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Categories: Culture Aéro

Plutôt montgolfière ou ballon ?

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Jean Molveau

Ne rêvez plus, volez ! Tel est le titre d’une magnifique exposition présentée jusqu’au 7 novembre 2016, à la Maison de l’armateur, en la bonne ville du Havre.


Titre un peu trompeur, puisqu’il ne s’agit pas d’un forum destiné à attirer la population vers la pratique de l’aviation de loisir. Il faut le lire en entier, car il est précédé de l’interrogation « Montgolfière ou ballon ? », question, il faut bien le dire, dont l’actualité est relative à celle du XVIIIe siècle… Et c’est exactement ça. Cette exposition est un événement artistique.


L’apparition des montgolfières (aérostats à air chaud) et charlières (aérostats utilisant le gaz, l’hydrogène à l’époque) en 1783 a été un séisme planétaire, une révolution technologique comme l’Homme n’en avait pas connu depuis l’invention de la roue : il réalisait qu’il pouvait transformer son rêve ancestral en réalité tangible, il pouvait voler ! S’en est suivi, logiquement, naturellement, ce qu’on a appelé la « ballonmania », frénétique durant deux bonnes années, et s’atténuant doucement par la suite tout en perdurant une bonne partie du XIXe siècle.

Les « globes aérostatiques » se sont infiltrés dans le domaine des arts décoratifs (gravures et dessins, mais aussi faïence, porcelaine, mobilier, orfèvrerie, papiers peints…) et de la mode tant féminine que masculine (éventails, coiffeuses marquetées, bijoux, etc.). Les objets « au ballon » se sont multipliés. Cette époque est représentative d’un foisonnement artistique aérostatique (et extatique ?) à laquelle cette exposition est consacrée.


Plusieurs amateurs très éclairés se sont associés pour constituer cet événement exceptionnel que constitue l’actuelle exposition de la Maison de l’armateur. L’association Muller-Quênot d’abord, qui présente 320 pièces sur les quelque 550 qu’elle compte. Les deux hommes qui l’ont fondée en 1980 sont des experts internationaux du domaine, et ont entrepris de constituer une collection d’aérostation dans un but didactique, pour qu’elle soit montrée au public.

Les Ailes brisées, ensuite, bénéficiaires de l’impressionnant patrimoine de Charles Dollfus, aéronaute et premier conservateur ce qui s’appelait alors le musée de l’Air. Certaines de ses richesses sont présentées pour la première fois.
Y a également collaboré Jean-Claude Ragaru, universitaire, aéronaute, auteur de plusieurs ouvrages sur la naissance de l’aérostation et fondateur de son musée À l’Homme volant, à Sablé-sur-Sarthe, ainsi que Benoît et Aude Blanchard, lointains cousins de Jean-Pierre Blanchard.

Résultat, Montgolfière ou ballon ? Ne rêvez plus, volez ! est ce qu’on a fait de mieux dans le domaine, depuis La part du rêve, au Grand Palais à Paris en 1983, année du bicentenaire du vol humain !


Ce bel ensemble s’admire dans les locaux de la Maison de l’armateur, un hôtel particulier de style Louis XVI construit en 1790 et classé Monument historique depuis 1950. Ni tout à fait une habitation privée ni un musée, certaines salles sont habituellement traitées pour présenter la ville du Havre, son port, ses négoces. Les autres sont les appartements richement meublés. Les objets d’aérostation sont valorisés selon leur usage et organisés en des « cabinets » spécifiques : cabinet des faïences, cabinet militaire, etc.


Sans citer toutes les reliques qui sont visibles au Havre, il est possible d’en remarquer quelques-unes parmi les plus emblématiques :
– un fragment de l’enveloppe du ballon à gaz de la première traversée de la Manche, effectuée le 7 janvier 1785 par Jean-Louis Blanchard (avec l’Américain John Jeffries en passager) ;
– un fragment de l’enveloppe du ballon l’Académie de Dijon, du physicien Guyton de Morveau, qui vola le 25 avril et le 12 juin 1784 ;
– deux porte-flambeaux de la 1e compagnie d’aérostiers datés de l’an II de la République – les deux seuls connus ;
– une pendule automate au ballon de 1829 signée Cailly…

Autour de l’exposition sont organisés des conférences et des ateliers, ceux-ci s’adressant surtout aux enfant jusqu’à 12 ans durant les périodes de vacances scolaires. Ne rêvez plus, volez ! vaut le détour, comme disent les guides touristiques !

Jean Molveau

Informations pratiques

Montgolfière ou ballon ? Ne rêvez plus, Volez !

  • Du 9 avril au 7 novembre 2016 à la Maison de l’armateur, 3 quai de l’Île, 76600 Le Havre
  • Tél. : 02 35 19 09 58 ou 02 35 42 27 90
  • E-mail : musees.histoire@lehavre.fr
  • Horaires : jusqu’au 31 octobre de 10 à 12 h 30 et de 13 h 45 à 18 heures tous les jours sauf mardi ; du 1er au 7 novembre de 10 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 45 à 17 h 30.
  • Tarifs : plein tarif 5 €.
La Maison de l’armateur, au Havre, un haut lieu culturel.
La charlière de Guyton de Morveau, financée par l’Académie des sciences de Dijon, effectua deux vols en 1784. Elle était munie de voiles et d’un gouvernail, bien sûr sans aucune utilité puisqu’un ballon ne se déplace pas dans la masse d’air, il se déplace avec la masse d’air…more
Jean-Louis Blanchard fut, le 7 janvier 1785, le premier aéronaute à traverser la Manche d’ouest en est, avec comme passager le docteur Jeffries. Le ballon à gaz était initialement muni de rames dans un souci de dirigeabilité, qu’il fallut jeter par dessus bord pour éviter de tomber à l’eau !more
Rafraîchissoir en tôle patinée dorée, évoquant la première montgolfière habitée, le 21 novembre 1783. Époque Empire.
La Ballonmania : un éventail représentant Charles et Robert, première ascension d’un ballon à hydrogène le 1er décembre 1783.
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Jean Molveau

Journaliste aéronautique, Jean Molveau est le rédacteur en chef du magazine Vol à Voile dont il est l’un des fondateurs (1983). Il a également été, jusqu'en 2019, le rédacteur en chef d'Aviasport. Historien reconnu de l’aéronautique, il a signé 16 ouvrages. Il a rejoint Aerobuzz en 2009. Au sein de la rédaction, Jean Molveau traite plus particulièrement les sujets historiques.

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