Réédition, à l’initiative de l’aéronaute Daniel Casemode, de deux ouvrages littéraires majeurs de l’histoire de l’aéronautique, œuvres de Barthélémy Faujas de Saint-Fond, parus à partir de 1783 : « Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier » et « Première suite de la description des expériences aérostatiques de MM de Montgolfier »,
Toute chose a un commencement (et une fin, aussi, mais là n’est pas mon propos). Il en est de même de la littérature aéronautique. Laquelle commença par le rêve et l’utopie, les plans sur la comète. Mais qui fut le premier à publier sur un sujet aéronautique véritable, relatant des faits observés qu’il a scrupuleusement étudié ? Réponse : Barthélémy Faujas de Saint-Fond. Lequel fit éditer, fin 1783 puis assez vite l’année suivante, deux volumes sur l’envol des ballons, volumes qui peuvent être considérés comme les premiers ouvrages au monde jamais écrits sur des machines volantes ayant volé. Ces deux livres sont les ouvrages fondateurs, originels, dont les collectionneurs avisés évidemment s’arrachent les éditions originales de la fin du XVIIIe siècle. Encore faut-il déjà en trouver, et là, le prix de chaque opus s’écrit avec quatre chiffres… C’est quand même assez logique.
Alors, il faut rendre hommage à l’initiative de Daniel Casemode, aéronaute connu dans ses sphères (jeu de mots !), d’avoir fait rééditer Description des expériences de la machine aérostatique de MM. de Montgolfier et Première suite de la description des expériences aérostatiques de MM de Montgolfier, qui rend ces incunables abordables par le commun des mortels. A part leur couverture, que personnellement j’ai trouvé trop « bas de gamme », le contenu est le rigoureux fac-similé de la première à la dernière page (et il y en a approximativement 350 pour le vol. 1 et 380 pour le vol. 2, au format 14,5 x 20,5) de la publication d’origine : un heureux possesseur des originaux les a prêtés pour que l’éditeur les scanne. On se délectera donc – en fait, il faudra souvent faire des efforts d’interprétation, tant la typographie (les s comme des f par exemple), l’orthographe et certaines expressions ont évolué. Mais cela fait aussi l’un des grands intérêts de cette lecture !
Barthélémy Faujas de Saint-Fond, né en 1741 (décédé en 1819) fut un scientifique (géologue). On s’intéressait beaucoup aux Sciences alors, notamment la Physique. Le décollage des ballons fut un événement de portée planétaire et tout le monde (comprendre : ceux ayant suffisamment de temps et d’argent) se passionna pour les expériences des « globes aérostatiques ». Notre homme le premier, qui y participa même, dans la mesure où il fut l’instigateur de la souscription qui permit au professeur Charles et à l’un des frères Robert d’inaugurer la « charlière » (par analogie avec la montgolfière), le ballon gonflé (péniblement) à l’« air inflammable », le « gaz subtil » que Lavoisier appela hydrogène… Invérifiable, l’auteur nous apprend que Joseph et Etienne Montgolfier y avaient pensé, mais avaient finalement opté pour le chauffage de l’air (un feu de paille mélangé à de la laine initialement), moyen moins onéreux… On s’aperçoit que pour les contemporains des événements, il n’y a pas de schisme entre charlière et montgolfière. Historiquement, effectivement, le premier round fut remporté par le ballon à air chaud, le second par le « sphérique à gaz » (qui régna sans partage durant tout le XIXe siècle et la première moitié du XXe), et le troisième par un retour de la montgolfière…
Passionné, voulant « aider la Science » par un ouvrage de référence, Faujas a réuni tous les éléments qu’il pouvait trouver, observations, témoignages, analyses, etc. pour les publier au plus vite. Pressé, on peut penser qu’il a même été surpris par le premier trajet humain, survenu moins de six mois après « le ballon d’Annonay », ce qui l’a conduit à y revenir plus en profondeur dans le deuxième tome. Lequel ne couvre d’ailleurs pas tous les essais de 1784, tant ils furent nombreux. Un troisième était promis, qui ne vit jamais le jour, l’intensité de l’actualité eut rendu le travail impossible…
Quelle belle idée que d’avoir réédité Monsieur Faujas, que d’avoir proposé à la plèbe que nous sommes, autre chose que des manuels de pilotage, ou de sempiternelles monographies sur les avions de la Seconde Guerre mondiale ! Ceux qui ont un peu de culture ou qui désirent en avoir se précipiteront sur ces livres pour en enrichir leur cervelle et leur bibliothèque. Car c’est plus que la naissance de l’aérostat qui est relatée dans ses pages, c’est l’instantané d’une époque. Je recommande chaudement.
Jean Molveau
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Lots de consolation pour aérobibliophiles
On sent la "petite érection " à ta lecture cher ami comme quoi point n'est besoin d'être tombé dedans à la naissance pour posséder le sujet. Même s'il ne s'agit pas de sa période de prédilection, ta fougueuse recension serait fichue de donner envie.
Bravo pour ta passion
Amitiés
BP.