Julien Mortreuil : « Nous enragions, mais ne perdions jamais espoir de la réaliser… »

Vue en plongée de l’éclatement vertical de la Patrouille de France. Le cliché impossible à réaliser jusqu’au jour où Julien Mortreuil et son pilote Cyril « Arket » (Athos 9) l’ont réussi… Dans la baie de Solenzara, la photographie devient peinture…

« Il y a plusieurs années que nous voulions réaliser cette prise de vue depuis le haut de la bombe, qui de mémoire n’existait pas encore, et nous n’y arrivions pas… Ce n’était pas faute d’essayer, mais à chaque fois, nous arrivions trop en retard : la formation avait déjà éclaté et il manquait toujours un ou plusieurs avions dans le cadre de l’objectif…. Nous enragions, mais ne perdions jamais espoir de la réaliser… », raconte Julien Mortreuil, l’un des deux photographes, avec Michel Jouary, de la Patrouille de France.

Pour ces professionnels de l’image qui photographient quotidiennement la PAF sous tous les angles, plonger le public au cœur de l’action et lui faire vivre l’intimité de la série, est une réelle volonté qui se fond dans la mission de communication de la formation.

Pour pouvoir réaliser cet instantané de la bombe verticale à huit avions qui marque la séparation entre la première partie (le ruban) et la seconde partie (la synchro) de la présentation, il fallait tout remettre à plat. Commencer par imaginer un nouveau timing qui permette au photographe à bord du neuvième Alpha Jet de se retrouver au-dessus des huit autres avions au moment où ils partaient chacun dans leur direction.

« Pour cette prise de vues, j’embarquerai à bord d’Athos 9 piloté par Cyril « Arket », le pilote remplaçant. Comme pour tous les vols photos, le briefing est essentiel ! Nous nous réunissons alors avec Cyril et nous préparons longuement notre mission, avec minutie, en travaillant particulièrement notre positionnement, de manière à ce que, malgré toute l’expérience de mon pilote, notre trajectoire ne soit pas conflictuelle avec celle de la patrouille… »

Il avait été décidé lors de ce briefing de suivre la même trajectoire que la patrouille avec un écart de 5 secondes et se fondre dans son sillage.

« Les huit avions, à la demande du leader partent en boucle. Nous sommes entourés des fumées de la formation qui nous précède. Cyril passe sur le dos. Dans la radio, j’entends Samuel, le leader, qui lance son « top éclatement » et la tête en arrière, avec 4G de facteur de charge, je shoote tout en imaginant ce que pourrait être le résultat…

Tout va très vite !  La vue des Alphajet qui s’écartent autour de nous est magnifique. Dans le lointain, chaque appareil effectue sa ressource pour souligner l’effet corolle de la figure…  Si c’est raté, je n’aurai pas de seconde chance ! Un rapide coup d’œil à l’écran de contrôle de mon appareil… J’exulte et je partage ma joie avec mon pilote : Arket, cette fois, je crois que je la tiens ! »

Philippe Chetail

Julien Mortreuil

• • Son livre « Patrouille de France : entre ciel et terre » cosigné avec Michel Jouary

• • Le site officiel de la Patrouille de France