Où l’on découvre que l’Aéro-Club de France est aussi très actif auprès des plus jeunes. La vénérable institution possède une structure qui tout au long de l’année scolaire et durant les vacances proposent des animations pour les enfants et les adolescents.
Entretien avec Annie Carteron, présidente de Jonathan Club
Quelle est la vocation de Jonathan Club ?
Jonathan Club, association loi 1901, a pour objectif, depuis plus de 20 ans maintenant, de développer et promouvoir les sports, les loisirs et les métiers de l’air et de l’espace, notamment auprès des jeunes générations âgées de 3 à 17 ans. Son slogan est «Parce que le ciel est à tout le monde». En effet, la troisième dimension est un espace de liberté à découvrir.
Dans quelles circonstances l’association s’est elle créée et à quelle date ?
Créée en 1981 par Gérard Feldzer, épaulé par une bande de copains essentiellement pilotes (Roland Collion, Francis Plessier, Nicolas Chabbert, Pierre Duval…) qui organisaient des meetings aériens un peu fous (Paris Air Trophées, Paris Air Folies…), l’association Jonathan a pris un tournant éducatif en 1993 et est devenue Jonathan Club. Cette « refondation » par une équipe de passionnés, enseignants et professionnels de l’aviation, a apporté une transformation totale de l’association. Jonathan Club constitue désormais l’essentiel de l’activité de la commission Jeunes de l’Aéro-Club de France. Son siège social est ainsi au 6, rue Galilée. L’association utilise un hangar sur l’aérodrome de La Ferté-Alais pour certaines de ses activités.
Quelles sont vos activités actuelles ?
Tout au long de l’année, l’association Jonathan Club propose à des écoles, des collèges, des collectivités territoriales, des accueils de loisirs, des comités d’entreprise, et pour certaines d’entre-elles à des individuels et des familles, des animations variées de découverte de l’aéronautique et de l’astronautique. Ces interventions peuvent rentrer dans le cadre scolaire ou de loisirs.
L’association emploie 4 personnes à plein temps : une directrice, une secrétaire/coordinatrice et deux animateurs. Une dizaine d’animateurs vacataires (généralement des étudiants) renforcent les permanents pour les ateliers péri-scolaires. L’été, pour les séjours, l’effectif grimpe à plus d’une trentaine de personnes, principalement des animateurs à raison d’un animateur pour 6 à 8 enfants en moyenne.
La journée type à La Ferté-Alais comprend un briefing sur l’aérodrome et le programme de la journée, la construction de divers objets volants (cerf-volant, micro-fusée, fusée à eau, parachute, montgolfière, avion en dépron, etc.), le vol des engins construits, la visite du musée volant Salis, un tour de « space-training » et un vol en avion léger avec un jeu de rôle à bord (préparation préalable pour jouer les rôles de copilote, navigateur, radio). Le vol est assuré par un pilote professionnel. Il s’agit de découvrir la troisième dimension et les principes de la navigation lors d’un tour de piste.
Les séjours d’été, sur 6 à 12 jours, comprennent de multiples constructions d’engins volants, des séances de voile sur un lac, la préparation d’une « nav » pour les vols en avion léger. Les 6/11 ans feront trois vols locaux de 20 mn environ en changeant de rôle à chaque fois (copilote, navigateur, radio). Les 12/14 ans effectuent une itinérance aérienne (via le golfe du Morbihan et le survol de la Vilaine) avec deux escales et un bivouac à la ferme. Tous deviennent ainsi « aviateur, le temps des vacances ».
Où géographiquement se déroulent vos actions ?
Les activités se déroulent essentiellement en région parisienne durant l’année scolaire et en Bretagne, dans le Morbihan, pour les séjours de vacances d’été.
Quelle est votre base sociale ?
Les participants sont adhérents pour un an à l’association, soit individuellement (environ 300 personnes), soit via l’adhésion de collectivités (une dizaine par an) dont ils font partie, ce qui représente environ 2.000 enfants par an qui bénéficient de nos animations. Celles-ci se déroulent sur des temps allant de 1 à 15 jours selon les activités.
Jonathan Club est ouverte à tous les jeunes sans restriction de milieu social, culturel ou de niveau scolaire. Notre public se situe actuellement majoritairement dans la tranche d’âge de la maternelle au collège mais certaines de nos activités sont plus ciblées. Par exemple, les séjours d’été s’adressent aux enfants de 6 à 14 ans, les classes scientifiques sont adaptables de la maternelle au collège, la Fête de la Science (organisée depuis deux ans en octobre à La Ferté-Alais) attire des familles entières.
Les donateurs sont quelques particuliers épisodiquement, et quelques organismes privés liés à l’aviation lorsqu’on organise une action phare telle que la Fête de la Science.
Comment recrutez-vous les nouveaux bénévoles ?
Les bénévoles sont malheureusement en nombre insuffisant et recrutés essentiellement par le bouche à oreille. Le recrutement des animateurs (titulaires du BAFA ou diplôme en cours) passe par un premier choix sur CV et lettre de motivation suivi d’entretiens individuels. Des journées de formation sont mises en place avant chaque séjour. Les 2 ou 3 pilotes bénévoles, notamment pour les séjours d’été, sont sélectionnés sur dossier (CPL minimum) et après contrôle en vol. Ce sont généralement des EPL venant de finir leur formation et attendant une sélection en compagnie.
Etes-vous contrôlés par le Comité de la Charte ?
Non pas directement. Les comptes de Jonathan sont validés par un expert-comptable indépendant. L’utilisation de la subvention du Conseil général de l’Essonne pour la Fête de la Science est strictement contrôlée et les dons – défiscalisables – sont reçus à travers l’Aéro-Club de France pour ses actions en faveur des jeunes (Commission jeunes/éducation dont Jonathan est la branche la plus active)
Comment se répartissent vos ressources ?
Nous ne touchons aucune subvention autre que celle, ponctuelle, du Conseil général du département (Essonne) pour l’organisation d’une « Fête de l’Air » proposée gratuitement au public lors du week-end de la Fête de la Science, chaque mois d’octobre depuis deux ans. Les ressources de l’association sont entièrement dépendantes des actions que nous menons.
Quelles évolutions avez-vous constaté depuis votre création ?
Une diminution assez générale des implications des services sociaux de municipalités dans l’organisation de vacances pour les enfants. Une réglementation de plus en plus importante à tous les niveaux.
Quelles sont les plus grandes difficultés que vous rencontrez dans vos actions ?
Une visibilité à moyen terme difficile à déterminer. La plupart des animations proposées le sont après être passées par les grilles très strictes des appels d’offres aux marchés publics – dossiers lourds et pointus, réponses aléatoires et dans des délais souvent très longs. Appels d’offres couvrant au plus 3 ou 4 ans d’activités. La pérennité d’activités n’est jamais assurée dans le temps.
Si les conditions d’exigence des municipalités sont de plus en plus pointues, nous demandant de prouver notre bonne situation financière, d’avoir réglé toutes nos cotisations, taxes, etc. les mêmes mettent ensuite parfois des mois à nous régler une prestation alors que Jonathan Club a dû faire des avances (fournisseurs pour les séjours d’été, frais de transport avec réservation SNCF des mois auparavant).
En d’autres termes, une petite association fait office de banquier avec prêt à taux zéro pour des municipalités bien heureuses de nous confier leurs enfants durant les vacances…
Quelles sont les « réussites » les plus marquantes ?
Certains « Jonathan » ont découvert le monde de l’aérien lors de nos séjours d’été et sont désormais pilotes de ligne… Jonathan Club a bien rempli son rôle de catalyseur. Certains enfants font tout pour revenir en séjour chaque été… Certains enfants nous reviennent quelques années plus tard comme… animateur !
Les commentaires élogieux des enseignants après une classe scientifique aéronautique ou une journée d’initiation à La Ferté-Alais ou ceux de parents après le retour des séjours d’été sont nos meilleurs arguments. « Que notre enfant soit rentré content d’une colonie de vacances, c’est normal… mais là, il est rentré totalement enchanté et il n’arrête pas de nous en parler depuis des mois ». Tout est dit !
En tant que présidente, quel est votre souvenir le plus fort ?
Un des souvenirs parmi les plus marquants est celui d’un petit mais merveilleux événement lors de la première classe aéro que j’avais organisée pour des enfants de cours préparatoire en fin d’année sur l’aérodrome de Bailleau. Au deuxième jour de classe, j’arrive avec le pilote au repas de midi. Les enfants, déjà à table, nous font signe de nous taire. Intrigués, on attend et en chœur les petits bouts nous crient : « Bravo, Oscar, November, Alpha Papa, Papa, Echo, Tango, India, Tango ! » Quel bonheur ! Là, je me suis dis, pas de doute, l’aéronautique est un extraordinaire support pédagogique…
Quelle dimension spécifique apporte l’aviation à votre action ?
L’aviation est donc un formidable médiateur pédagogique, pour les enfants de différents âges. On peut en effet aborder toutes les matières : français, anglais, physique, mathématique, histoire… Des enfants en difficulté scolaire nous arrivent pour un séjour d’été, sans forcément avoir vraiment choisi leur activité ni leur lieu de séjour, envoyés par les services sociaux de leur municipalité. Ils auraient peut-être préféré faire autre chose, aller à la mer… mais dès le lendemain de leur arrivée, ils ont compris l’extraordinaire chance de faire un séjour Jonathan Club, une expérience unique en France. Leur comportement change du tout au tout.
Et pour préparer son vol en avion léger, il faut aborder quelques notions de physique (pour comprendre les principes du vol) et de mathématique (pour établir le log de nav). Ce qui paraît parfois difficile à l’école devient alors un jeu quand l’objectif est de voler réellement. Et sans s’en apercevoir, l’enfant appréhende des connaissances scolaires…
C’est le principe fondamental utilisé au sein de Jonathan Club, faire découvrir aux enfants différentes notions par la pratique et par le jeu.
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bonjour à toutes et tous
j'ai oublié de " signer " mon petit commentaire
voilà qui est fait !
Effectivement quelle belle aventure ....
J'ai pu apprécier par deux fois avec des collégiens il y a quelques années les séjours pédagogiques aéronautiques de Jonathan .....nous étions basés alors sur le magnifique site d'Aspres sur Buech....je n'ai jamais oublié ces moments magiques , ces sourires passionnés et le dévouement des animateurs .....
merci à toi Gilles
je regrette beaucoup de ne pas avoir parlé de Jonathan-Club dans mon livre ...que j'avais pourtant crée !
tu as réparé! ...coup de chapeau à Annie qui tient la boutique depuis plus de 20 ans !
En effet, j'avais créé Jonathan en 81 suite à ma rencontre avec ...Richard Bach (Jonathan Livingston)...à Oshkosh ! j'y ai ajouté le slogan emprunté à une boutique de cerf volant "le ciel est à tout le monde" François Besse m'a alors suggéré d' ajouter "parce que..."
Nous étions hébergés dans les sous sols de la FNA au 52 rue galilée, une cave avec les odeurs des pots d'échappements des voitures du garage voisin. Jonathan a été créé pour faire des records en tout genre, je faisais partie de l'équipe d'ULM de mon collègue d'air france Patrick Fourticq (sponsorisé par les champagnes Mercier, et J&B!! avec Henri pescarolo et Hubert Auriol) on volait sur "Sirocco" un 2 axes qui tombait en panne toutes les 50 heures). Puis jonathan a crée sa propre équipe avec des ULM Weedhoper (avec des marins que j'ai initié au vol : les freres peyron, riguidel, JY terlain, rougerie, ) sponsorisé par les hotels IBIS dont le pdt Robert Molinari volait entre autres avec Hubert de Chevigny. Robert était un ancien commissaire du paquebot France.
En 85 (année ou j'étais dans les 10 finalistes de la sélection astronautes du CNES) nous avions eu un accident sur la plage du touquet durant le tour de france ULM avec à bord la belle Nadia notre trésoriere et notre chef pilote Jerome (ex pilote de chasse) tués sur le coup (rupture de la profondeur à 50m). Michel Barry (concepteur de l'avion), Georges Hoffman notre SG et Isabelle Gienger (notre trésoriere qui l'est tj depuis 40 ans! qui avec sa soeur jumelle volait sur un ULM rose ) ont été très affectés ainsi que le monde de l'ULM
J'ai décidé alors qu'on ne ferait plus de courses, c'est comme cela qu'est né "Paris Air Folies" à l'hippodrome de vincennes au profit d'ASF.
Francis Plessier alors le monsieur Jupiter du salon du Bourget et SG de la FFAM a accepté de me rejoindre...c'est grace à lui que toutes mes frasques aéronautiques se sont déroulés ensuite...
En 92 le pdt de l'aécf Richard Fenwick, (malgré l'opposition de son CA qui nous voyait comme des voyous gauchistes) nous a acceuilli au 6 rue galilée, (on a sacrément réactivé le bar du sous sol !!) Michel Barry notre vce pdt a inventé la Souricette, un ULM en bois et sacs poubelles (qui avec un moteur de 12cv, ne devait pas couter plus de 30 euros de l'heure) J'ai alors décidé de créer les ailes de la ville pour la faire construire par les gamins des banlieues, parallèlement avec l'argent qui nous restait des paris Air Folies , nous avons bati un hangar à la ferté alais pour héberger "jonathan club" dont la présidente, qui l'est toujours, est Annie Carteron ! ..."les glénants de l'aviation" étaient nés !! la suite au prochain livre....
amitiés
Gérard