Le Petit Prince dans la roseraie. Original de l'auteur exposé au Musée des Arts Décoratifs à Paris. @ Succession Saint Exupéry-d'Agay
C'est le livre francophone le plus connu au monde et pourtant c'est la première fois que son manuscrit original est présenté en France. Le "Petit Prince", écrit par Antoine de Saint-Exupéry, à New York en 1942, n'avait encore jamais quitté la "Grosse Pomme". C'est dire si l'exposition organisée au Musée des Arts Déco est un évènement considérable, une opportunité exceptionnelle d'approcher, enfin, l'origine, la matière brute, touchante et sublime, d'une œuvre devenue universelle.
Dans ses innombrables missives, Saint-Exupéry aimait à griffonner personnages et portraits avec un style certain. Alors qu’il se trouvait à New York depuis le début de l’année 1941, originellement pour quelques mois, qu’il avait connu le succès avec « Flight to Arras » l’édition en langue anglaise de « Pilote de Guerre, son éditeur Curtice Hitchcock, pour détourner l’auteur d’un certain mal-être, l’incita, l’encouragea même, à s’atteler à la rédaction d’un conte pour enfants.
4 commentaires
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Quant aux dessins de Saint-Ex antérieurs à sa période new-yorkaise, oui bien sûr beaucoup sont arrivés jusqu’à nous. On y décèle le style de son futur petit personnage mythique : très solennel dans des costumes avec des effets papillon dans leurs parties basses. Mais jamais une tête blonde hirsute ! Pour finir, savez-vous que j’ai fourni nombre de photos d’archives à la Succession Antoine de Saint-Exupéry, dont la photo unique du Bloch 174 A 3 n° 24 avec lequel il se couvrit de gloire (aux yeux des pilotes de D-520 qui l’accompagnaient) dans son vol mémorable sur Arras ? D’ailleurs, à l’unisson des autres machines de l’escadrille, c’était un avion non décoré de « La hache d’A. Bordage » (apparue seulement à la fin de la guerre), comme illustré par Romain Hugault à la remorque de Paul Lengellé. Mais les auteurs de B.D. s’encombrent peu souvent de scrupules par rapport à la vérité historique. Je suis le premier à reconnaître les talents d’illustrateurs de R. Hugault (autant pour les femmes que pour les machines volantes), mais pas vraiment ceux d’un ‘historien.
Merci Monsieur Marsaly,
Oui, c’est un bonheur que ce manuscrit arrive enfin en France. Peut-être qu’il s’agit d’une petite compensation à toutes les vacheries que nous font nos « amis » américains, y compris celles sous-marines. Mais je voulais dire qu’en 2017 nous avions déjà eu droit à quelques exemplaires des feuillets coloriés de Saint-Ex venant de la collection de Sylvia Hamilton. J’avais été autorisé à en faire des photos. Aussi, l’année suivante, avais-je publié l’illustration, figurant en page 24 de « The Little Prince » (dont je possède un original), en page 181 de mon ouvrage « Saint-Exupéry ses combats » (ignoré de G. R., comme mes deux autres livres sur Antoine de Saint-Exupéry). Curieusement cette illustration du Petit Prince assis sur un chaise, contemplant le soleil se coucher à l’horizon de sa planète, était en couleurs – et je l’ai publiée ainsi -, alors que dans « The Little Prince » et « Le Petit Prince » elle est en noir et blanc. Je l’avais d’ailleurs composée avec une extraordinaire photo de Sain-Ex, assis sur un canapé chez Sylvia Hamilton, en train de croquer une poupée à la chevelure blonde hirsute. Aucun auteur avant moi – excusez mon humilité ! – n’avait révélé que le physique du Petit Prince avait été inspiré par une petite poupée achetée dans une boutique de New-York. Je m’étais permis de publier cette illustration puisqu’aux États Unis d’Amérique une oeuvre tombe dans le domaine public au bout de 50 ans. Et, comme en France Gallimard l’a reproduite dans une autre version (en noir et blanc), je ne pouvais donc tomber sous le coup de la Loi française qui protège chez nous l’oeuvre française de Saint-Ex jusqu’au 1er janvier 2045 (70 ans légaux après sa mort auxquels s’ajoutent 30 ans au motif qu’il est mort pour la France). Je terminerai par ceci : si les Anglais vont devoir rendre les morceaux de frises du Parthénon qu’ils avaient volé, et nous ramener en Égypte l’obélisque qui pourrait devenir un jour celle de la discorde, ce serait bien que ce manuscrit revienne définitivement chez nous, puisque c’est aussi un monument.
Quelques précisions. Je ne doute pas de votre anecdote concernant la petite poupée, mais il me semble qu’on retrouve des silhouettes ressemblant au Petit Prince sur les dessins de St-Ex bien avant son arrivée à NY.
En ce qui concerne les droits du Petit Prince, l’information qui m’a été donnée directement par un responsable de la Fondation Saint-Exupéry c’est que l’œuvre de Saint-Exupéry, dont le livre le Petit Prince, tombera dans le domaine public en France le 1er janvier 2034. Par contre, les droits d’exploitation spécifiques du personnage et de certaines citations resteront protégés.
Oui, j’ai eu un échange avec Olivier d’Agay sur le sujet. Mais je ne suis pas d’accord avec lui. D’ailleurs, la date retenue par la Loi pour le classement dans le domaine public est toujours au 1er janvier suivant l’année dé décès augmentée du temps de latence (50, 70 ou 100 ans pour Saint-Ex en France). Je vous donne ma référence quant à la propriété littéraire et artistique : le livre de 984 pages de Pierre-Yves Gautier, professeur à l’Université Panthéon-Assas (Paris II) chez PUF Droit. Je n’ai jamais vu, ni dans le libellé de la Loi sur la Propriété intellectuelle, ni dans le livre-thèse de P-Y. Gautier, un temps de latence égal à 90 ans. Bien entendu, nous parlons de droit patrimonial. Le doit moral perdurera, mais celui-ci n’est pas vraiment codifié lorsque l’oeuvre est tombée dans le domaine public. Il oblige seulement à citer l’auteur de l’oeuvre. Quant au reste, pour avoir également échangé avec une responsable des Éditions Gallimard, je peux affirmer qu’il s’arrange la sauce à leur convenance. Par exemple, il voulait m’interdire de porter une courte citation de Saint-Ex sur une de mes illustrations. Mais enfin, où cela est-il écrit dans la Loi ? À partir du moment où la citation est courte et n’est ostensiblement pas orientée vers des recopies trop répétées des passages d’une oeuvre, rien n’interdit de la reproduire sur le support de notre choix, papier blanc, bleu, rose ou illustration. Mais je me suis laissé dire qu’il y avait certains enjeux…