Sur l’aérodrome de Lyon-Corbas, les anciens hangars de l’ALAT, recèlent de trésors. Une cinquantaine de passionnés se relaient pour faire visiter cette étonnante collection d’avions, d’hélicoptères et de moteurs, encore méconnue, pendant qu’une autre cinquantaine démonte et remonte les dernières acquisitions.
On ne s’improvise pas guide-conférencier à Lyon-Corbas. On commence par apprendre chaque pièce de la collection avant de pouvoir accompagner des visiteurs sous la supervision d’un guide instructeur. Ce n’est qu’après avoir suivi avec succès ce cursus que l’on devient guide qualifié. Ils sont ainsi 48 membres de l’association à être autorisés à guider les visiteurs à travers les deux grands hangars, les réserves, les ateliers et dans les nombreuses salles d’exposition.
Chaque machine exposée a son histoire, chaque type a joué un rôle dans les forces aériennes françaises et c’est cela qu’il est important de restituer. Le musée de l’aviation de Lyon-Corbas est un acte de foi dont la sincérité se mesure au soin apporté à la préservation des avions et des hélicoptères, à leur mise en valeur et à la passion de ceux qui les remettent en état et les racontent.
En l’espace d’une douzaine d’années, Bernard Tribble, le président fondateur du musée lyonnais a réuni à Corbas l’une des plus remarquables collections d’avions et d’hélicoptères ayant servis sous les cocardes de la France. Il lui a également offert un écrin chargé d’un passé aéronautique militaire. Les trésors que récupère l’infatigable président sur les bases aériennes de l’armée de l’air et depuis peu de l’aéronavale, sont présentés à l’intérieur des anciennes installations du 5ème Groupement d’hélicoptères légers (ALAT) qui a quitté Corbas en 1998.
Pendant de nombreuses à Lyon-Corbas, pour beaucoup face à la pression immobilière et au développement de la plus grande zone industrielle de l’agglomération lyonnaise qui se rapprochait dangereusement de la plate-forme aéronautique, le seul rempart était l’ALAT. Les plus pessimistes anticipaient son départ et dans la foulée la fermeture du terrain d’aviation, en imaginant le transfert des DR400 de l’aéro-club de Villeurbanne dans le Beaujolais, celui du centre de parachutisme sportif dans le Forez. Quant au vol à voile, pour les grandes plumes, c’était évidemment les Alpes du sud.
Après le départ des Alouette 2 de l’ALAT s’en est suivi une longue période de flottement. Les deux hangars de 2.000 m2 chacun suscitaient la convoitise, surtout à l’extérieur de la plate-forme. Les projets pour reconvertir l’aérodrome ne manquaient pas à l’époque. Bernard Tribble a activé ses réseaux et fin 2003, il a enfin obtenu l’utilisation des anciennes installations militaires pour concrétiser son projet. Avant de remettre en état les premiers avions qu’il avait récupérés, il a fallu faire un grand ménage dans les 4.000 m2 de hangars et les 500 m2 de bureaux laissés à l’abandon pendant près de six ans.
Bernard Trible aime l’ordre et cela se voit. Même s’il a du resserrer les avions, les hélicoptères et les moteurs au fur et à mesure qu’il en faisait entrer de nouveaux, chaque pièce a sa place. Grâce à son carnet d’adresses et à ses entrées sur les bases aériennes, chez Dassault et chez Safran, le colonel de réserve a pu récupérer l’ensemble de l’outillage qui correspond à chaque type d’avion. C’est évidemment très utile pour la petite cinquantaine de mécanos qui depuis quelques mois travaille à l’abri, sur un espace de 800 m2 couverts.
Quand nous sommes allés (re)visiter le musée de Corbas, les mécanos s’affairaient autour d’un Mirage F1B, dernière acquisition en date. Ils se tiennent prêts à aller démonter la demi-douzaine d’avions que leur président a récupérée un peu partout en France. Il y a un Vampire, un Mirage IIIC, un Super Mystère B2, un Alphajet aux couleurs de la Patrouille de France et même un Super Etendard. Avant de rapatrier ces nouvelles pièces de collection à Corbas, il faut obtenir de la mairie l’autorisation de construire un nouveau hangar de 2.000 m2. Le financement privé a été réuni, il ne manque plus que la signature du maire.
Bernard Tribble fait partie de ces gens qui ont de grands projets et qui les concrétisent malgré les obstacles et l’adversité. Le musée avec ses hangars, ses salles d’exposition de matériel aéronautique, son centre de documentation, sa salle de cours et même sa petite boutique en est la preuve. Dès l’origine, l’idée était d’implanter à Corbas un « centre pédagogique et culturel ». C’est aussi devenu une réalité.
Depuis quatre ans, deux membres de l’association, tous deux instructeurs avions, assurent tous les samedis de 9h30 à 12h00, des cours dans le cadre du Brevet d’initiation aéronautique. Il y a une quinzaine d’élèves par promotion et le taux de réussite est de 100% souligne avec fierté le président.
Le musée est également ouvert aux élèves de 3ème et de 2ème qui souhaitent venir faire leur stage Découverte. C’est 30 à 40 collégiens et lycéens qui passent une ou deux semaines à Corbas chaque année scolaire. Des accords ont également été passés avec cinq établissements français pour accueillir des Bac Pro en stages. L’ESTACA envoie aussi des élèves-ingénieurs à Corbas.
La transmission est la maître-mot à Corbas. Il suffit d’aller visiter le musée pour le vérifier.
Gil Roy
Musée de l’aviation EALC
Parc de loisirs. Rue Nungesser et Colli
69960 Corbas
04.78.90.35.24 (14h à 17h30).
Visite tous les jiurs sauf mardi de 14h00 à 17h30 (hiver) ou 18h30 (été)
Entrée : 7€ adulte, 5€ 14 à 17 ans, 3€ 8 à 13 ans. Gratuit pour les moins de 8 ans.
Contact@ealc.fr
www.ealc.fr
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Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Oui, vraiment, belle initiative que cette série sur nos musées, leurs trésors et leurs ardents gardiens-défenseurs! Merci encore une fois à aerobuzz.fr
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
J’indique aux éventuels intéressés par la création d'un musée similaire que la base aérienne BA 128 de METZ a été fermée il y a 3 ou 4 ans
On y trouve de beaux hangars....
On est à 1h25 de Paris en TGV
La base appartient maintenant à la communauté METZ MÉTROPOLE
laquelle cherche à développer des activités sur cette base
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Un magnifique musée dont les bijoux sont restaurés et maintenus par une équipe de passionnés ! Bravo à tous et merci à Aérobuzz de leur rendre hommage par ce reportage !
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Superbe musée, mais à quand un musée volant comme les Anglais et les Américains savent si bien le faire ??? je sais ça coûte un bras mais bon eux ils y arrivent alors pourquoi pas nous ?
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Excellent souvenir de ma visite là-bas en 2003, je crois, lors d'un mini-festival BD organisé dans le hangar, avec toi, Gil ! Il me tarde d'y retourner ! Bravo à toute cette équipe dont nous avions apprécié l'énergie !
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Et c'est écrit dessus, Mirage IVP, même si la photo est minuscule! D'ailleurs, ça serait sympa de pouvoir voir chaque photo en (très) bonne définition, via un lien, par exemple...
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Super reportage bien qu'il faille voir ce musée en direct!!
L'idée de placer le mirage III à côté du mirage IV est superbe, ça montre bien la différence de taille entre ces deux monuments historiques, les guides sont vraiment agréables et répondent avec précision aux questions, n'hésitant pas a donner des détails croustillants!
La qualité des pièces et avions est plus que bonne, un travail de restauration minutieux!!
Brefs, que du bonheur! A voir!
(D'ailleurs vous m'avez motivé pour re-re-retourner voir ces bijoux! ;D)
Un énorme MERCI a tous ceux qui nous font rêver (a travers le temps passé a remonter, bichonner, connaître ces appareils, c'est un travail de titan)
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Et s'il vous manquait une raison de retourner au musée, le mirage III C N°30 est arrivé hier à Corbas en provenance de la défunte BA 102 de Dijon Longvic.
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
L'avion identifié comme étant un Mirage lllR est en fait un Mirage IVP.
Une formation de guide n'est pas inutile en effet...
Les gardiens lyonnais du patrimoine aéronautique militaire national
Bonjour!!
Bonne idée que cette série d'articles sur les musées et tous ces passionnés qui les font vivre.
Accessoirement, la troisième photo n'est pas celle d'un Mirage IIIR, mais plutôt celle d'un Mirage IV.
Bonne journée à tous