Valérie André et son équipage, devant l'Alouette III de la Sécurité Civile, qui intègre alors les collections du Musée de l'Air et d'Espace, accueillie par Gérard Feldzer et Michèle Alliot-Marie, Ministre de l'Intérieur, en juin 2009. © F. Marsaly / Aerobuzz.fr
Médecin et pilote d'hélicoptère lors de la Guerre d'Indochine, Valérie André est décédée, le 21 janvier 2025, à l'âge de 102 ans. Elle fut bien plus qu'une pionnière de la féminisation de l'aéronautique et des armées. Elle a marqué fortement l'histoire des voilures tournantes françaises au point de, privilège rare, donner son nom à l'héliport de Paris.
Passionnée d’aviation, la jeune Valérie André débute une formation de pilote privé que la guerre interrompit. Ce n’est qu’après le conflit qu’elle se fait breveter parachutiste et pilote de vol à voile à l’issue de ses études de médecine, en 1948. Elle intégra ensuite le service de santé des armées pour servir en Indochine. Sur le terrain, elle soigna les blessés de guerre. En 1950, s’étant portée volontaire, elle passa son brevet de pilote d’hélicoptère.
De retour en Indochine, et à partir de mars 1952, sous les ordres du Capitaine Alexis Santini, elle commença à effectuer des sauvetages à bord d’un des rares hélicoptères Hiller opérationnels sur ce théâtre d’opérations, sauvant ainsi de très nombreux combattants, autant dans les airs que dans son bloc opératoire. Elle poursuivit cette double mission ensuite en Algérie et participa donc à démontrer aux armées l’intérêt de disposer d’appareils à voilure tournante, ce qui aboutit notamment, en 1956, à la création du brevet militaire de pilote d’hélicoptère.
Ce n’est qu’en 2010 que, rétroactivement, elle reçut le brevet n°001 confirmant, officialisant même, son rôle de pionnière des Evasan et autre missions CSAR !
Promue médecin général en 1976, ce qui fit d’elle la première femme atteignant le grade de général, elle est nommée en 2e section en 1980 après 4200 heures de vol et 479 missions de guerre. Elle ne reste pas inactive pour autant et écrit trois livres, tout en s’attachant à promouvoir l’égalité homme-femmes à une époque où c’était encore un sujet de pionnières. Elle laisse une trace indélébile dans la grande histoire de l’Armée de l’Air et de l’aviation française.
Dans les années 2000, il n’était pas inhabituel de la croiser au Bourget lorsque le musée de l’Air organisait un évènement autour des hélicoptères ou des femmes aviateurs. C’est ainsi qu’elle arriva en compagnie de Michel Drucker, à bord de l’Alouette III de la Sécurité Civile lorsque celle-ci intégra les collections du Bourget en juin 2009. Il y eu aussi des « fly in » féminins organisés par Gérard Feldzer autour du 8 mars à l’occasion des journées des droits des femmes, et Valérie André était là au milieu de ses consœurs, celle qui ont suivi ses traces jusqu’aux cockpits des appareils les plus performants, les plus complexes et dans les fonctions de commandement les plus exigeantes.
Pour son centenaire, en 2022, l’héliport de Paris-Issy les Moulineaux fut donc rebaptisé de son nom, privilège qui reste rare pour le monde des aviateurs. Ce choix apparaît d’autant plus logique, non seulement en raison de son activité aéronautique, mais aussi par ses liens avec la ville d’Issy puisqu’elle épousa Alexis Santini, oncle d’André Santini, maire de la commune depuis 1980. Présente à la cérémonie, elle apparaissait déjà très diminuée et ce fut une de ses dernières apparitions publiques.
Madame le Général Valérie André n’est plus. Titulaire d’innombrables décorations, elle laisse un héritage de pionnière de l’aéronautique et de la féminisation des armées par l’exemple d’une carrière d’exception.