Le parc du Petit Prince a du mal à prendre de la hauteur

Le Parc du Petit Prince a ouvert ses portes, en juillet 2014, à Ungersheim (Haut-Rhin). Le projet était ambitieux et l’attente grande. La réalisation est déconcertante. Le Parc n’est pas à la hauteur de l’œuvre littéraire qui méritait mieux. Espérons que les promoteurs sauront se remettre en question.

En Alsace, dans le « Parc du Petit Prince » d’Ungersheim, deux ballons, aux couleurs de planètes imaginaires sont mobilisés pour emporter dans les airs un public tout acquis au personnage imaginé par Antoine de Saint-Exupéry et popularisé par le dessin animé diffusé sur France 3. Georges Brassens, dans une célèbre chanson, moquait les « faux Aubussons et les fausses armures »… C’est bien le problème du parc : l’Antonov 2 exposé, juste pour montrer un avion biplan « parce que Saint-Exupéry a volé sur un avion qui ressemblait à ça »… date de 1968 et ne ressemble pas au Bréguet XIV. La rose du Petit Prince est sous cloche. Les renards sont parqués dans un enclos, les pigeons de voltige font des loopings et le célèbre astéroïde B612, en résine de plastique, est posé à l’entrée du Parc, tout comme un vélo géant du Tour de France au milieu d’un giratoire.

Manifestement le Groupe Aérophile, promoteur du projet, a voulu réaliser un rêve d’enfant, s’appropriant le bel aphorisme de l’auteur de « Terre des hommes » et « Citadelle » : « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent ». Et Giacomoni et Matthieu Gobbi, les dirigeants, ont bien fait, parce qu’il n’y a pire chose que de vivre dans l’opinion d’autrui, nous dit un autre philosophe.

Mais l’ennui avec le Parc du Petit Prince d’Ungersheim, c’est que lorsqu’on le visite on se souvient que le lieu fut un parc d’attraction (qui a fermé faute de visiteurs) dont le thème principal n’avait rien à voir avec Saint-Ex, mais dont certaines activités ont été « customisées » façon Petit Prince.

Ce faux « parc aérien » est plutôt une sorte de « centre à errer » qui risque de décevoir les vrais et authentiques lecteurs de Saint-Ex, les amoureux du Petit Prince ; ceux qui l’ont lu en ladino, yiddish, polonais ou espéranto ; ceux qui se souviennent de la dédicace de ce merveilleux conte adressée à « Léon Werth, quand il était petit garçon », le meilleur ami de Saint-Ex, demeuré en France en 1943, tremblant de froid et pourchassé par les nazis ; ceux-là, tous ces lecteurs-là, peuvent vraiment regretter qu’on n’explique pas tout cela aux jeunes têtes blondes qui viendront au Parc… Et ils pourront légitimement penser que ce Parc du Petit Prince peut encore progresser dans la mise en valeur d’Antoine de Saint-Exupéry, de son petit héros et de tous ses amis.

Gosia Petaux

Bis Repetita

Implanté sur ce qui fut un premier parc d’attraction créé en 2006, Bioscope, consacré à la cause environnementale, le Parc du Petit Prince veut surfer sur l’engouement suscité par la série télévisuelle 3D Relief très appréciée des enfants et diffusée sur France 3. Déjà, dans les années 80, Homère avait eu l’honneur d’une transposition « d’Ulysse et de Télémaque-son-fils » (les enfants de l’époque, devenus adultes, se souviennent encore de la chanson qui ponctuait ce dessin animé…). En 2010, c’est cet autre monument de la littérature mondiale, « Le Petit Prince » (le texte le plus traduit au monde – plus de 250 langues et dialectes en avril 2014 – après la Bible et le Coran) qui a pris une forme virtuelle. Quatre plus tard, au cœur de la forêt d’Alsace, à Ungersheim, avec le soutien de la Succession Saint-Exupéry et de son directeur Olivier d’Agay, Jérôme Giacomoni et Matthieu Gobbi, son associé, ont réalisé leur rêve d’enfant…

Juste retour des choses : le 7 novembre 1492, cette fameuse année où le monde bascule dans la modernité, c’est tout près, à Ensisheim, qu’on enregistre la première chute d’un corps céleste, une météorite. Au point que le grand Dürer, qui séjourne à Bâle au même moment, immortalisera l’histoire dans son tableau « Mélancolie ». G.P.

++++Spécialiste du ballon captif

Le Groupe Aérophile SA est le leader mondial des ballons captifs. Il en a implanté plus de 60 dans 27 pays différents, de Disneyland Paris à Walt Disney World à Orlando, de Great Orange County Park au San Diego Zoo Safari Park en Californie en passant par le Smoky Mountains dans le Tennessee. C’est à Jérôme Giacomoni et Matthieu Gobbi, associés dans le Groupe Aérophile, que l’on doit aussi la mise en place de l’Aérophare à Evry2 en 2008 et la création du premier Aerobar au Futuroscope de Poitiers au printemps 2013.

L’idée est simple, astucieuse et populaire : permettre au plus grand, à un coût très modeste, de s’élever à 35 mètres au-dessus du sol pour le public du restaurant Aerobar, les pieds dans le vide, et jusqu’à 150 mètres pour les autres ballons qui restent reliés au sol par un « fil à la boule » d’un genre particulier, un gros filin interdisant toute évasion aventureuse de ces « plus légers que l’air » dignes de leurs illustres ancêtres, les « saucisses de 14-18 » qui permettaient d’observer les tranchées allemandes au plus fort du conflit. G.P.