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Culture Aéro

Marc Pourpe, l’aviateur de l’Orient

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Jean Molveau

Il faut se féliciter que, malgré la fin de la période du centenaire de l’éclosion de l’aviation, puisse encore sortir aujourd’hui une biographique d’une « vieille tige » (pilote-aviateur breveté avant le déclenchement de la Grande Guerre) telle que celle-ci.

Certes, Marc Poupe est moins connu qu’un Garros ou qu’un Védrines.  Mais, de toutes ces femmes et de tous ces hommes qui découvrirent « sur le tas » le monde de l’air, en donnant ses lettres de noblesse à l’aviation, parfois au péril de leur vie, tous sans exception méritent que l’on se souvienne d’eux, et qu’on rende un hommage à leur courage, leur fougue, ou même leur inconscience ! Sans eux, les célèbres comme les obscurs, nous n’en serions pas là où nous en sommes aujourd’hui…

Alors, certes, le nom de Marc Pourpe ne fait pas partie des plus célèbres de ce glorieux panthéon des pionniers, mais il y en a bien d’autres comme lui qui veillent dans l’ombre ! Que dire des Audemars, des Balsan, des Brindejonc-des-Moulinais, des Dubonnet, des Gilbert, des Paulhan et j’en passe, au milieu de centaines d’autres, tous méritants ?

Une trajectoire erratique

Plutôt chétif et effacé, le jeune Marc Pourpe a connu une enfance difficile, avec des parents séparés et une mère qui acquit sous le nom de Liane de Pougy une célébrité potentiellement sulfureuse, qui ne lui a guère prodigué d’affection maternelle. « Demi-mondaine » comme on disait alors, brillant sur les planches comme dans les alcôves, ce personnage était plus attiré par l’ascenseur social – dont elle a parfaitement su se servir – que par son fils. Lequel a, par conséquent, fait ce qu’il a pu pour se construire tout seul.

L’un des premiers raids de l’aviation naissante, début 1914, la liaison entre Le Caire et Khartoum. Le pilote a fait la couverture d’un magazine de la Belle-Époque. © coll. J. Molveau

Voulant exister par lui-même, le jeune homme finit par se rendre compte que les aviateurs de la Belle-Époque sont célèbres, et qu’ils gagnent leur vie, parfois très bien, en se produisant devant des foules conquises… Tout de même à bonne école eu égard aux agissements de sa mère, il n’hésite pas à pratiquer le bluff pour se lancer (non sans de multiples déboires) dans une carrière aéronautique dans laquelle il ne ménagera pas ses efforts pour « percer ».

Sous d’autres latitudes…

Il débutera donc en Australie. Comme un premier chapitre rocambolesque de sa vie. Il connaîtra ensuite un éphémère début de célébrité par une traversée de la Manche aller-retour, mais c’est en Indochine qu’il révélera son plein potentiel, étant le premier à révéler les ailes de la puissance coloniale française en Asie du Sud-Est. Il courut ensuite le long du Nil, des Pyramides jusqu’à Karthoum, au Soudan, avec le Morane-Saulnier du franchissement de la Méditerranée racheté à Roland Garros.

Il souhaita relier par air Paris à Saïgon lorsque la Première Guerre mondiale éclata. Celle-là ne lui a pas permis de briller, il meurt en tant que simple soldat pilote, dans le brouillard du début décembre 1914… Chez cet homme, la ténacité a côtoyé la fragilité.

Marc Poupe, l’aviateur de l’Orient, par Thierry Le Roy, Bretagne-Aviation Éditions. 210 pages. 16 x 24 cm. Prix : 20 €. ISBN : 978-2-9578400-0-7.

C’est donc la biographique d’un vrai personnage (son mécanicien de toujours, devenu pilote a laissé une marque plus forte dans l’histoire, puisqu’il s’agit de Raoul Lufbery), bien qu’un peu pathétique, que livre l’universitaire Thierry Le Roy dans cet ouvrage de 210 pages au format 16 x 24.

Bien peu avait été écrit sur Marc Pourpe, qui se contentait jusqu’à lors d’une hagiographie de Jacques Mortane (qui fut son ami) parue en 1937 et d’un chapitre dans la Belle-Époque des pionniers de Port-Aviation sorti en 2009. Ce volume complet, documenté et bien écrit rend un hommage justifié à cette figure des temps héroïques restée injustement méconnu.

Jean Molveau

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Jean Molveau

Journaliste aéronautique, Jean Molveau est le rédacteur en chef du magazine Vol à Voile dont il est l’un des fondateurs (1983). Il a également été, jusqu'en 2019, le rédacteur en chef d'Aviasport. Historien reconnu de l’aéronautique, il a signé 16 ouvrages. Il a rejoint Aerobuzz en 2009. Au sein de la rédaction, Jean Molveau traite plus particulièrement les sujets historiques.

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