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Culture Aéro

Le Jaguar du raid d’Al Jaber exposé au Musée de l’Air

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Frédéric Marsaly

30 ans, jour pour jour, après son ultime vol, le Musée de l’Air a accueilli officiellement le Jaguar A91 qui lui a été confié par l’Armée de l’Air. Désormais exposé à l’abri du hall Concorde, cet appareil porte encore les stigmates d’une mission entrée dans la grande légende de l’aviation française, les traces d’un SAM irakien…

Le 17 janvier 1991, le Jaguar A91 11-YG faisait partie du premier raid de la chasse française de l’opération Daguet. Au-dessus de leur objectif, la base aérienne d’Al Jaber au Koweit, alors occupée par les troupes irakiennes, il est touché par un missile sol-air à guidage infra-rouge. Un réacteur détruit (et l’autre endommagé) il parvient quand même à ramener son pilote, le capitaine Hummel, jusqu’à une base américaine en Arabie Saoudite.

30 ans après, jour pour jour, Jean-François « Mamel » Hummel retrouve son avion dans l’état où il l’a laissé à son retour de mission.  © F. Marsaly / Aerobuzz.fr

Trop endommagé pour être réparé, l’avion est toutefois ramené en France à l’issue du conflit. Le Général Fleury, chef d’état-major de l’armée de l’air à l’époque explique : « j’ai tout de suite pensé que c’était un avion qui devait être exposé au Musée de l’Air ».

Mais avant, le A91 a été rapatrié à Châteaudun.  Il a servi alors de sujet d’étude pour les différents programmes de réparations rapides des dommages de guerre.

Préservé à Châteaudun

L’association Canopée l’expose ensuite jusqu’à ce que l’armée de l’Air organise son transfert vers la Seine-Saint-Denis en décembre 2020. Comme le Général Sabéné, nouveau Directeur du centre d’études stratégiques aérospatiales (CESA) l’explique « il a fallu un alignement de planètes, que le musée de l’Air soit prêt à l’accueillir et bien sûr, cet anniversaire qui marque bien plus qu’une étape dans l’évolution de l’Armée de l’Air. »

Cette première Guerre du Golfe fut en effet la première intervention de la chasse française dans un conflit extérieur et au sein d’une coalition aussi large depuis la fin de la 2e guerre mondiale.

Le sort du A91 illustre d’ailleurs ce « délicat apprentissage » puisque les pilotes ont effectué leur mission en TBA, échappant par chance à une DCA redoutable et dense, faute d’avoir obtenus les renseignements les plus précis sur les défenses du secteur. A ceci s’ajoutait un système d’armes et de navigation des plus rudimentaire. Pour le Général Jean Fleury et son successeur Vincent Lanata, ceci conduisit à une accélération du retrait des avions inadaptés à ces opérations dès 1994, Mirage IIIE et 5F. Mais cette expérience bénéficia aux programmes Mirage 2000D et 2000-5.

Les dégâts causés par le SAM sur le Jaguar sont impressionnants. La leçon du raid contre Al Jaber ont été vite retenues par l’Armée de l’Air. Cet avion en est désormais le témoin. © F. Marsaly / Aerobuzz.fr

Une aventure fondatrice

L’importance du détachement aérien dans l’opération Daguet va donner lieu bientôt, à l’École Militaire, à un colloque qui éclairera comment les leçons de ce conflit ont été durement apprises mais parfaitement assimilées par la suite par l’aviation française.

© Musée de l'Air et de l'Espace – Aéroport de Paris-Le Bourget / Tania Rieu
© Musée de l'Air et de l'Espace – Aéroport de Paris-Le Bourget / Frédéric Cabeza
© Musée de l'Air et de l'Espace – Aéroport de Paris-Le Bourget / Jean-Philippe Lemaire

Pour Jean-François Hummel, ce fut une aventure d’un jour car dès le lendemain il a repris les commandes d’un autre Jaguar pour une autre mission. « Ce qu’on fait dès qu’on tombe de cheval…. enfin, de vélo. Le Jaguar, c’est plus un vélo qu’un ch’val » avoue-t-il le sourire aux lèvres.

Il ne manque plus qu’une chose pour rendre hommage à cet avion, le retour du public au Musée de l’Air !

Frédéric Marsaly

 

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Frédéric Marsaly

Frédéric Marsaly, passionné par l'aviation et son histoire, a collaboré à de nombreux média, presse écrite, en ligne et même télévision. Il a également publié une douzaine d'ouvrages portant autant sur l'aviation militaire que civile. Frédéric Marsaly est aussi le cofondateur et le rédacteur en chef-adjoint du site L'Aérobibliothèque.

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  • Pour ce qu'on fait au Grand Sud, ce sont des Jaguar dont on a besoin, pas des Rafale beaucoup trop couteux: 5000 euros l'heure de vol contre 30000 pour être de simples camions porte bombes... comme les SU 25.
    La complexité inutile est ruineuse: déjà qu'on n'a plus de devises pour acheter nos vaccins, vu l'état de notre commerce exterieur.

    • Le Jag a été retiré du service le 1er juillet 2005, votre conseil aurait pu porter au haut état major de la Defense dans les année70 quand on a spécifié l'ACF puis en 85 sous Tonton le Rafale lequel est en service depuis 20 ans...Eh oui, le temps passe vite et c'est quand on voit les cojones qu'on sait que c'est un mâle comme disait Conception !
      ...

  • Vieux débat.
    S'il est vrai que l'on volait vraiment très bas, c'était pour se faire plaisir en entrainement, mais çà avait surtout un sens, car en opérations, le meilleur moyen d'éviter les tirs de missile est d'arriver suffisamment vite et bas pour créer l'effet de surprise, le servant du missile n'ayant pas le temps d'accrocher.
    Quant aux 14,5 et aux kalachnikov, je reste convaincu que l'effet de surprise joue également,
    malheureusement, les moyens de navigation du jaguar français étaient tellement minables qu'on était bien obligés de monter un peu pour se repérer.
    Marco33.

    • 17 m de haut quand meme et le SAM n'a pas eu me temps d'exploser dans le moteur du Jaguar 91. C'est pour cela qu'apres cet evenement, bien que plus couteux, on a commence a tirer un peu plus d'AS30 laser.
      Nota par rapport au texte: les Jags ne se sont pas poses sur une base americaine en Arabie Saoudite mais bien sur une base Saoudienne, dediee d'ailleurs aux helicopteres de la marine Saoudienne ( dauphins et 1ers puma navalises)

  • Il y eut la même histoire en Algérie, à propos d'un B26 qui avait percuté un chameau lors de runs TBA pour surveiller l'immense frontière libyenne, à travers laquelle passaient nombre de terroristes. A son chef qui lui en faisait reproche, la réponse du pilote avait été que c'était la faute de l'animal, attendu que celui s'était levé sur ses pattes au dernier moment.
    Probablement apocryphe....
    Par contre l'Alizé qui coupa le sommet du mât d'une planche à voile, celle-là est vraie (milieu des années 80)
    A propos du vol TBA : d'abord il n'y avait pas que les Jaguars. Les avions à radiosonde, infos de nav, vecteur vitesse inertiel et crochets d'énergie dans la tête haute étaient avantagés (F1CR, 2000) au point que certains ramenaient des radiosondes avec zéro affiché (si la tête haute était filmable) Etait-ce malin ? le vol TBA permettait d'échapper aux radars, et à certains missiles, mais un ZPU-4 de 14.5 mm ou même un gars motivé avec sa kalachnikov, suffisait souvent à abattre le chasseur arrivant au ras du sol. Donc le TBA oui, mais pas à n'importe quel moment. De toutes façons les bombes ne s'amorcent pas si on est trop bas (pour éviter de faire exploser l'avion largueur ! ou de se la prendre par rebond) Pareil pour les canons de 30 mm : si on tire à l'horizontale, on passe dans l'explosion et les éclats...
    Les Américains le savaient depuis la guerre du Vietnam.... et tout de suite après cette mission, tout fut envoyé à la poubelle, et on changea de concept (HA !)
    Retenons qu'ils arrivèrent avec la navigation dans les choux, mais que la profusion d'objectifs - non essentiels - sauva l'affaire.
    Honneur à eux d'avoir pu mener à bien cette mission avec ces avions sous-motorisés et aux systèmes plus que dépassés.
    Regrettons enfin d'avoir dû bombarder des gens qu'on avait formés et aidés pendant 15 ans, pour le compte d'autres qui ne nous en tinrent aucun gré par la suite....

    @Jean-Mi : regardez-mieux, les vidéos du Tchad sur youtube sont celles de F1CR.

    • exact pour l'Alizé, de la part d'un ancien; ais c'était le lot continuel sur Alizé, l'altitude n'était pas notre domaine de vol !

    • Oui, en effet, j'ai voulu aller voir des vidéos (que j'avais vues il y longtemps) et me suis rendu compte qu'on trouvait plus facilement du Mirage F1CR... Avion magnifique au demeurant, et que j'adore.
      Mais on trouve aussi du Jaguar... (et du Mirage 2000...)

  • On m’avait raconté une histoire mais je ne sais pas si elle est vraie comme quoi les Jaguars qui ne sont pas furtif volaient bas, dans la pure tradition de nos chers militaires, ce qui veut dire très très bas, et que l’un d’entre eux lors de la guerre du golfe était rentré à la base avec un bord d’attaque endommagé....par une tête de chameau. Si quelqu’un a la confirmation de cette histoire

    • C'est une légende de plus, au moins pour ma guerre du Golfe. Si la première attaque a été effectuée à très basse altitude, ses conséquences amenèrent les Jaguars à voler plus haut par la suite.
      Pour info, l'article sur le sujet, très bien fait et juste dans le N°1 du Fana de l'Aviation et aussi le n° spécial sur le jaguar de la même édition qui relate l'expérience Guerre du Golfe 1991.
      Cordialement

    • Les jaguars sont les spécialistes du vol ultra basse altitude en raid. On trouve de nombreuses vidéo (avec prescription !) de vols basse altitude au tchad ou l'on croise des camions sur la route en tirant un peu sur le manche...
      Lire l'article du Fana de l'aviation de ce mois qui parle de ce Jaguar A91 entre autre et de la mission sur Al-Jaber. J'ai lu cet article ce matin et ça parlait justement de vol avec 20 pieds à l'altimètre, et de passages réguliers SOUS les lignes électriques soit vers 5 ou 10 mètres d'altitude à 480Kts, parce que au dessus de la ligne on peut se prendre un missile...
      J'ai connu le (alors) Commandant Hummel à l'école de chasse de Cazaux, quand il était chef du 2/8 (ou 1/8 ?) et que j'étais appelé. Au dessus de son bureau était le profil de "son" Jaguar A91 avec son moteur en feu ! On m'avait expliqué (très brièvement) qui était cet homme qui avait ramené un Jaguar en feu avec un missile dans le... au Koweit. C'était 5 ans après et je n'avais pas bien compris ce que ça voulait dire. L'homme était fort respecté.

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