Elle est avocate, il est pilote de ligne. Ils ont 30 ans. Entre 2012 et 2013, ils ont traversé plus de cinquante pays avec leur Pipistrel. En l’échange du gite et du couvert, Clémentine Bacri et Adrien Normier, ont mis leur ULM à la disposition de scientifiques du bout du monde. Ils ont rapporté de leur périple, 400 pages de pur bonheur et l’envie de repartir.
Que voilà un ouvrage rafraichissant et instructif. Si vous vous attendez à un document purement aéronautique, vous êtes à côté de la plaque ; c’est un récit multi-facette qui raconte une aventure hors du commun : faire le tour du monde avec un petit ULM au service de la science.
Wings for Science, le site internet de Clémentine Bacri et Adrien Normier->http://www.wingsforscience.com/] A dire vrai, vous ne ferez qu’un demi-tour du monde et il convient d’attendre le deuxième tome pour que l’odyssée s’achève. Les enseignements scientifiques alternent avec les rencontres inattendues et les moments les plus intenses du vol. Une fois commencé, on ne le lâche plus.
Ce livre est l’histoire de deux idéalistes qui décident de consacrer un an et demi de leur temps, et leur compétence aéronautique au service de la Science, et plus particulièrement de ceux qui auraient besoin d’utiliser un aéronef pour leurs études, et qui n’en ont pas les moyens. Le pilote principal, Adrien Normier, est non seulement pilote de ligne, mais ingénieur, doté de plus d’un esprit de Géotrouvetout, qui a fait progresser la représentation en 3D de la Terre. S’étant fait connaître, ils ont sélectionné 19 sujets de recherches, sur plus de 100 demandes. Clémentine Bacri, la copilote, forte de ses compétences d’avocate, et de son volontarisme souriant, apportait un plus dans les négociations, et maniait caméras et appareils photos. Vous les accompagnerez modéliser des volcans, compter les baleines, étudier les mangroves, rechercher les pétroglyphes, analyser l’état de forêts.
Le récit de Clémentine et d’Adrien commence par une demande en mariage insolite au sommet d’un volcan en éruption au Vanuatu, se poursuit par l’apprentissage de la vie à deux dans l’espace hyper réduit de la cabine d’un Pipistrel. Les incidents émaille le périple : un tube de Pitot débranché volontairement au dessus de l’Atlantique et les montagnes russes qui s’en suivirent, une vaccination du BCG qui conduit à la rencontre d’un sauveur blond dans un décor de Mad Max, une loi votée spécialement pour eux au Luxembourg pour leur autoriser le décollage souhaité. Une très grande arrête de poisson, qui fait visiter à Adrien plusieurs hôpitaux rustiques d’Amérique Latine. On tremble après coup pour les infections et incidents qui auraient pu survenir en vol.
Ce ne sont pas des super héros « bodybuildé » ; heureusement car la cabine de leur appareil est basse de plafond ; c’est un couple de jeunes trentenaires qui a simplement décidé que rien n’est impossible si on le décide et qu’on s’accroche ; si un désaccord est temporaire, une courte engueulade, une demi heure de réflexion , chacun de son côte puis on construit en commun une solution, et ça repart.
La science et l’écologie sont omniprésentes sans être rébarbatives. Il y a une description précise et passionnantes de la technique de chasse des fous de Bassan, telle qu’elle ne peut être observée que du ciel. L’apport d’Adrien avec les encarts techniques expliqué en terme simple sont importants, et on se rend compte que les nombreux enfants rencontrés dans les écoles au auprès de l’aéronef ont du être fort intéressés ; on aimerait parfois mieux connaître leurs réactions.
Les rencontres et les hébergements qui rappellent « J’irai dormir chez vous » d’Antoine de Maximy. Les formalités administratives sont comme bien souvent ubuesques et Kafka est devenu latino.
Les vols, pourtant exceptionnels, sont décrits avec un détachement et une modestie confondante, et pourtant on imagine la difficulté de ces longs vols dans un espace tellement restreint qu’on ne peut bouger ses membres que mentalement. L’arrivée à Tabatinga, ville frontière du Brésil, du Pérou et de la Colombie, après avoir fui un orage pendant une heure un quart, ou le survol de l’observatoire d’Alma, aux limites de la portance, avec l’aide des « pompes » générées par le vent du Pacifique montant à l’assaut des Andes, vous laisseront pantois.
Deux regrets : on aimerait trouver une vraie carte détaillée et quelques photos, si on garde le même papier. Sinon il convient de changer le papier et la police pour se rapprocher de la présentation des récits et œuvres littéraires.
Un espoir : que le deuxième tome australien et asiatique sorte très vite.
Jean Ponsignon
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Le tour du monde utile d'Adrien et Clémentine
Pour avoir eu la chance de flyer sur un Pipistrel Sinus et avoir fait un LFCU-LFOH aller et retour dans la journée, soit 1200 km, je peux vous dire que c'est loin d'être un "petit ulm". C'est une machine épatante oui! Parmi les toutes meilleures du marché.
Le tour du monde utile d'Adrien et Clémentine
"Un tour du monde utile " ? les autres tours du monde sont donc inutiles, voilà un bien étrange jugement de valeur...