« Le premier homme sur la lune – Neil Armstrong – restera à tout jamais dans les livres d’histoire, tant que l’Humanité honorera son passé ! » Tels sont les mots de Charles Bolden, administrateur de la NASA au lendemain de la disparition de Neil Armstrong. Marie-Christine Bernelin et Philippe Coué, signent une biographie du premier homme à avoir foulé le sol de la Lune.
« Armstrong avait un peu de mal à maîtriser la trajectoire à partir de la vision extérieure. Il se trouvait dans la situation d’un pilote qui doit poser son avion lorsqu’il y a une très légère couche de brouillard à travers laquelle il distingue des objets Christian Lardier, Air et Cosmos N°2182 du 24 juillet 2009, cité dans l’ouvrage.. » (Page 95). Puis, à 16h19 ce 20 juillet 1969, « les téléspectateurs du monde entier avaient alors entendu cette phrase incroyable : Houston, ici la base de la tranquillité, l’Aigle est posé ! » (page 95).
On ne pourra reprocher à la génération du « tout-informatique-en-temps-réel », qui confond souvent le virtuel et la réalité, de ne pas s’émouvoir à la seule description de cet alunissage de l’équipage d’Apollo 11 le 20 juillet 1969. Blasés ils sont nés, blasés ils resteront. Mais ceux qui ont vécu en direct et en noir et blanc l’Evénement, avec un « E » majuscule, se souviennent qu’ils en avaient la chair de poule et les larmes aux yeux.
Je faisais partie de ces 600 millions de téléspectateurs qui ont frissonné ce jour-là ! « Armstrong avait commencé à sortir avec précaution, en suivant les indications que lui donnait Aldrin. Arrivé à la dernière marche, il n’avait lâché l’échelle qu’après s’être assuré qu’il n’aurait pas de difficulté pour remonter. […] Enfin, les deux pieds posés sur le sol de la Lune, après s’être légèrement écarté du LM LM : Lunar Module, il avait alors déclaré : C’est un petit pas pour un homme, un bond de géant pour l’Humanité. » (page 97).
Le livre de Marie-Christine Bernelin et Philippe Coué, deux grands spécialistes des questions spatiales, sobrement intitulé « Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune » (Editions A2C Médias) raconte comme une belle histoire, presqu’un conte de fée, l’aventure de ce pionnier exceptionnel qu’était Neil Armstrong, commandant de bord du vol historique d’Apollo 11 jusque sur la Lune. Depuis son baptême de l’air le 26 juillet 1936 à 6 ans « alors qu’il se rendait à l’office avec son père […] et qu’ils aperçurent un Ford Trimoteur dont le pilote proposait des baptêmes de l’air à prix réduit. Ils saisirent cette opportunité et prirent place à bord… » (page 14), jusqu’à son dernier départ pour « d’autres cieux » le 25 août 2012 après un quadruple pontage coronarien.
Les auteurs ont choisi de mettre l’accent à la fois sur le côté humain de ce passionné inconditionnel de l’air et de l’espace, et sur celui de ses nombreux exploits techniques, notamment lorsqu’il était pilote d’essai. Ainsi, Armstrong atteindra Mach 1,75 à 48 840 pieds le 30 novembre 1960 avec un X-15, premier avion-fusée expérimental. Puis, un an plus tard, c’est Mach 3,76 qu’il franchit à 81 000 pieds encore avec un X-15. Et le 26 juillet 1962, il passe carrément Mach 5,74 à 98 900 pieds, toujours avec un X-15.
Côté Espace, Armstrong connaît un premier incident grave lors du vol de Gemini 8 les 16 et 17 mars 1966 : « Le nouveau couple spatial (la capsule Gemini 8 et le long remorqueur Agena) poursuivait imperturbablement sa course en survolant successivement Rio de Janeiro, L’Atlantique Sud, L’Afrique et Madagascar. C’est au moment où la pointe nord de la grande île de l’Océan Indien apparut aux astronautes que le premier incident majeur du programme spatial américain débuta. Scott : on a des problèmes sérieux ; on est parti en roulé-boulé. Armstrong : on tourne de plus en plus vite et je ne peux rien faire. Je ne peux pas arrêter cette damnée machine. Nous culbutons tant que nous pouvons. Nous peinons à contrôler la situation. Mais pour Neil Armstrong, l’échec n’avait jamais été une option. Au bord de l’évanouissement, il fit ce que la situation exigeait : couper le système principal de contrôle d’attitude et enclencher les rétro-fusées. Après 15 minutes d’une séquence infernale, le vaisseau fut stabilisé… » (pages 62 à 64)
Après Apollo 11, voici venir les tournées « médiatiques » autour du monde. « En pleine guerre froide, il était difficile d’imaginer que ce tour du monde médiatique ne servait pas aussi la propagande, celle de la NASA c’était évident, mais surtout celle de l’Amérique. » (page 106). A commencer par la grande parade de l’équipage au complet (Edwin Aldrin, Michael Collins et Neil Armstrong) sur Broadway à New York devant quatre millions de personnes. « A la vérité, le commandant d’Apollo 11 n’avait pas été préparé à une telle épreuve… » (page 107)
Puis, peut-être fatigué par les missions qu’il mènera à la Commission spatiale nationale américaine en 1985, en tant que vice-président de la commission présidentielle sur l’accident de la navette spatiale Challenger en 1986, puis en tant que membre de la commission d’enquête sur l’accident de Columbia, ou bien tout simplement parce que « la Lune lui était montée à la tête… » (page 129) selon les propos de sa propre épouse Janet, Armstrong subit sa plus grande défaite. « L’homme qui avait marché sur la Lune fut totalement bouleversé et on le vit prostré dans sa ferme attendant en vain des nouvelles de son épouse. Il se demandait comment celle qui avait accepté tous les sacrifices de sa carrière de pilote d’essai et d’astronaute avait pu quitter le foyer qu’il avait créé à l’abri de ses vieux démons. Mais Janet n’est jamais revenue et le divorce fut définitivement prononcé, quelques années plus tard, après 38 ans de mariage. » (page 130).
Quoi qu’il en soit, l’Histoire retiendra, selon son compagnon de mission Edwin Aldrin (page 136) que « Neil Armstrong était un commandant très compétent à la tête d’un exploit qui sera reconnu jusqu’à ce que l’homme pose son pied sur Mars. »
Bruno Rivière
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Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Bravo ! C'est exactement celà !
Vous avez tout dit !
Un grand merci pour cet échange, et ... à bientôt (comme on dit) pour de nouvelles aventures.
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Bonjour Laurent !
Je vous remercie de votre réaction concernant les livres que je lis, souvent avec passion, pour vous !
Dans ce papier, je ne dénigre nullement la génération montante. Je me contente de dire : « … une génération qui SOUVENT … » Souvent, ça ne veut pas dire tout le temps, et ça ne concerne pas tout le monde.
Cependant, je vous l’accorde, je suis très « remonté » contre la « Y » génération dont on a déjà parlé dans les colonnes de ce site. Peut-être que je ne comprends pas bien l’état d’esprit de CERTAINS jeunes qui DE TEMPS EN TEMPS, m’expliquent que Facebook notamment, c’est un grand pas pour l’humanité… Pour ma part, je ne le pense pas. Mais je suis évidemment ouvert à toutes les explications.
Bien à vous
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Merci Bruno Rivière pour votre réponse.
De mon côté, je perçois l'époque dans laquelle nous vivons comme symptomatique d'une génération plus ancienne cherchant à brider l'innovation technologique au profit de la rentabilité et démystifier l'esprit d'aventure au profit de l'argent. Il s'agit bien entendu de CERTAINES personnes, de TEMPS en TEMPS, mais les stéréotype ont la carcasse si dure qu'on est loin de clore leurs débats stériles. Ne nous entre-tuons donc pas à l'heure où nos héros disparaissent des mémoires, et retournons sur la lune pour que vive leur souvenir.
A vous lire.
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Bruno Rivière,
Je vous remercie pour autant de franchise envers ma génération. Il est important que tout le monde sache de votre plume que nous sommes d'apathiques iconoclastes dénués de sentiments et d'esprit d'aventure. Néanmoins puis-je me permettre de vous demander de ne pas vous éloigner, à l'avenir, de votre activité de critique littéraire aéronautique, chose que vous maîtrisez et qui fait partie prenante du grand plaisir que j'ai à consulter Aerobuzz quotidiennement.
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Le 25 août au soir, vers 21h30, je fermais les volets de la maison. Mes yeux furent attirés par la Lune, qui ce soir-là était dans son premier quartier. Le spectacle était très beau, dans un ciel sans nuage, la Lune me faisait face. Je ne pus m'empêcher de prendre mes jumelles pour l'admirer une fois encore, car il y avait longtemps que l'opportunité ne s'était pas présentée comme cela.
Le lendemain matin, j'apprenais la mort de Neil Armstrong à la radio. Il était mort vers 15h30, l'heure à laquelle j'avais pris mes jumelles pour regarder la Lune.
Je ne me sens évidemment pas responsable de sa disparition, mais j'ai pris cette coïncidence comme un signe tangible du lien qui unissait Armstrong à la Lune et aussi à la communauté de ceux qui gardaient le souvenir innoubliable de l'évènement "On a marché sur la Lune".
J'appris par la suite que sa famille avait refusé une cérémonie grandiose pour son enterrement. Elle avait demandé que ceux qui voulaient rendre hommage à Neil Armstrong regarde la Lune de temps en temps en pensant à lui : "un clin d'oeil à la Lune". C'est ce que j'ai fais sans le savoir ce soir du 25 août.
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Vous avez raison, le virtuel n'est qu'une pale copie du réel, je n'ai pas besoin de livre pour le savoir (d’ailleurs les livres font parti du virtuel), je vie presque autant en virtuel qu'en réel. Le virtuel ne sert qu'a vivre des choses impossibles.
Ce qui me choque c'est la phrase "Blasés ils sont nés, blasés ils resteront." tout les jours l'humanité m'impressionne (en mal ou en bien), et comme vous il m'arrive de verser une larme devant des images d'archive.
Toutes les générations ont des psychopathes, des imbéciles et des extrémistes mais il ne faut pas généraliser. Surtout dans un article qui n'a rien a voir avec ça !
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
Personne ne s’en prend à la génération du « tout-informatique-en-temps-réel ». Il faut reconnaître, selon les enseignants et les psychologues, que certains jeunes ont tendance à confondre réel et virtuel. Les instructeurs de pilotes de lignes sont d’ailleurs là pour rappeler qu’un simulateur, aussi perfectionné soit-il, n’est jamais « comme dans la réalité ». Claude Lelaie lui-même, pilote d’essais et responsable des essais en vol de l’A380 en parle dans son remarquable livre « Les essais en vol de l’A380 » (Editions Cherche Midi). Voir AeroBuzz du 5 décembre 2012.
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
« Blasés ils sont nés, blasés ils resteront ».
Difficile de dire que l'auteur ne s'en prend pas à cette génération.
Et difficile aussi de comprendre l'intérêt dans l'article de cette remarque aigrie visant une population aussi diverse que l'ensemble d'une génération.
On peut être né dans le « tout-informatique-en-temps-réel », être passionné et émerveillé par l'aéronautique et l'espace et comprendre l'importance de ce 20 juillet 1969. C'est mon cas.
NeLo
Neil Armstrong, un clin d’œil à la lune !
pourquoi s'en prendre a la génération du « tout-informatique-en-temps-réel » ?
Nous sommes des individus et (pour la plupart d'entre nous) nous avons des sentiments et nous connaissons la différence entre le réel et le virtuel bien mieux que vous les générations « tout-analogique-en-différé »