En 2019, la mission de police du ciel de l'armée de l'Air a détecté 450 situations anormales et effectué 210 interventions des avions de chasse et hélicoptères. © Airborne Films
Deux Rafale en entraînement près de Mont-de-Marsan qui interceptent un Kodiak 100 simulant une panne de radio, c’est presque la routine pour la police du ciel. Mais lorsque la caméra de dernière génération d’Eric Magnan s’invite dans la partie, il en ressort un film de quatre minutes aux images spectaculaires.Peu avant le confinement du mois de mars 2020, Eric Magnan et son équipe d’Airborne Films finalisaient avec Daher la mise au point d’un « TBM caméra ». La technique avait déjà été testée lors du tournage d’un film commandé par Air France, qui souhaitait mettre son 787 en valeur. Un TBM 900 d’essais avait alors servi pour la prise de vues.
Cette fois, c’est un TBM 940 de série qui a été modifié pour offrir un outil pérenne, certifié. « Sous l’aile droite du TBM, on a monté un Shotover F1 gyrostabilisé qui accueille une caméra Red tournant en 8K et dotée d’une focale 25-250 Angénieux Optimo » s’enthousiasme Eric Magnan qui poursuit : » La haute vitesse, la haute définition de la caméra et la longue focale de l’objectif nous permettent des prise de vues fabuleuses tout en tournant autour des avions ! Si j’avais eu ce système pour les Chevaliers du Ciel, on aurait fait des choses plus délirantes encore ! »
« Les vols sont courts, le timing est très précis, il faut donc préparer les vols de manière très rigoureuses. Je travaille toujours en amont sur un logiciel 3D qui me permet de visualiser les avions sous leurs meilleurs angles. Je fais ensuite un storyboard technique incluant les avions modélisés et les angles des caméras, les focales, la lumière… Une fois installé à bord du TBM, je suis comme un chef d’orchestre, je donne des instructions à mon directeur de la photographie qui opère le système, et aux pilotes pour l’exécution des plans ».
Le TBM et sa caméra sont mis en œuvre pour le tournage d’un film pour l’armée de l’Air. Lors d’un entraînement dans le cadre de leur mission de police du ciel, deux Rafale interceptent un Kodiak 100, qui simule une panne radio, pour le ramener à bon port. « Juste avant de rejoindre les Rafale, nous sommes allés tourner quelques plans au-dessus des Pyrénées avec le Kodiak. En vol, on a eu 30 minutes de playtime avec les deux Rafale, en l’air cela passe vite ».
Le TBM rejoint les deux avions de chasse sur un point défini lors du briefing, près de la base de Mont-de-Marsan et vont ensemble intercepter le Kodiak pour l’aider dans sa panne de radio simulée. « Depuis les Chevaliers du Ciel, j’ai souvent eu l’occasion de filmer des avions de chasse, mais c’est la première fois avec un système aussi performant.
La caméra gyrostabilsée évoluant à 360° associée à l’avion, qui vole à plus de 200 Kts, ouvre des possibilités de prise de vues pour des tournages dans cette région du monde.» s’enthousiasme encore Eric Magnan.
« Le plan que j’ai adoré tourner dans ce film de quatre minutes est cette longue finale d’un des deux Rafales qui rentre à la base après sa mission : On tourne autour de lui avec la caméra, tout en restant en formation très serrée jusqu’au posé et je le garde dans le cadre jusqu’à ce qu’il s’immobilise. L’image est tellement stable que l’on a l’impression de faire ça avec une grue ».
Plutôt que de regarder le passé, Eric Magnan préfère de loin regarder l’avenir et les nouvelles promesses offertes par cet outil qui révolutionne sa perception : « Cette caméra sous l’aile du TBM et le film réalisé pour l’armée de l’Air me donnent des tonnes d’idées pour montrer les avions comme on ne les a encore jamais vus! Airborne Films est d’ailleurs en discussions pour utiliser cet outil dans plusieurs projets américains en Europe. »
Fabrice Morlon
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Faire décoller un rafale pour intercepter un DR400 ou un kodiak... uniquement en entraînement, et s'en vanter comme d'une action vitale pour le pays. Quelle bêtise.
Je me souviens d'une situation encore plus cocasse. Un avion léger ayant par erreur transponder un code genre 7500, et un hélico décollant de Saint Dizier pour aller intercepter. L'hélico étant environ 50Nm derrière et ayant peu ou prou la même vitesse que le petit coucou, l'interception n'a jamais eu lieu, l'hélico après une petite demi heure de poursuite futile ayant choisi de revenir à sa base.