La saga Robin racontée par François Besse

Le DR400 et au-delà de ce modèle fétiche, le « Robin » est l’avion emblématique des aéro-clubs français. Encore aujourd’hui, près de la moitié des monomoteurs exploités dans le cadre associatif est composée d’appareils produits à Dijon-Darois, depuis 1957. Le journaliste François Besse retrace l’histoire passionnante des avions Robin dans un ouvrage définitif de 260 pages.

Les avions légers, les « avions de tourisme » ont aussi une histoire, parfois même une épopée, qui mérite d’être racontée ! Malheureusement, de telles monographies intéressent peu les éditeurs, tant il est vrai que les maisons d’édition sont des entreprises comme les autres, avec leur souci de rentabilité.

Mieux vaut donc se consacrer à des thèmes historiques, souvent sempiternels et maintes fois rabâchés, mais plus propices à l’obtention du chiffre d’affaires… Chaque initiative en dehors de ces sentiers rebattus, et à plus forte raison consacrée à l’aviation générale et aux aéronefs que l’on côtoie sur nos « petits aérodromes », ceux que le commun des mortels peut piloter, se doit donc d’être signalée, encouragée et félicitée !

Ce sera ma démarche ici. Car ce livre est vraiment un beau succès, dédié à une emblématique « saga » tricolore, qui fit aussi la renommée des ailes (même s’il s’agit de « petites » ailes) françaises de par le monde aéronautique. Robin ! Voilà bien un nom que tous les « gens de l’air » connaissent, même si l’on a un peu oublié Centre-Est Aéronautique, raison sociale fondatrice, ou Apex-Aircraft (mais cette fois, c’est un peu logique qu’on ait oublié). Comme est parfaitement identifié aujourd’hui Dyn’Aéro, liée par le sang et l’esprit d’innovation, des trajectoires parallèles…

Il fallait donc un certain courage pour se lancer dans cette démarche, d’autant que – mais ceux qui connaissent l’auteur ne s’en étonneront pas – elle a été menée « à fond », de la manière la plus exhaustive possible. Voilà qui « écrase », au sens informatique du terme (mais à plates coutures !), une tentative antérieure commise par un autre auteur et un autre éditeur, qui laissait le lecteur sur sa faim, par sa complaisance et sa légèreté…

Qui d’autre que notre confrère François Besse, apprécié pour sa compétence et sa rigueur, pouvait se lancer dans une telle aventure et surtout, obtenir un tel résultat de précision ? Cette démarche, débutée dans un cadre professionnel, s’est poursuivie à titre personnel, démarche poussée loin puisque c’est finalement à compte d’auteur qu’est publié cet ouvrage de 260 pages au format A-4, dont certes il a assuré l’écriture, une bonne partie de l’iconographie mais aussi la mise en page moderne et dynamique.

La lecture de ce livre est passionnante. Car elle remet en mémoire et en perspective des événements et des machines avec lesquels toute une génération de fanas de l’aviation s’est épanouie… Qui se souvient aujourd’hui des tenants et des aboutissants de l’ATL, qui fut, finalement, en avance sur son temps ? Certes, la chronologie est respectée, mais enrichie de nombreux encadrés (ce n’est pas le bon mot, « hors-textes » conviendrait mieux car ils sont conséquents, très fournis et détaillés), essais en vol, portraits des ingénieurs et collaborateurs, explications sur l’aérodynamique, etc.

L’aventure s’arrête avec Robin New Aircraft d’un côté, et le groupe AK de l’autre. L’avenir dira si ce sera le prétexte, dans quelques années, à un second volume…

Au final c’est un monument que François Besse nous a concocté, avec un grand professionnalisme. Et ce monument est une réussite.

Jean Molveau

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