Alors que les acteurs européens du spectacle aérien de l’European Airshow Council sont réunis depuis deux jours en visioconférence, en France, la saison 2021 des meetings aériens s’annonce compliquée et pleine d’incertitude. A l’initiative de l’association France Spectacle Aérien (FSA) et de l’Aéro-Club de France, les organisateurs d’évènements aéronautiques multiplient les échanges avec les autorités, imaginent de nouveaux outils et mettent sur pied une stratégie de défense et de promotion du spectacle aérien sous tous les formes.
C’est à l’automne que se prépare en général la saison future. En septembre 2020, le calendrier 2021 a commencé à se remplir rapidement comme si les organisateurs voulaient tirer un trait sur la saison blanche qu’ils venaient de connaitre. Et passer sans délai à la suivante…
Aux meetings annuels ou bisannuels positionnés les années impaires, sont venus s’ajouter quelques reports. 2021 montrait alors le visage d’une nouvelle saison prometteuse, malgré une pandémie encore très présente.
Les annonces distillées au compte-goutte par un gouvernement en proie au difficultés dans le choix des meilleures dispositions destinées à enrayer la propagation du virus et de ses variants ont entretenu un climat d’incertitude. Le doute s’est insinué dans l’esprit des organisateurs. Beaucoup ont commencé à se poser des questions quant à l’opportunité d’aller plus loin dans la mise en œuvre d’un meeting en 2021. Les pilotes de présentation étaient eux aussi en plein doute. Fallait-il reprendre l’entrainement ou valait-il mieux attendre quelques semaines, d’avoir des certitudes d’une reprise prochaine ?
Les meetings aériens n’apparaissent pas dans le scope des pouvoirs publics. En revanche, les organisateurs de spectacles aériens peuvent imaginer quel pourrait être le sort qui leur sera réservé, en observant les décisions prises pour la culture. les annulations de festivals de musique et de concerts ne laissent rien présager de bon.
L’annulation de la plupart des salons aéronautiques initialement programmés au premier semestre 2021 ne peut que semer le doute. L’abandon du salon du Bourget est tout sauf rassurant. Comment penser que les préfets puissent autoriser les meetings aériens quand ils émettent des avis défavorables pour des salons, festivals, compétitions sportives et autres manifestations faisant appel au public ? Il est aussi inquiétant de voir des organisateurs de meetings positionnés en septembre, choisir de reporter une nouvelle fois leur date, de la différer en 2022, voire de l’annuler.
Sans ignorer toutes les actions envisagées individuellement par chaque entité composant la communauté des spectacles aériens publics, l’Aéro-Club de France, dont la promotion de l’aviation est ancrée dans son ADN, associé à France Spectacle Aérien, pour qui la défense de ce secteur particulier est le « cœur de métier », se sont mobilisés côte à côte pour envisager certaines actions et réactions.
Ainsi, depuis le tout début de l’année 2020, alors que les menaces et pressions de groupuscules écologistes s’affirmaient de façon irrationnelle, au moment même où la Convention Citoyenne pour le Climat, rendait publique ses premières « conclusions », l’AéCF et FSA se sont mobilisés pour la défense des meetings, persuadés que s’inscrire dans une démarche visant à rétablir une certaine objectivité et à préparer la reprise, serait bien plus profitable que de « rendre coup pour coup ».
Pour attaquer le mal à la racine et tenter d’apporter une réponse, il convenait de s’interroger sur la manière de contenir, voire de réduire les effets indésirables. Les présentations en vol sont inévitablement génératrices de consommation de carburant et d’émissions de nuisances sonore. Un meeting aérien concentre des milliers de spectateurs en un seul lieu.
Pour tenter de répondre à ce questionnement et apporter des solutions, la Commission meeting de l’Aéro-Club de France s’est emparée de ce dossier sensible dès janvier 2020. De ses travaux doit sortir un référentiel des bonnes pratiques visant à préserver un maximum l’environnement dans l’organisation d’un spectacle aérien. Ce référentiel est destiné aux organisateurs soucieux de rendre leur évènement plus éco-responsable. Il est une aide face aux élus le plus réticents, aux activistes et aux riverains virulents. Une petite équipe, sensibilisée aux problèmes de sauvegarde de l’environnement, s’est constituée et œuvre depuis presque un an autour de ce thème. Le guide sera diffusé à partir de mai 2021.
Dès le mois de septembre 2020, la seconde étape, directement liée aux multiples rebonds prévisibles de la crise sanitaire, a poussé France Spectacle Aérien, en collaboration avec l’agence CISPE, (référence en matière de sécurité des grands événements) à une étude des risques de propagation du virus sur les meetings. Il s’agissait aussi d’envisager la mise en place de règles simples pour en réduite les effets.
Cette étude a conduit ses contributeurs à l’édition d’un Guide Sanitaire, toujours à l’usage des organisateurs souhaitant anticiper les demandes des autorités de tutelle (Préfets) lors de la constitution de leur dossier de demande de manifestation aérienne. Ce guide, dont la rédaction s’est terminée fin décembre 2020, a été dévoilé dans le courant du mois de janvier 2021.
Le dénigrement systématique de l’aérien ne doit pas être une fatalité. L’avis tranché de représentants de l’Etat prétextant, sans arguments chiffrés, le manque d’intérêt des meetings pour l’économie locale, loco-régionale, voire nationale, ne doit pas non plus rester sans réponse. D’où la décision de l’Aéro-Club de France et de France Spectacle Aérien, de commander une étude d’impact économique et stratégique des spectacles aériens en France.
Cette recherche, confiée à la Chaire Pégase de l’Université de Montpellier (MBS Montpellier Business School), est destinée à informer les plus hautes autorités de l’Etat de l’importance économique mais également stratégique de l’activité, dans laquelle les valeurs ne seront pas oubliées… Coordonnée par FSA, elle va se traduire par de nombreux audits des différents acteurs de la filière hexagonale et européenne, pour aboutir à une publication avant l’été 2021.
L’Aéro-Club de France et France Spectacle Aérien ne parviendront pas, seuls, à renverser la tendance. C’est une certitude partagée par tous. Les partenaires ont donc souhaité une fois encore fédérer. D’où la création, en septembre 2020, du collectif « Comité Stratégique », composé des principaux opérateurs des meetings aériens sur le territoire : Fondation des Ailes de France (ex Fondation Armée de l’Air), DGAC, CNFAS/FFA, SIAE, AéCF et FSA… Cette nouvelle entité, qui devrait se renforcer d’un représentant de l’Aéronavale et de divers consultants (éthique, préservation de l’environnement…) a pour vocation de définir la meilleure façon de se mettre en ordre de marche et répondre aux assauts actuels visant à détruire la filière.
« Ne cédons pas au dogmatisme ou à la tentation du bouc émissaire… » écrivent Catherine Maunoury et Bertrand Piccard dans une chronique en fin d’année 2020… « Nous sommes au début d’une nouvelle page de l’histoire et l’écrire prendra un certain temps. Mais aujourd’hui, comme il y a un siècle, nous avons tous ensemble la chance unique de construire l’aviation de demain, ne la laissons pas passer »
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« Nous sommes au début d’une nouvelle page de l’histoire et l’écrire prendra un certain temps. Mais aujourd’hui, comme il y a un siècle, nous avons tous ensemble la chance unique de construire l’aviation de demain, ne la laissons pas passer »
c'est qu'on écrit Catherine Maunoury et Bertrand Piccard il y a quelques semaines.
Comment ne pas être en accord avec cette vision ?
Les dés sont entre nos mains, il faut les lancer et comme l'écrivait StEx ''Pour ce qui est de l'avenir il ne s'agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible'' !