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Sans Thierry Barbier, les couleurs de la Terre ne seront plus les mêmes

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Jean Ponsignon

Notre collaborateur Jean Ponsignon a bien connu Thierry Barbier, le fondateur de Earth Colors, décédé aux commandes de son ULM, le 14 mars 2016, au Kenya. Il l’a notamment aidé promouvoir son action. Il rend hommage à cet aventurier qui utilisait l’aviation pour aller à la rencontre des autres, tout autour de la Terre.


Vous avez été nombreux à réagir sur le site AeroBuzz, mais en temps que collaborateur du site, je souhaitais lui apporter un hommage personnel.

Voici plus de 10 ans, je l’avais invité lors de la première nuit des courts métrages aéronautiques de l’Aéro-Club de France à venir nous parler de son retour de Madagascar en ULM, de façon à le faire connaître et à essayer de susciter des sponsors. C’était un aventurier modeste mais convaincu. Bien avant de découvrir l’ULM, il avait été passionné de moto et avait parcouru l’Asie et notamment le Tibet. Soucieux de partager ses émotions, il en avait rapporté photos et livres de souvenirs.

J’avais une génération de plus que lui, mais la passion de la photo nous réunissait. Il me rapportait ses photos et j’en faisais des audiovisuels qui alimentaient ses conférences et causeries. Je m’efforçais de le faire connaître, l’invitant aux Rencontres Aéronautiques et Spatiales de Gimont, pour qu’il y dresse son exposition sur le survol de l’Afrique et qu’il s’adresse aux enfants des écoles, lui l’ancien instituteur qui croyait tant dans les enfants. Puis nous sommes intervenus successivement puis ensemble auprès du Comité d’entreprise de la Snecma. C’est à cette occasion que je l’ai convaincu de faire modifier son Nynja pour lui adapter des flotteurs et ainsi survoler l’Amazone de ses sources boliviennes jusqu’à l’Atlantique, ce qui je crois n’avait jamais encore été fait sur la totalité du parcours du fleuve.

Après chaque voyage, Amérique du Sud, Grand Nord, Traversée Nord Sud de l’Afrique, je le voyais évoluer, de plus en plus détendu, de plus en plus heureux de découvrir la Terre vue du ciel, et de faire partager ses émotions et son admiration face à la beauté de cette Terre colorée. C’est tel qu’il se présenta au Zango, quelques jours avant son dernier départ à l’invitation de la Guilde (du Raid) et de la Société des Explorateurs français. Il était fier de la présence de ses deux fils aînés et de l’équipe qu’il avait réussi progressivement à constituer.


Au cours de ses voyages, il appréciait, par dessus tout, les rencontres humaines, les discussions le soir autour d’un feu. Il proposait des vols de découverte ; certains furent exceptionnels ; c’est ainsi qu’il fit voler des femmes Himba en Namibie qui n’avaient jamais vu un aéronef auparavant et qui baptisèrent cette année là comme « l’année de l’avion ».

Il était certes attaché à sa maison originale à trois étages de Conflans St. Honorine où régnait un certain désordre, sans doute organisé, mais par dessus tout il aimait Madagascar, patrie de sa femme, où chaque année il améliorait la maison qu’il avait achetée, en ajoutant une pièce ou solidifiant un mur. Il avait l’intention de s’y installer dès qu’il aurait fini de survoler tous les pays du monde. Il en était à plus de la moitié en ayant parcouru au moins 90. Il s’y voyait organisateurs de découverte du pays à moto.

Les causes du crash ne nous sont pas encore connues, mais c’était un pilote responsable et un instructeur apprécié de ses élèves, et des copilotes successifs qui l’accompagnèrent dans une partie de ses expéditions (quand ce n’étaient pas sa femme ou ses fils qui l’accompagnaient. Il avait affronté le survol des Andes et la traversée de l’Atlantique Nord. Il connaissait les risques, et l’Afrique de l’Est ne lui était pas favorable ayant dû actionner son parachute lors de sa première odyssée africaine, et ayant planté son Nynja dans les arbres du Kenya, voici trois mois, en raison d’une essence défectueuse.

Il est mort en pratiquant sa passion, accompagné d’un journaliste aimant son métier. Son sourire modeste, empreint parfois d’un peu de tristesse restera dans nos mémoires.

Jean Ponsignon

Thierry Barbier avait fait le choix de la Liberté…
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Jean Ponsignon

En parallèle d’une carrière de 29 ans dans le conseil en organisation et management et de 6 ans dans l'humanitaire, Jean Ponsignon a signé une centaine d’articles sur deux sujets principaux, l’aéronautique et l’humanitaire, pour Aviation & Pilote, Aventure, Bourgogne Magazine, La Croix… Il a rejoint Aerobuzz, début 2013. Jean Ponsignon traite l’actualité culturelle.

View Comments

  • Tout d'abord, merci pour cet article.
    Toutefois, je tiens à souligner une petite erreur.
    Thierry Barbier a 5 enfants. Ses deux filles ainés, et le plus agé de ses fils étaient présents au Zango, ce qui, comme vous l'avez mentionné, l'avait rendu fier.

  • Quelle tristesse d'apprendre la disparition de Thierry. Alors que j'étais au chevet de ma mère mourrante, mon père et moi regardions toujours cette émission sur Aerostar. Elle me permis de m'échapper un peu de notre triste situation ( mon père était mécano et instructeur dans l'Armée de L' Air, les odeurs de kérosène ou le bruit d'un moteur ont toujours le même effet sur moi!).
    Godspeed, Thierry.
    Mes sincères condoléances à toute sa famille.

  • Sans Thierry Barbier, les couleurs de la Terre ne seront plus les mêmes
    Adieu l'ami !
    Toi, qui aimait tant parcourir le monde, te voilà sur d'autres chemins.
    Toi, dont la vie fut si riche et pleine, tu peux partir heureux du chemin parcouru.
    Toi, dont la plume nous a donné tant de récits et de rêves en partage, nous ne t'oublierons pas.
    Nous garderons de toi le souvenir d'un homme qui avait l'aventure au coeur.
    Toi, dont le chemin sur cette terre s'achève, c'est en homme libre que tu nous quittes.
    Respect à toi l'homme digne, et courageux jusqu'au bout.
    Nous te souhaitons bonne route dans cet ailleurs.
    C'est avec le coeur lourd que nous venons te dire adieu.
    Nos pensées vont vers toi Thierry, repose en paix où que tu sois désormais. Farhan , Arnaud et Antonin.

  • Sans Thierry Barbier, les couleurs de la Terre ne seront plus les mêmes
    Bonjour
    Permettez moi de me présenter, je suis Mohamed MATAOUI l'assistant et co équipier de Thierry, au sein de notre association, je tenais à vous exprimer mes chaleureux sentiments pour vos interventions, la dernière fois qu'on s'est vu au Zengo, il était très heureux et très reconnaissant pour tous ce que vous avez fait pour lui, et pour notre association, il est vrai qu'il va nous manquer terriblement. Bon vol Thierry.
    Acceptez mes salutations les plus sincères .
    M MATAOUI

  • Sans Thierry Barbier, les couleurs de la Terre ne seront plus les mêmes
    Un monument de gentillesse, ce Thierry. Il est au paradis des pilotes, c'est sûr.

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