La vie sans concession

Didier Gondoin est le Directeur Général Technique de Dassault Aviation.

 » J’en suis à ma quatrième révision du Bac « , confie amusé Didier Gondoin. Le plus jeune de ses fils prépare son examen de passage vers l’université et les grandes écoles, et il entend bien être présent à ses côtés, jusqu’au bout.  » Je me suis toujours adapté en fonction de leur âge pour partager des activités avec mes quatre enfants. J’ai besoin de cet équilibre entre ma vie de famille et mon travail « . Un équilibre qu’il maîtrise et qui lui réussi.
S’il est capable de faire le vide pour se plonger dans une résolution d’une équation mathématique, le soir, quand il rentre tard chez lui, il sait aussi mener de front plusieurs dossiers chauds. C’est d’ailleurs cette capacité qui lui a valu d’être nommé à la tête de la direction générale technique, un poste à forte visibilité dans une entreprise tout entière tournée vers l’innovation.

Alors que la certification du Falcon 7X est imminente et que la gamme des avions d’affaires est en pleine évolution, Didier Gondoin accompagne l’entrée en service du Rafale dans l’armée française. En parallèle, il pilote la définition du drone Neuron, le premier avion de combat sans pilote construit par Dassault en partenariat avec Saab, HAI, RUAG, EADS et Alenia. Il est également partie prenante dans l’avant-projet de supersonique civil européen et dans les programmes spatiaux européens auxquels le constructeur français est associé.

Au sein du groupe, ce quinquagénaire occupe désormais une position stratégique, entre présent et futur. Il est non seulement à la tête du bureau d’études, mais également des essais envol, de la sécurité des vols et des équipements. Il a sous son autorité tous ceux qui, sein de Dassault Aviation, font du développement, soit au total plus de 1500 personnes, dont une grande proportion d’ingénieurs ;  » C’est une lourde responsabilité qu’à aucun moment, je n’ai recherchée « , reconnaît-il sans fausse modestie. Ses compétences reconnues ont plaidé en sa faveur au moment du choix.

En 1978, à sa sortie de Sup’Aéro, la prestigieuse école supérieure d’aéronautique de Toulouse, il intègre l’équipe qui va mettre au point les commandes de vol électriques des avions de chasse, une technologie développée pour les avions d’arme et qui confère aujourd’hui, trente ans plus tard, a Dassault Aviation une longueur d’avance sur le marché de l’aviation d’affaires. Il apprend l’écoute.  » Il fallait arriver à saisir ce que les pilotes voulaient pour ensuite être capable de l’interpréter en langage technique « . Il fera l’apprentissage de la relation client, quelques années plus tard, sur les marchés militaires export.

Sa rigueur à gérer ces programmes sensibles dans le respect des délais se révèle dès cette époque. Cette qualité le propulse à la tête du projet Mirage 2000-5.  » Un grand moment de ma carrière « , admet-il.  » Il s’agissait de créer une interface homme-machine entièrement nouvelle autour du concept de la conduite de tir air-air multi-cible. Jusque-là, pour les pilotes de chasse, le combat aérien, c’était du un contre un. Notre but était d’offrir la possibilité à un pilote, aux commandes de son avion, d’attaquer simultanément, quatre avions ennemis « . Une vraie révolution dans l’art du combat aérien dont il fallait convaincre de sa pertinence les pilotes militaires, mais aussi un enjeu économique et technologique de taille pour Dassault.  » Nous avons tenu l’objectif en termes de performances, mais aussi de délais et de coùts « . Dans la foulée de ce succès, en 1998, il hérite du programme Rafale. Sept ans plus tard, il se verra confier la direction générale technique.
 » Dans les différentes fonctions que j’ai eu à assumer jusque-là, le travail en équipe m’a toujours passionné. Pour se dépasser, une relation de confiance doit impérativement s’installer entre les différentes personnes avec lesquelles on travaille, salariés ou partenaires, mais également avec le client. Je compare souvent mon métier à celui d’un architecte. De la conception globale à la réalisation finale, il faut arriver à obtenir le meilleur de tous ceux qui travaillent sur le projet « .

Fidèle à sa règle de vie, au travail comme dans le privé, Didier Gondoin ne fait rien à la légère. Avant de s’aligner au départ du récent marathon de New York, en novembre dernier, sous les couleurs de l’équipe Dassault Falcon 7X, il s’est astreint à un programme d’entraînement rigoureux de plusieurs mois.  » Cela n’a pas toujours été facile de caser dans mon emploi du temps, trois séances hebdomadaires, mais j’y suis parvenu « . Il voulait faire honneur à son maillot. Il a parcouru les 42,195 km en 4h10. Précisons que le sport occupe aussi une place de choix chez les Gondoin. Une passion que partage toute la famille.

Gil Roy. Falconer N°31 / 2007