La BA-112 de Reims

L’histoire prestigieuse de la base aérienne 112 Commandant Marin-la-Meslée, de Reims retracée magistralement par Jean-Pierre Calka et Frédéric Lafarge.

C’est la fin d’une époque, le schéma organisationnel de l’armée de l’Air est en profonde mutation, et ceci va avoir des conséquences sur notre « paysage » aéronautique. En effet, les bases aériennes font partie, de longue date, de l’environnement économique et géographique d’une région, où elles sont profondément ancrées, actrices de la vie locale. Et, on le sait, nombre d’entre elles vont fermer, cette « déflation » des infrastructures est déjà entamée, non sans déchirements. C’est tout un pan fait de tradition et d’Histoire qui disparaît face aux « économies d’échelle » dictées par la rigueur budgétaire…

Heureusement, certains auteurs sont soucieux du devoir de mémoire et s’attèlent à publier d’impressionnants récits qui retracent la chronologie de ces implantations condamnées. Nous avons déjà évoqué dans cette rubrique l’ouvrage sur Francazal. En voici un autre, impressionnant (disons le tout net, c’est le meilleur car le plus documenté, la démarche historique a été poussée aux limites), sur l’un des plus prestigieux aérodromes militaires de France, la BA-112 Commandant Marin-la-Meslée, de Reims.

Reims en effet, fut l’un des berceaux de l’aéronautique en France, et c’est dans l’euphorie de la grande Semaine d’aviation de la Champagne que le ministère de la Guerre décida d’une implantation à l’ouest-sud-ouest du village de Bétheny, qui sera vite (1913) reliée à l‘aérodrome de la Champagne, à la faillite de son propriétaire, l’avionneur Deperdussin. La BA-112 est bien l’héritière de ce terrain d’aviation ouvert en 1910 et peut donc se targuer d’avoir « vécu » un siècle. Cent ans intimement liés aux forces aériennes tricolores, la naissance de l’armée de l’Air en 1934 n’étant qu’une péripétie parmi d’autres. Et que dire de son prestige, elle qui y a vu stationner le fameux escadron Normandie-Niemen pendant près de 30 ans et qui est devenue le dernier repère – pour quelques mois encore – des Mirage F-1 !

Les deux auteurs se sont attachés à analyser la chronologie du site avec une minutie de Bénédictins, on trouvera une foultitude de détails certes sur la vie du terrain, les unités et les avions (du bombardement à la chasse tactique en passant par le transport) qui y furent basées, les personnages qui y évoluèrent et les faits importants qui s’y déroulèrent, jusqu’aux bâtiments divers – les amateurs trouveront même les plans des châteaux d’eau ! Un travail absolument magistral.

Jean Molveau