Deux journalistes américains ont interviewé les passagers de l’Airbus A320 d’US Airways qui s’est posé dans l’Hudson, le 15 janvier 2009. Des témoignages impressionnants. Un retour d’expérience inimaginable pour le NTSB.
Même si son caractère sensationnel a soigneusement été travaillé par les auteurs, ce document n’en demeure pas moins intéressant. Et puis comment pourrait-il en être autrement ; ce qu’ont vécu les 155 passagers et membres d’équipage de l’A320 est tout simplement extraordinaire. Des millions de téléspectateurs ont pu suivre ce drame quasiment en direct…
Tout comme un accident d’avion n’est jamais la conséquence d’une cause unique, l’issue heureuse de ce qui a failli être un crash aérien au cœur de New York, est également due à une suite de faits heureux. Selon les auteurs, « un officiel du NTSB (le bureau d’enquête américain : ndlr) proche de l’enquête comptabilisa huit « conditions miraculeuses » réunies ce jour-là ». La première fut l’expérience de l’équipage et sa capacité à prendre des décisions immédiates en refusant la tentation des aéroports. La collision avec les oiseaux s’est produite de jour, par une belle météo, ce qui a facilité la tache des pilotes. La rivière était clame et il n’y avait pas de trafic. Les sauveteurs newyorkais étaient entrainés à réagir rapidement. L’ « officiel du NTSB » ajoute la résistance structurelle de l’Airbus, le fait que l’avion était doté de gilets de sauvetage et de radeaux (non obligatoires sur ce type de vol), la compétence du personnel de cabine et enfin les passagers eux-mêmes : « en dépit de la peur terrible qui ne disparut pas quand l’avion toucha l’eau, ils ne paniquèrent pas. Certes, ils se bousculèrent, ils perdirent même parfois leur sang-froid mais ils se reprirent rapidement ».
William Prochnau et Laura Parker ont construit leur récit de près de 300 pages comme un véritable film catastrophe à la mode hollywoodienne des années soixante-dix : « 747 en péril » ou « la Tour infernale ». Les lecteurs font la connaissance de chacun des protagonistes, dans les heures qui précèdent leur arrivée à l’aéroport de La Guardia. Chaque passager à une bonne raison de vouloir embarquer, ce jour-là, sur le vol 1549. Jusqu’à celui qui était en liste d’attente et qui est soulagé d’avoir pu bénéficier de la place d’un passager qui ne s’est pas présenté à l’embarquement. Comme au cinéma. Mais ici, c’est la vraie vie et bien que nous sachions comment tout s’est bien fini pour chacun d’entre eux, nous lisons avec effroi leur description de la collision avec les oies Bernache du Canada, vers 3.000 pieds (1.000 m).
Les passagers qui étaient près des hublots, ont véritablement vu les oiseaux se faire aspirer par les réacteurs, puis une boule de feu et de la fumée noire. Tous ont entendu un gros bruit sourd sans pouvoir l’identifier avant de ressentir une forte odeur de brulé et de kérosène. Ils ont ressenti comme un brutal coup de frein, puis un demi-tour serré en descente rapide. Certains ont aperçu les piles du pont Georges Washington et puis les immeubles de Manhattan qui montaient…
Quand le commandant de bord, Chelsey Sullenberger leur a donné l’ordre laconique de se préparer à l’impact, la plupart des passagers ne savaient pas quoi faire. L’enquête mettra en évidence que seulement 25 passagers avaient regardé la démonstration de sécurité et que 12 avaient lu la notice avant le décollage. Sur 110 passagers, 2 seulement utilisèrent un gilet de sauvetage…
Le NTSB reconnaît avoir beaucoup appris de cet accident grâce aux témoignages des passagers. Beaucoup ont eu des comportements irrationnels. Alors que l’ordre d’évacuation venait d’être donné, beaucoup tentèrent de récupérer leurs bagages dans les coffres, bloquant l’allée. Quand le premier se jeta dans l’eau glacée, les autres le suivirent. Il fallu qu’un passager ait l’idée de se réfugier sur l’aile pour qu’ils arrêtent de plonger. Pour une grande partie des passagers, la priorité fut de téléphoner à leurs proches qui souvent ne comprirent pas ce qui était en train de se passer.
Ce document met également en lumière l’extraordinaire réactivité des secours newyorkais qui en quelques minutes mobilisèrent sur les quais de l’Hudson près de 2000 sauveteurs. Il décrit aussi la bataille acharnée et pitoyable des médias pour arracher par tous les moyens les témoignages des rescapés.
Aux Etats-Unis, le livre de Prochnau et Parker est un succès de librairie. Quant à l’A320, il a rejoint le musée de Charlotte, sa destination première
Gil Roy
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L’amerrissage du vol 1549 raconté par les passagers
Mes respects aux pilotes de cet appareil, ils ont accompli un vrai miracle, et une prouesse hors du commun.
Retraité de la Gendarmerie Nationale française, je considère le commandant de bord comme un héros !!!.
Il n'y a pas assez de place ici pour témoigner ce que je ressens devant un tel courage. Je dirai simplement que devant une telle conduite je pense pouvoir dire que cet homme doit certainement être aussi bien dans la vie qu'il a été à bord de son avion; bravo monsieur, vous m'avez ému au plus haut niveau.