La course à l’espace que se livrèrent soviétiques et américains, après guerre, sert ici de toile de fond à un récit d’espionnage signé Régis Hautière et mis en image par Damien Cuvillier.
Régis Hautière est un grand raconteur d’histoire. C’est à lui que Romain Hugault doit le scénario du remarquable « Au-delà des nuages » (Editions Paquet). Passionné d’aviation, il l’est aussi d’espace comme le prouve cette nouvelle série qu’il cosigne avec Damien Cuvillier. Le parti-pris adopté est de montrer l’envers de la conquête spatiale, « le côté obscur de la course à l’espace », en mêlant habilement réalité et fiction, jusqu’à ce que le lecteur ne puisse plus faire la différence.
Ce premier épisode a pour arrière-plan historique le lancement de Spoutnik et prend la forme d’un récit d’espionnage. L’équipe de Korolev qui a pour mission la mise au point du lanceur R7 Sémiorka est infiltrée par un espion américain que ne parvient pas dénicher le KGB. Personnalités historiques et personnages de fiction se côtoient sur le cosmodrome de Baïkonour dans une ambiance pesante que traduit habillement le dessin de Cuvillier. La reconstitution est minutieuse et le suspense fonctionne jusqu’à la dernière planche. A noter, en guise de bonus, un cahier historique de quatre pages qui permettra aux lecteurs de rafraîchir leurs connaissances.
Cette série est prévue en cinq tomes. Les trois premiers racontent chacun une histoire complète. La première se déroule donc en 1957 et fait référence à Spoutnik. Il y ait aussi question de la chienne Laïka. Le deuxième tome abordera le premier vol d’un homme dans l’espace avec Youri Gagarine. Le troisième tome a pour décor, l’année 1965 qui vit la première sortie extravéhiculaire. La dernière histoire sera traitée sur deux albums et se passera en 1969 à Cap Canaveral, durant les cinq jours du voyage Apollo 11. « Petit à petit, on va comprendre que derrière tous ces événements vécus par le personnage principal, il ya un groupe de personnes qui tire les ficelles et cette intrigue va se résoudre dans les deux derniers albums », explique Régis Hautière qui signe ici l’une des toutes premières fictions historiques inspirées de la conquête spatiale.
L’épopée semble inspirer les auteurs de bande dessinée. « La guerre secrète de l’espace » arrive en effet après « First Moon » (par Joe Wight, éditions Paquet), récit purement historique de la course à la Lune entre américains et soviétiques, et surtout après le remarquable roman graphique de Nick Abadzis, « Laïka » (éditions Dargaud), primé aux Rencontres de la bande dessinée aéronautique du musée de l’air en 2009. Sans oublier « le complexe du chimpanzé » de Marazano et Ponzio (éditions Dargaud), grand prix BD du Musée de l’Air en 2007, et « Les russes sur la Lune », dans la collection « Jour J » (par Duva, Pécau et Buchet, éditions Delcourt). A l’opposé, les éditions Idées+BD annoncent pour la fin de l’année, le premier volume d’une « histoire de l’astronautique », un ouvrage didactique dans la veine de son « histoire de l’aéronautique ».
Gil Roy
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La guerre secrète de l’espace, 1957 Spoutnik
Très bonne BD, bien dessinée, bien écrite, bien construite. Intéressante et instructive. Sur un thème, qui plus est, pas ou peu exploité en bande dessinée. Que demandé de plus ?
La guerre secrète de l’espace, 1957 Spoutnik
Et moi qui croyait que les Spoutnik, c'était pour nous détraquer l' temps ma pauv' Dame !