Le festival de bande dessinée d’Angoulême (30 janvier-2 février 2014) fait cette année encore une petite place à l’aéronautique à travers une poignée de dessinateurs et de scénaristes, mais aussi quelques éditeurs spécialisés. Toutefois, la plupart à renoncé à faire le voyage…
Peu de chances qu’un dessinateur ou un scénariste de BD aéronautique soit distingué, cette année encore, à Angoulême. Dans le petit monde de la bande dessinée, l’aviation n’est pas un thème branché. Les auteurs et les éditeurs spécialisés seront néanmoins présents à la grand messe du 9ème art. Pas tous toutefois. Certains évitent systématiquement cette foire où ils sont harcelés par des chasseurs de dédicaces. Ils préfèrent les meetings aériens où ils rencontrent de vrais lecteurs, des passionnés avec lesquels il est plus facile d’échanger. Et puis, le retour sur investissement n’est pas garanti quand on est aviateurs de papier…
La bande dessinée aéronautique qui a connu ses heures de gloire dans les années 60 et 70, a quasiment disparu à la fin des années 90. Buck Danny se débattait alors dans une sombre affaire de droits de succession. Tanguy et Laverdure étaient tombés au champ du déshonneur, victimes collatérales d’un bras de fer entre ayant-droits. Dan Cooper avait pris sa retraite, bien que son créateur, Albert Weinberg, stakhanoviste de la dédicace, sillonnât l’Europe des salons BD. Pendant cette traversée du désert, deux nouveaux héros apparurent, Biggles dessiné par Francis Bergèse (puis Eric Loutte), et Lieutenant Mc Fly par Jean Barbaud.
Aujourd’hui, le rayon « BD aéronautique » déborde et le tassement des ventes que connaît depuis deux ou trois ans l’édition, ne décourage pas les ardeurs des éditeurs.
Certains se sont fait de l’aviation une spécialité. C’est le cas de Zéphyr (Unité Félin, Emergency, Airblues, etc), d’Idées+BD (Histoire de l’aéronautique, Histoires de pilotes, etc) ou de JYB Aventures (Missions Kimono). D’autres en ont fait leur cheval de bataille ; c’est le cas en particulier de Paquet, l’éditeur de Romain Hugault.
Et puis il y a tous les éditeurs généralistes qui les uns après les autres y viennent ou y reviennent en ressuscitant des séries emblématiques, comme Dargaud avec Tanguy et Laverdure, ou en créant de nouvelles séries avec plus ou moins de succès. C’est par exemple Le Lombard avec Centaures (Hertzet/Loutte), Delcourt avec le Faucon du désert (Zumstein), Soleil avec Wunderwaffen (Nolane/Maza), Glénat avec Bowen (Formosa), etc. A cette tendance s’ajoutent les one shots, c’est à dire les récits en un album qui permettent à des auteurs de concrétiser une envie. Pour n’en citer qu’un : Juillard avec Mezek, servi par un scénario de Yann (Le Lombard).
Face à la multiplication des titres, les lecteurs ne suivent plus. Devant la montagne d’invendus, les éditeurs se recentrent et se radicalisent. C’est le retour au réalisme, seule valeur qui compte en bande dessinée aéronautique. Les séries humoristiques (Dézingueurs, Luftgaffe 44, Les héros navals, etc) l’ont appris à leurs dépends. Jean Barbaud et ses collègues se consoleront en se disant que l’humour n’a jamais permis de décrocher une palme d’or à Cannes et qu’Albert Uderzo, le père d’Astérix (et de Tanguy et Laverdure) a été distingué à Angoulême, à l’usure.
Gil Roy
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BD Aéro à Angoulême 2014...
Bonjour Gil,
Juste de retour de 4 jours à Angoulême où j'étais invité avec Maza pour Wunderwaffen (on a eu même droit à une affiche spéciale de plus de 2 m de haut dans la librairie de Soleil...), je ne suis pas d'accord avec ceux qui prétextent la pression des "chasseurs de dédicaces qui ne discuteraient pas" pour refuser de venir.
Ou alors c'est que nous avons eu droit à un traitement spécial car je suis rentré avec la voix cassée à force d'avoir parlé avec les gens. des lecteurs parmi lesquels se trouvaient un certain nombre de pros (pilotes d'avions et d'hélicos, militaires et civils).
Voilà. C'était juste pour préciser ça.
Amitiés,
RDN
Les éditeurs de bande dessinée redécouvrent l’aéronautique
Voici une analyse très précise de la situation. Merci d'avoir cité les "GRANDS" de la B.D. aéronautique. Quand la vague d'engouement d'Angoulême ( pas mal, hein ? ) sera passée, les noms de Barbaud, Bergèse et Loutte resteront.
Les éditeurs de bande dessinée redécouvrent l’aéronautique
Mouais...conclusion un peu biaisée, Gil: Uderzo, entre autres, pouvait se "consoler" avec des ventes plus que confortables ! ;)