Le 30 juin 1973, pendant 74 minutes, Concorde fit la course avec le Soleil pour permettre à huit scientifiques embarqués d’observer la couronne solaire à plus de Mach 2. L’astrophysicien Pierre Léna qui lança l’idée raconte cette étonnante aventure dans un livre intitulé « Concorde 001 et l’ombre de la Lune ».
Les visiteurs attentifs du musée de l’air et de l’espace ont peut-être remarqué les quatre trous aménagés dans la cabine du Concorde 001, exposé au Bourget. Ils ont été réalisés en 1973, alors que la campagne d’essais en vol touchait à sa fin, pour le prototype N°1. Ces ouvertures ont permis de transformer le supersonique en plate-forme d’observation afin de permettre à une équipe de huit astrophysiciens d’étudier le Soleil pendant une éclipse totale.
C’est Pierre Léna, alors jeune chercheur en astrophysique, qui eut l’idée d’utiliser Concorde quand il prit conscience que l’avion se déplaçait à la même vitesse que l’ombre projetée de la Lune à la surface de la Terre. Alors qu’au sol, les observateurs placés sur la trajectoires de l’ombre, ne disposeraient que de sept minutes d’obscurité totale, à bord de Concorde, ils pourraient bénéficier 74 minutes. Après avoir refait ses calculs, Pierre Léna est allé en parler à André Turcat. Il lui fallu une heure seulement pour que le charismatique pilote d’essais en chef du programme Concorde embarque dans ce projet.
Le 30 juin 1973, jour de « l’éclipse du siècle », Concorde, piloté par André Turcat et Jean Dabos, décolle de Las Palmas, en direction de la Mauritanie, à la rencontre de la nuit. « Moins d’une heure plus tard, ayant accéléré pour atteindre plus de deux fois la vitesse du son dans la stratosphère où il s’élève en rejoignant son altitude de croisière, Concorde 001 va rencontré l’ombre de la Lune à l’instant et au point fixés par nos calculs. La précision de ce rendez-vous est extraordinaire puisque nous l’atteignons à la seconde près et à moins de 2 km du point idéal », raconte Pierre Léna. « L’avion a allumé ces feux de navigation de nuit bien qu’il soit près de midi à l’heure locale et que le soleil soit proche de notre zénith. Volant dans l’ombre lunaire qui se déplace à la même vitesse que nous, il va demeurer dans l’obscurité totale pendant 74 très longues minutes tandis que chacun des astronomes s’affaire auprès de l’instrument avec lequel il étudie le soleil et sa couronne mettant à profit les circonstances de cette durée unique ».
L’expérience est un succès. Lorsque Concorde se pose à Fort-Lamy (N’Djamena), c’est l’explosion de joie entre les scientifiques et les aviateurs. « Aucun homme n’a jamais vu le soleil éclipsé si longtemps, aucun équipage n’a réussi sans faute un aussi difficile rendez-vous, aucun avion n’a jamais offert un pareil observatoire à une équipe d’astronomes émerveillés. » Dans son livre, Pierre Léna raconte comment il a été possible de « détourner un avion de sa tâche pour en faire un laboratoire courant après l’ombre de la Lune ».
Ce livre est le récit d’une incroyable aventure humaine partagée par des hommes de science animés par la passion.
Gil Roy
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Le jour où Concorde joua à cache-cache avec la Lune
Un évènement que j'ai aussi vécu à bord du DC 10 d'UTA qui me ramenait d'Abidjan. Lors de notre survol Africain, le commandant de bord fit l'annonce aux passagers qu'ils pouvaient admirer une magnifique éclipse sur le côté gauche de l'appareil. Tout le monde se précipita vers les hublots pour contempler le phénomène. Ce n'était pas Concorde, mais nous étions quand même des observateurs privilégiés, ce 30 juin 1973, j'avais 18 ans.