviens d'un vol en sa compagnie sur son JD24, bimoteur qu'il avait entièrement conçu lui-même, il m'avait passé les commandes en plein ciel alors que je n'avais jamais piloté d'avion!
Ce 25 septembre le curé de Condom a parlé de défense de la patrie et d'armée pour évoquer le passé militaire de Jean Dabos.. J'aurais aimé qu'il mentionne simplement la défense de la "liberté".
Car, en 1941, c'était bien ce dont il s'agissait par dessus tout..
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
J ai eu la chance et l honneur, de faire partie de sa super
Equipe, (c est comme cela qu ils nous appelaient ) pendant presque 2 ans
Moi je lui disais qu on était ses drôles de dames et cela le faisait rire.
Il nous laisse un grand vide , beaucoup de peine de ne plus le voir tout les jours, et de l entende nous raconter tout un pan de l histoire , ses anecdotes sur l aviation , ses plaisanteries.
Il nous manque déjà beaucoup et je pense à Claude , sa femmme, et sommes de tout cœur avec elle .
Bon vol M Dabos
Agnès , une de ses infirmières
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
Merci Jean de nous laisser une vie aéronautique si riche et exemplaire à contempler.
Ta participation à "Rêves de Gosse" restera un merveilleux souvenir d'humilité, de générosité et de joie de vivre partagée.
G. Maloux de la famille "Rêves de gosse"
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
Notre passion nous unie, un membre de notre famille s'en va...Bon vol.
Rodrigue
Chevalier du Ciel de "rêves de gosse"
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
C'était un sacré bonhomme. Tout ce qui volait passait dans ses mains. Le Djinn fut
une de ses plus belles réussites. A dieu JEAN et Grand merci
Décès de Jean Dabos, pilote d’essais.
@SpliNTer : Jean Dabos était instructeur à l'Aéroclub Spiripontain et y formait ses élèves notamment en Jodel D112. Ce club a été récemment déplacé à Uzès suite à la fermeture du terrain de Pont-Saint-Esprit.
Paix à lui, je l'ai beaucoup apprécié tant en vol qu'au sol. Michel