Avenue Kléber se dresse The Peninsula Paris. Le bâtiment appartient à Katara Hospitality, qui investit dans les hôtels très haute gamme. La gestion est assurée par the Hong Kong and Shanghai Hotels, Limited, dont le propriétaire est l’honorable Sir Michael Kadoorie, anglais de 72 ans dont la famille est établie à Hong Kong depuis deux siècles. Or, Sir Michael est passionné d’aviation et cherche à évoquer un avion célèbre dans chacun de ses hôtels. C’est ainsi que l’hôtel de Hong Kong est décoré de souvenirs de l’hydravion Boeing 314 Clipper.
Voici un peu plus de 4 ans, Sir Michael, dont le prochain hôtel prévu est à Paris, regarde TV5 Monde depuis Hong Kong et voit une émission dans laquelle Bernard Decré, président et âme de l’association « A la recherche de l’Oiseau Blanc » relate l’odyssée Atlantique de Nungesser et Coli, et les campagnes de recherches faites pour retrouver l’appareil, vraisemblablement tombé non loin de St. Pierre et Miquelon. Passionné par cette histoire et par la personnalité de ses héros, subjugué par la faconde de Bernard, il téléphone à l’Aéro-Club de France pour obtenir les coordonnées de Bernard Decré, à qui il fait part de ses intentions et de ses besoins. Il décide que le restaurant qui se dressera au sommet du Peninsula Paris sera dédié à l’Oiseau Blanc et à ses deux pilotes.
Il envoie James Mercer – responsable de l’organisation générale – et Cliff Dunnaway, canadien anglophone – expert aéronautique – pour définir ses souhaits qu’il conviendra de concrétiser. Bernard emmène ces messieurs au Musée de l’Air, à La Ferté Allais, et autres lieux prestigieux.
La décision est prise : commencer par faire construire une réplique de l’avion qui sera accrochée au dernier étage de l’hôtel tout à côté du restaurant panoramique. Pour que l’appareil puisse tenir au dessus de la cour du bâtiment, la réplique sera au 8/10ème. Elle est construite par une société anglaise spécialisée dans la construction de répliques d’avion destinée au cinéma.
A l’intérieur du restaurant on placera, face à l’entrée, un bloc moteur d’origine, un Lorraine Dietrich de 420 CV, pesant 420 kilos ; il a notamment équipé les avions de l’Aéropostale. Bien qu’il y en ait eu 7.000 de fabriqués dont 3.000 en Italie, il n’en reste plus qu’une dizaine dans le monde (dont un chez un collectionneur d’Agen, un à Biscarosse, un à la Ferté Allais, un en Allemagne et deux au Musée de l’Air). Il faudra trois ans à Bernard pour trouver une solution.
L’un des deux moteurs du Musée de l’Air est à reconstruire. Grâce à une convention entre le Musée de l’Air, Safran et le Peninsula, il est décidé que l’équipe des mécaniciens retraités de Safran vont reconstruire le moteur (grâce leur soit rendue) qui sera confié en exposition à l’hôtel. En face du moteur, son hélice de 3 mètres 85 sera suspendue.
L’heureux convive, admis à se restaurer dans la salle vitrée de 50 places du dernier étage, et sortant de l’ascenseur à l’impression de se trouver dans le fuselage d’un avion : parois d’aluminium, rivets polis et profilés, même dans les toilettes. Il commence à marcher dans un couloir assez étroit avec à sa gauche une vaste photo de l’Oiseau Blanc et de la foule qui se pressait à ses côtés avant son décollage. A sa droite, trois vitrines rassemblant cartes et instruments de navigation dont un compas identique à celui d’origine, photos et souvenirs de Nunguesser et Coli, et enfin livre et photo de Bernard Decré.
Au bout du couloir se dresse le moteur. Le service, empressé et courtois comme il convient dans un palace de très haute gamme l’installe à une table face à la verrière à travers laquelle il découvre l’avion en vol. Quand il a fini de s’étonner d’être aussi bien installé, alors que Nungesser lutte contre les vents contraires et que Coli, à peine visible, par ce qu’assis derrière et un peu en dessous du pilote, s’efforce de faire le point, il s’aperçoit que les damasseries de la nappe disposée sur la table représentent des nuages et que les assiettes sont décorées de l’avion en vol. Seul léger bémol, l’avion en vol a été représenté avec son train d’atterrissage qu’il avait en fait largué au décollage. Sir Michael a décidé qu’on attendrait que les assiettes soient cassées pour corriger le dessin.
Bernard, toujours ardent à faire connaître ses héros, organise des conférences pour le personnel de l’hôtel (550 personnes, dont la charmante Mme Léa Wu – chargée de communication – , grâce à qui j’ai pu faire ce reportage), et a fait paraître un article de 6 pages dans le journal des hôtels Peninsula. C’est lui aussi qui déjeune avec les journalistes venus de Chine (12 cette semaine je crois), pour leur expliquer le pourquoi et le comment de cette prestigieuse décoration.
Cerise sur le gâteau, si j’ose dire, l’un des desserts proposés, s’appelle Oscar Bravo (indicatif de l’Oiseau Blanc) et représente un moteur d’avion surmonté d’une hélice.
Jean Ponsignon
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L'Oiseau Blanc plane sur le Peninsula
alors la jeunesse!!!!! prendreexemple sur le super moteur
de 420 CHEVAUX vous n'avez rien inventé, désolé à part
vos portable et tout le reste!!!!! vous êtes dans le néant.
L'Oiseau Blanc plane sur le Peninsula
"La jeunesse se livre sans réflexion, et la vieillesse repousse sans examen." La Rochefoucauld.
Vous voyez, vous aussi vous n'avez rien inventé...
L'Oiseau Blanc plane sur le Peninsula
La vieillesse est un naufrage.
Je ne vois pas ce qui justifie qu'on parle d'un grand hôtel en mal d'inspiration, qui concocte un décor de pacotille sans souci du respect de la réalité sous le seul prétexte que le boss aime les avions.
Aussi ringard et saugrenu que les Boeing de Travolta stationnés dans son jardin. Et encore, ses avions volent...
L'Oiseau Blanc plane sur le Peninsula
Superbe idée et réalisation qu'a eu ce Monsieur.
Longue vie à l'hotel