Le ciel bariolé

Fabrice Marie et Philippe Arhab ont mis à contribution une vingtaine de « plane spotters » pour démontrer, dans un petit ouvrage intitulé « Couleurs dans le ciel » que le fuselage d’un avion de ligne peut être un magnifique support de communication.

La mode est apparue dans les années quatre-vingt : un avion de ligne pouvait désormais se transformer en homme-sandwich et véhiculer une marque. Les passagers et riverains parisiens se souviennent encore de ce Concorde d’Air France peint entièrement aux couleurs de Pepsi-Cola quelques jours seulement d’avril 1996. Ou d’autres appareils de la même Air France sur lesquels la livrée reprenait les joueurs des pays qualifiés pour la coupe du monde de 1998.

Les éditeurs et journalistes ont d’ailleurs trouvé là un sujet pour des livres et articles riches en couleurs. Aujourd’hui, Fabrice Marie et Philippe Arhab publient un florilège de ces plus belles décorations d’avions de ligne. Sous le titre sobre « Couleurs dans le ciel » (Edition du Cherche Midi), le livre présente près de 200 avions aux livrées pour le moins originales.

Remarque préliminaire : les vingt photographes qui ont contribué à ce recueil ont tous réussi des clichés de grande qualité, sous des angles parfois innovants et originaux. Chaque photo est accompagnée d’une courte légende explicative. Autre originalité du livre, les auteurs prennent le soin d’expliquer dans un chapitre entier les différentes phases de peinture des avions. Ainsi, on apprend qu’il faut environ 7 à 10 jours de travail et 800 à 1 000 litres de peinture pour traiter un A320, ce qui représente, après séchage, un poids d’environ 200 kilos. Sur un mastodonte de type A380, il faut compter 600 à 700 kilos. De même, on note que les peintures « avion » doivent avoir des qualités d’élasticité certifiées par les constructeurs, pour résister aux déformations en vol, ainsi qu’à des températures extrêmes : +40°C pour un avion sur un parking en plein soleil, -50°C en vol !

En revanche, Fabrice Marie et Philippe Arhab ne parlent que des techniques de peinture des avions. Il existe pourtant une autre méthode qui consiste à coller sur l’avion un film adhésif dont le dessin a été réalisé au laser et d’appliquer ensuite un vernis spécial. Une société française Graphibus, basée près de Nantes utilise cette technique qui a reçu l’agrément notamment d’Airbus. Une partie du fuselage des A330 d’Air Caraïbes a d’ailleurs été traitée avec cette technologie.

Enfin, un chapitre est consacré à la décoration « vintage » des compagnies. Il s’agit de peindre un avion actuellement en service avec la même livrée que celle utilisée par le transporteur auparavant. En 2008, un A320 d’Air France arborait tranquillement les couleurs de la compagnie nationale d’il y a 75 ans… Et en 2009, KLM affichait l’un des 737-800 avec une parure datant de 1919, soit 90 ans auparavant !

Bruno Rivière