Le meeting de Roanne aura bien lieu, le 11 septembre 2016, comme prévu. Du filtrage des entrées à l’éloignement des parkings de la zone publique, les organisateurs ont été contraints de mettre en œuvre des mesures de sécurité sans précédent pour satisfaire aux exigences des pouvoirs publics.
L’Inter Club Aéronautique de Roanne qui est aux commandes du meeting aérien depuis plusieurs décennies a été confronté cette année à une situation singulière. Dans un contexte de risque maximal d’attentats, la Préfecture de la Loire a imposé des mesures de sécurité strictes. Certaines étaient quasiment impossible à mettre en œuvre pour une organisation associative, associative n’étant pas ici synonyme d’amateurisme, loin de là, mais de but non lucratif.
Alors qu’un peu partout en France, depuis le 14 juillet dernier, de nombreux organisateurs ont préféré jeter l’éponge, se jugeant incapables de faire face matériellement aux contraintes sécuritaires renforcées, les Roannais ont relevé le défi. Avec les pouvoirs publics, ils ont recherché les moyens de sécuriser le périmètre où doivent être accueilli les 15.000 spectateurs attendus.
Dans la Loire, le meeting de Roanne est une fête populaire. Les gens y viennent en famille. Ils arrivent tôt le matin pour pique-niquer avant le début du spectacle. C’est parce que depuis toujours les clubs de la plate-forme ont su entretenir cette ambiance familiale que ce rendez-vous biennal est devenu l’un des plus grand meeting aérien de France. Il fallait conserver cet aspect sans faire, évidemment, d’impasse sur la sécurité.
Le meeting de Roanne, c’est un peu l’ancêtre des meetings de l’hexagone, presque une institution. Telle une horloge bien réglée, chaque mois de septembre, les années paires, le grand show ligérien se répète depuis 44 ans, avec toujours le même succès. Déjà, dans les années 30, les fêtes aéronautiques Roannaises, sur le champ d’aviation de Bois Combray avaient acquis une solide réputation. Les meilleurs pilotes de l’entre deux-guerres s’affrontaient dans des joutes fraternelles et les voltigeurs rivalisaient de virtuosité sur les appareils de l’époque… Ainsi Albert Fronval, Marcel Doret et tant d’autres se produisirent ici, sous les regards étonnés de la foule qui découvrait le plus souvent ce monde de l’aviation.
Le second conflit mondial stoppa ces réjouissances et ce n’est qu’en 1973, sous la direction de Georges Rémy, chef d’orchestre de l’événement et grâce une participation massive de la collection Salis venue de La Ferté Alais, que le premier meeting nouvelle génération (re)vit le jour. Depuis, avec un thème à chaque fois différent et la présence des meilleurs présentateurs, cette manifestation, l’une des seules de cette importance en région, est devenue un grand classique du genre, que le public attend chaque fois avec une certaine impatience.
Du haut de cette expérience, les organisateurs du meeting 2016 ont su anticiper et trouver les bonnes solutions. Grâce à des appuis et à ses partenaires financiers, ils ont pu faire face à la demande des autorités préfectorales, tout en cherchant à limiter leur impact financier. Pour armer les cinq postes d’inspection filtrage donnant accès à la zone publique, il a fallu avoir recours à une société privée de surveillance qui en lieu et place des habituels bénévoles, mettra du personnel habilité à la fouille et à la palpation. Ce surcoût s’ajoute à celui du renforcement des forces de police et de gendarmerie.
Hormis les rallonges budgétaires successives qu’il a fallu aller chercher, les organisateurs ont du satisfaire des exigences de la Préfecture qui sont venues alourdir les préparatifs. La création de nouveaux parkings en est un exemple. Dans les jours qui ont précédé l’événement, les pouvoirs publics ont demandé une série de renseignements individuels sur les 250 bénévoles impliqués dans l’organisation et sur les pilotes présentateurs et leur équipage. Un travail administratif dont se serait sans doute passé les organisateurs qui, au final, auront su faire face à toutes les demandes des autorités ou presque…
Ils n’ont en effet pas pu empêcher l’annulation en toute dernière minute de l’exposition « Des Ailes et des Hommes » animée par l’Armée de l’air. Elle était initialement prévue sur la place de l’hôtel de ville de Roanne. Les autorités militaires ont jugé que la sécurité des aviateurs animant cette exposition était insuffisante… Faudra t-il désormais que des militaires en uniforme soient protégés par d’autres militaires (en armes) pour exercer leur mission de communication ?
C’est donc un contexte un peu particulier qui préside à la tenue de ce nouveau meeting où plus de six heures de spectacle non stop sont proposées au public, comportant un plateau des présentations grandement renouvelé. Sur ce point, le challenge est réussi avec la présence du show de wingwalking mis en scène par Emiliano Del Bueno, champion Italo-Suisse de voltige et Danielle Hugues qui marche entre les ailes d’un Stearman, des patrouilles d’avions anciens, de la voltige en solo (Dorine Bourneton, marraine du meeting, Claude Roux, Eric Vazeille…), en patrouille (Skyloop – Swift Team – Pioneer team – Patrouille Sparflex…) et des hélicoptères (EC 135 – AS 550).
Avec un thème très ciblé « aviation militaire », des années 1912 (Blériot XI) à nos jours (Mirage 2000 et Rafale), l’Armée de l’Air, l’ALAT (TBM 700) et les collectionneurs dont les avions ont écrit une page d’histoire de l’aviation militaire (Hurricane – Yak 3 – T28 – Zéphyr et Alizé), ont largement répondu présents. L’équipe parachutiste de l’Armée de l’Air et ses chuteurs proposent un exercice de voile contact et de précision d’atterrissage, dans la pure tradition des Phénix qui l’ont précédé sur l’aérodrome, quelques décennies auparavant.
Enfin, Mirage 2000 et Fennec venus de la base d’Orange démontreront, en live et vrai grandeur, comment ils procèdent dans la réalité pour venir en aide à un autre appareil égaré, en détresse ou en perdition. Un exercice de mesures actives de sûreté aérienne (MASA) auquel succèdera le show de clôture des huit Alphajets de la Patrouille de France, menée par le Cdt Christophe Dubois leader de la formation 2016, une série comportant, elle aussi de nombreuses innovations.
C’est donc sous le signe de la nouveauté que Roanne accueille son meeting, 22ème du nom ! Un rendez-vous auquel le public peut se rendre en toute tranquillité, en sachant que tout a été mis en oeuvre pour lui permettre d’assister au spectacle en toute sérénité.
Philippe Chetail
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C'est un Cap 232 et non 222 qui est sur la photo du duo Skyloop.
Probablement une ancienne image prise quand la patrouille évoluée avec un Cap 232.
Bravo aux organisateurs de braver vents et administrations pour maintenir le droit de vivre sa vie en France.
Bien sûr, tous les hauts fonctionnaires, en dépit de leur niveau de salaire qui pourrait faire croire qu'ils assument des responsabilités, en fait se replient systématiquement derrière ce fichu principe de précaution....
Heureusement qu'il n'existait pas dans la préhistoire, car nous ne serions jamais descendus de notre arbre!!!
Le comble est effectivement l'annulation par les militaires qui au contraire devrait être en première ligne, comme leurs collègues du plan vigie pirate....
Cherchons l'erreur..