Le témoignage du dernier homme sur la Lune

Engene Cernan n’a pas connu le même succès ni profité de la même popularité qu’un Neil Armstrong, qu’un Alan Shepard ou qu’un Buzz Aldrin. Il fait pourtant partie de la petite dizaine d’astronautes américains à avoir foulé le sol lunaire.

Engene Cernan, commandant d’Apollo 17, a été le dernier homme à marcher sur la Lune, titre de son autobiographie, un pavé de 475 pages où l’auteur nous fait revivre les plus grandes heures de la conquête spatiale américaine. La sélection, l’entraînement, très éprouvant des astronautes, leurs craintes, leurs angoisses à l’idée de piloter des fusées et des modules spatiaux complexes pour atteindre l’astre lunaire, les retours sur terre dans de véritables « baignoires en chute libre », la course contre la montre avec les soviétiques, les pressions du pouvoir américain, tout se trouve dans ce récit captivant.

Cernan a effectué trois vols dans l’espace, pilote sur Gemini 9, puis sur Apollo 10 et Apollo 17. Mais là où l’ouvrage se distingue de ce qui a déjà été dit et écrit sur les missions Apollo, Mercury ou Gemini, c’est que « Gene » Cernan n’est pas un adepte de la langue de bois. Il n’hésite à égratigner le mythe des héros de la NASA en décrivant les intentions peu glorieuses des responsables de l’agence spatiale américaine de l’époque et les petites guerres que sont livrées Aldrin ou Armstrong pour être le premier homme sur la Lune et entrer dans l’histoire ce 21 juillet 1969.

Certains propos étonnent, comme le jour où Cernan apprend qu’il aurait pu être sacrifié dans le vide sidéral, en cas d’échec d’une sortie dans l’espace. L’intéressé ne l’apprendra que bien plus tard. Ironie de l’histoire, âgé aujourd’hui de 76 ans, retiré dans un ranch du Texas, Engene Cernan a pris une certaine hauteur par rapport à ces événements. Ce qui renforce encore un peu plus son récit, c’est la simplicité et toute l’humanité avec laquelle il raconte cette extraordinaire aventure spatiale américaine.

Frédéric Beniada