Le 14 décembre 2019, les visiteurs du Musée de l’Air seront les premiers à pénétrer directement par la spectaculaire salle des 8 colonnes, au milieu de la Grande Galerie. L’ancienne aérogare retrouve son lustre d’antan. Dans la foulée de cette restauration réussie, place à un nouveau projet à 50 M€, plus ambitieux encore.
Aboutissement d’une série d’évènements destinés à marquer le centenaire du musée de l’Air et de l’Espace, l’inauguration de la Grande Galerie, qui sera bientôt complétée par la réhabilitation complète de l’ancienne tour de contrôle (sans doute en janvier 2020) et l’ouverture au public de l’Airbus A380 (dans le courant de l’année 2020) est une étape de plus dans une redéfinition complète du musée.
» Il faut repositionner le musée au cœur de son territoire et dans ses fonctions » nous explique d’emblée Mme Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, directrice du musée, lors de l’entretien qu’elle a accordé à Aerobuzz. « Il a été demandé d’écrire le projet scientifique et culturel, de reprendre la stratégie du musée » et ainsi de répondre à la question : « quel sera le musée demain ? »
« J’ai un objectif pour 2024, un contrat d’objectif et de performance (COP), c’est à dire un contrat d’établissement : Notre objectif est de développer le musée pour qu’en 2024 ce soit un musée à reconnaissance internationale, avec un public international »
Deux axes semblent se dessiner : la navigation aérienne et l’astronomie. « Ce sont nos projets scientifiques ».
Pour la réalisation de ces ambitions, le musée vient de se voir attribuer un budget exceptionnel, en sus du budget de fonctionnement habituel, de 50 millions d’Euros de la part du Ministère des armées.
Cette somme inédite, allouée pour la période 2020-2024, va permettre au musée d’évoluer et de remodeler sa muséographie. Premier chantier d’importante, les deux hall A et B, fermés au publics depuis très longtemps et qui servent depuis d’annexes des réserves vont être réintégrés au musée après réhabilitation.
Le premier recevra une salle destinée aux expositions temporaires et un nouveau planétarium y sera aussi construit, permettant d’accueillir plus de public. Il sera numérique « ce qui permet d’aller au-delà de la projection d’une carte de l’espace et de permettre un discours sur les limites du spatial et de ses enjeux ! »
L’autre hall sera consacré à la navigation aérienne commerciale. Il sera conçu avec les partenaires du musée de l’Air, notamment Air France mais pas seulement. Pour s’inscrire dans la dimension scientifique du musée, il y sera clairement question des enjeux immédiats et futurs de l’aviation civile.
Mais que vont devenir les avions abrités dans ces deux halls ? Certains seront exposés, d’autres rejoindrons Dugny où un nouveau bâtiment va être construit.
« Nous avons obtenu, enfin, de construire des réserves. Un centre qui permettra de lancer les programmes de restauration, notamment du Constellation, de la Caravelle et d’autres. «
Ce bâtiment de 10 000 m² va être érigé côté Dugny. Il permettra d’abriter plus d’aéronefs et sera d’une hauteur suffisante pour permettre l’intervention sur des avions comme le Constellation, un des appareils prioritaires pour y être abrités et restaurés.
« On n’a pas le choix, il doit sortir de terre en 2022 car il doit nous permettre de libérer les halls A & B afin qu’ils soient réaménagés dès 2023 »
L’arrivée de ce nouveau hall va aussi modifier la façon dont le musée va exposer ses appareils. L’idée serait de profiter du salon du Bourget pour entretenir une rotation dans l’exposition des appareils extérieurs. Tous les deux ans, certains appareils doivent libérer la place et être déplacés de l’autre côté de la piste pour libérer l’espace pour le Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace (SIAE).
Le nouveau centre de préservation sera sans doute visitable en groupe et sur rendez-vous et pourrait constituer une nouvelle attraction.
Ainsi le musée va encore profondément évoluer. L’installation d’un nouveau parcours extérieur baptisé « la rue » devrait permettre au visiteur de suivre à nouveau un sens de visite logique et chronologique.
« Le grand projet 20-24″, c’est la rue, la partie qui va nous permettre de sortir de la grande galerie, de circuler par l’extérieur pour avoir une possibilité de mieux visiter le musée de manière chronologique, de passer de la fin de la 1ère Guerre Mondiale à l’entre deux-guerre, sans passer par l’espace. »
La rue pourra être couverte : « nous voulons doubler la superficie des expositions couvertes, mais le plus simplement possible. »
Le hall de l’entre-deux-guerres va bénéficier d’une remise à niveau dans les années à venir : « il va être retravaillé pour ramener plus d’humain et plus de sociétal. » Concrètement, les avions exposés ne bougeront pas mais d’autres éléments seront amenés pour offrir de nouvelles informations aux visiteurs.
Avec de 200 000 à 300 000 visiteurs annuels, en fonction des années « Salon du Bourget », le Musée de l’Air souffre néanmoins depuis longtemps de son éloignement des transports en commun ce que l’ouverture de la ligne 17 et sa gare sur l’esplanade devrait bientôt modifier profondément.
La directrice du musée a donc aussi des objectifs ambitieux.
Cette évolution des transports dans le secteur va profondément bouleverser l’environnement immédiat du musée. Cette transformation se ressent déjà par les nouveaux programmes immobiliers en cours juste à côté de la future station de métro.
Le musée se félicite aujourd’hui d’une augmentation de 25% de ses visiteurs grâce aux actions ciblées dans le cadre de son centenaire et des évènements anniversaires. Les cinquantenaires d’Apollo ou du Concorde, grâce au soutien des réseaux ont, selon les organisateurs, « cartonnés ». Le centenaire du musée, ses expositions temporaires et son meeting aérien a également contribué à ce succès.
La multiplication des évènements semble avoir porté ses fruits. Pour l’avenir : « Les expositions temporaires sont prêtes. On va essayer d’équilibrer entre l’espace et l’aviation. »
A l’échéance 2024, l’objectif, terriblement ambitieux, est bien d’atteindre les 500 000 entrées par an et de faire en sorte que les visiteurs, qui passent en moyenne 4 heures au musée, restent encore plus longtemps.
« Quand le public franchit les portes du musée, il ne s’attend pas à ce qu’il va voir. il vient voir des avions, mais il voit beaucoup plus que ça et il ne s’attend pas à la taille du musée. Nous voulons amener nos visiteurs dans un musée où on passe une demie journée de visite à une journée entière pour devenir un musée « destination ». »
Mais ces changements signent aussi la fin de la gratuité des collections permanentes pour tous car elle sera, dès le 17 décembre, restreinte aux seuls moins de 26 ans. Pour les adultes, un tarif unique de 16 € par personne va être instauré à partir du 17 décembre, comprenant les collections permanentes et les visites des avions aujourd’hui proposées en option comme les deux Concorde ou le Boeing 747.
Les 25 hectares d’emprise du musée sont un atout inestimable. « Nous avons de l’espace. De la place pour faire circuler les visiteurs et pour accueillir des évènements avec un public nombreux. Il faut organiser cette place. »
Cet atout majeur va continuer à être utilisé pour le développement des collections. En contact avec les compagnies aériennes et les forces, le musée de l’Air est attentif au calendrier de retrait de service des avions et des hélicoptères afin de pouvoir jouer son rôle essentiel et de préserver les aéronefs lorsqu’il le faut. Et ce n’est donc pas une question de taille : « On ne se ferme pas à l’idée d’accueillir des grands formats ».
Le musée va donc encore connaître une série de travaux dont certains seront sans doute importants. D’ici 2024, la façon d’appréhender cet endroit aura sans doute fondamentalement changé. Mais tout commence aujourd’hui, en pénétrant pour la première fois dans le musée par la salle des 8 colonnes, au cœur de la nouvelle Grande Galerie.
Frédéric Marsaly
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Séry René
Malheureusement,c’est encore Paris qui va profiter de cette nouveauté Toulouse ville près de laquelle j’habite devra continuer à être le parent pauvre malgré son activité dans le domaine aéronautque.Le plus grave c’est l’absence de spectacle dans ce domaine..Ii serait souhaitable que le Bourget soit délocalisé.Ce serait ans l’intérêt de la france entière.Prenez l’exemple de l’Allemagne
Répondre 8 décembre 2019 à 11 h 11 min
Aeroscopia, vous connaissez ?
magnifique...enfin un musée de l'air digne de ce nom...