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Edouard Chemel, la passion au plus haut du ciel avec Concorde

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Olivier Constant

Auteur de plusieurs ouvrages dont la remarquable Encyclopédie de l’Aviation, Edouard Chemel vient de publier un nouveau livre sur « Concorde mon amour« . Cet ouvrage captivant nous embarque dans les coulisses de cet avion mythique. Mais souvent son ancien commandant de bord lui vole la vedette tant son parcours a été atypique. Ces deux là étaient faits pour se rencontrer.


Pour avoir rencontré Edouard Chemel lors d’un Salon du Livre à Metz, je me disais bien que cet homme à l’humanité chevillée au corps avait mille histoires passionnantes à raconter. Une partie de celles-ci sont regroupées dans ce livre hommage à Concorde qui se lit d’un seul trait.
Tout commence en Auvergne où le jeune auvergnat attrape le virus de l’aviation. Puis, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, ce pur autodidacte entama une formation de télégraphiste qui lui fut bien utile par la suite.

Déjà, quand les Constellation d’Air France survolaient le centre de tri postal de la Gare de l’Est où il travaillait pour payer ses études, il prenait à témoin ses collègues en leur disant : « Vous voyez cet avion ? Eh bien, un jour je serai dedans, et au poste de pilotage ». Le grand jour arriva le 14 décembre 1948, date à laquelle il fut embauché à Air France comme radiotélégraphiste de 1° classe. « Je suis tombé d’un seul coup dans une famille parce qu’Air France était vraiment une famille. A cette époque, tu rencontrais des gens qui n’avaient qu’une préoccupation en tête : comment peut-on l’aider ? Pour moi, c’était difficilement croyable ».

Au hasard, des rencontres comme celle le mettant en relation avec un ancien de l’escadrille du Normandie Niemen, Edouard Chemel put ainsi gravir une à une les marches devant le conduire au Graal suprême, à savoir commandant de bord des Concorde présidentiels. Mais il a fallu, au préalable, en accumuler des heures de vol – plus de 22 000 heures au total dont 1 400 en supersonique – avant de parvenir à ce but ultime. Et l’on retrouve ainsi, au fil du récit, des anecdotes plus savoureuses les unes que les autres. Comme celle qui lui permit, un jour, d’embarquer à bord de l’un des fameux hydravions géants Laté 631 encore utilisés en Afrique. Toute cette expérience acquise au manche d’avions délicats à piloter comme le Douglas DC 3 ou le Constellation lui servit, par la suite, pour monter sur des machines toujours plus modernes comme la Caravelle ou le Boeing 707. Auparavant, il dut cependant quitter à regret le Starliner pour devenir commandant de bord sur… Douglas DC 4.

Après tant d’années passées en poste, Edouard Chemel toucha finalement au but le 5 novembre 1983. C’est à cette date, en effet, qu’il effectua son premier vol à vide sur Concorde entre Roissy et Montpellier. Le meilleur restait encore à venir. Non seulement, il avait atteint son objectif de devenir commandant de bord sur le plus rapide des avions commerciaux mais il fut également choisi pour piloter les Concorde présidentiels. Et là, l’ouvrage prend une nouvelle saveur… s’il en était besoin encore car il nous permet de pénétrer dans les coulisses des voyages présidentiels effectués avec le bel oiseau blanc. C’était alors plus que de l’horlogerie suisse. Aucun impondérable ne devait survenir pour ne pas perturber le bon déroulement des déplacements présidentiels. Quand bien même il y avait du retard, celui-ci était rattrapé en vol. Ce fut d’ailleurs au cours d’un vol entre Paris et Téhéran que Concorde atteignit sa plus grande vitesse le 4 octobre 1976. A Mach 2,12, le Président Valéry Giscard d’Estaing était ainsi devenu le Président le plus rapide du Monde.

Le parcours d’Edouard Chemel, un auvergnat qui comme bien d’autres était monté à la capitale pour réussir, n’aurait pu être possible sans les qualités humaines qu’il démontra tout au long de sa carrière. Cela lui permit de faire des rencontres pour le moins étonnantes comme celle d’Anna Reitsch, la célèbre aviatrice allemande. Le Président Mobutu qui affrétait régulièrement Concorde pour se rendre à des déplacements officiels aux quatre coins de la planète avait pris en estime Edouard Chemel jusqu’à aller le chercher à l’aéroport avec sa voiture personnelle ! C’est ce même Maréchal qui lui permit de se poser pour la première fois à Hong-Kong, l’arrivée du supersonique franco-britannique provoquant, comme à l’accoutumée, un mouvement de curiosité considérable de la part de la population. S’adressant au Président zaïrois assis juste derrière lui, Edouard Chemel dit alors : « Vous voyez, nous sommes à l’heure et nous avons sorti votre drapeau« . Il lui répondit : « Oui, mais tu l’as mis à l’envers !« .

Edouard Chemel dont les deux enfants sont devenus commandants de bord à leur tour mais sur Airbus A380 a donc écrit un magnifique ouvrage. Mais il lui reste une mission à accomplir, celle de nous raconter par le menu ses années passées comme copilote sur Constellation, Super Constellation et Starliner. Avant qu’il ne soit détrôné par Concorde, le Constellation n’était il pas considéré comme le plus bel avion de ligne ? Nous l’en remercions bien sincèrement par avance.

Olivier Constant

Edouard Chemel et Jacques Chirac
Edouard Chemel, commandant de bord des Concordes présidentiels

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Olivier Constant

View Comments

  • Edouard Chemel, la passion au plus haut du ciel avec Concorde
    CONCORDE MON AMOUR!!!!! il mérite ce titre surtout venant d'EDOUARD CHEMEL
    un super aéronef qui à ouvert la grande porte de technologie pour le 21émes siécles!!!!

  • Edouard Chemel, la passion au plus haut du ciel avec Concorde
    Parmi les qualités humaines que vous évoquez il ne faut pas passer sous silence l'humilité dont fait preuve "Doudou" (son surnom de "guerre") malgré sa grande expérience. Ce petit bonhomme est un grand Monsieur de l'Aviation du 20ème siècle, à bien des égards.

  • Edouard Chemel, la passion au plus haut du ciel avec Concorde
    Très bel article qui donne envie de lire l'histoire de ce grand homme.
    Juste une petite précision sur la phrase : "Comme celle qui lui permit, un jour, d’embarquer à bord de l’un des fameux hydravions géants Laté 631 encore utilisés en Afrique"
    Cela prête à confusion et peut faire croire que les "Latécoère 631" volent encore !

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