Les avions de 14-18 recherchés pour les meetings du Centenaire.

Centenaire oblige, les appareils militaires de la période 1914 – 1918 vont être propulsés au devant de la scène de nombreux meetings aériens de cette année 2014, où ils vont détrôner les traditionnels warbirds. La difficulté pour les organisateurs des meetings est de dénicher les machines rares à des prix abordables.

Dans nombre de villes de France, dès le printemps prochain, le centenaire du début de la 1ère Guerre Mondiale va être célébré à grand renfort de manifestations. Au-delà des commémorations nationales labellisées par la « Mission Centenaire 14 – 18 », des comités régionaux ou locaux se créent et commencent à réfléchir à la meilleure façon de rappeler aux hommes du 21ème siècle ce que fut ce conflit qui allait avoir des conséquences dramatiques durant une bonne partie du siècle dernier.

Ce centenaire emprunte ainsi les traits d’une riche saison culturelle jouant sur tous les registres et va être porté pour les quatre années à venir par la société française tout entière, et, tout au moins aussi pour cette année, par le monde de l’aviation. Une communauté qui souhaite mettre en valeur le rôle décisif des machines volantes lors du conflit et l’importance de cette nouvelle arme, née tout juste la veille du premier affrontement.

La principale difficulté que vont rencontrer les organisateurs des commémorations mettant en scène des avions de cette période, sera de réunir un nombre suffisant de ces machines pour composer un spectacle digne de ce nom. Car si les principales associations de collectionneurs dans l’hexagone disposent maintenant de parcs importants de machines des années 30 à 50, dans lesquels se trouvent nombre d’avions d’entrainement et (pour une plus faible part) de chasseurs de la Seconde Guerre Mondiale, celles qui s’attachent à préserver, restaurer, voire maintenir en état de vol des avions du début de la grande épopée aéronautique, se comptent encore sur les doigts d’une main.

Si on exclut les collections qui n’abritent que des appareils exposés en statique (la plus importante et la plus authentique étant celle du Musée de l’Air et de l’Espace de Paris-Le Bourget) qui, pour la plupart ne sont pas ou très peu souvent déplacés, il n’y a vraiment que sur l’aérodrome de Cerny, à la Ferté Alais, que quelques beaux spécimens ou répliques d’appareils contemporains du 1er conflit sont préservés et entretenus par une poignée de passionnés.

Plus au sud, le Breguet XIV de l’association Toulousaine Le Breguet XIV entre prochainement en grande visite pour quelques mois après 10 années d’utilisation en vol, afin de préparer un vol commémoratif Brésil–Uruguay-Argentine, sur le trajet historique des Lignes Latécoère devenues l’Aéropostale en 1927, en forme d’hommage à tous les acteurs de « La Ligne ». du même nom, le Blériot XI du club Aéro des Garrigues et quelques appareils d’Ailes Anciennes répartis dans plusieurs régions, ont trouvé au fil du temps leur place dans les meetings. Au total, pas plus d’une quinzaine d’avions en état de vol susceptibles d’être engagés sur l’ensemble des manifestations commémoratives. C’est peu si on compare ce patrimoine volant à celui des associations Anglaises, notamment !

Spad XIII , Fokker D VII F, RAF SE5a, Fokker DRI triplan, Morane AI chez Memorial Flight, Blériot XI et autre Morane AI chez les Casques de cuir, Caudron GIII et SE5a sous les hangars de l’AJBS, figurent bien parmi les seuls appareils susceptibles de figurer au programme dynamique de ces meetings, pour autant que ces associations acceptent de les faire quitter, par la voie des airs, le cocon du plateau de l’Ardennais.

Le plus souvent pièces uniques, on comprend aisément la réticence de leurs propriétaires à lancer les plus fragiles de ces joyaux sur la campagne, à la merci d’une quelconque avarie les obligeant à un atterrissage hasardeux hors de toute piste préparée.

Même si certains pilotes, renouant ainsi avec l’aventure vécue par leurs ancêtres en d’autres temps et circonstances, acceptent ce défi régulièrement pour se rendre sur le lieu du meeting où ils sont engagés, le démontage des appareils et le convoyage par la route est la solution la plus souvent utilisée, mais aussi la plus coûteuse en énergie et frais d’engagement.

Aussi, Les Ailes du pays de Meaux (13 – 15 juin), Les Fêtes Aériennes du centenaire à Valenciennes (13 juillet) Les Ailes Sparnaciennes à Epernay (1er Août), L’aviation Militaire de la Grande Guerre à nos jours à Roanne (6 septembre), Somme 14 – 18 à Amiens (12 – 14 Septembre) et Mémoire et Liberté à Rennes (20 et 21 septembre) pour ne citer que les meetings aériens les plus importants déclarés à ce jour, n’auront pas vraiment d’autre choix que de puiser dans ces rares collections et prévoir un confortable budget, peut-être plus qu’habituellement, pour assurer la qualité de leur manifestation.

Certains de ces organisateurs (labellisés ou non par la Mission Centenaire 14 – 18 qui regroupe déjà plus de 1000 projets en France et à l’étranger) recherchent actuellement d’autres machines contemporaines de cette époque susceptibles d’être exposées en statique et ainsi enrichir leur plateau… Si, contre toute attente, dans un coin de hangar sommeillent encore de tels trésors sous la poussière, le moment semble opportun de s’y intéresser.

Philippe Chetail