Nomination surprise de Catherine Maunoury à la tête du musée de l’air

Catherine Maunoury succède à Gérard Feldzer à la direction du musée de l’air et de l’espace du Bourget. Un nouveau défi pour la double championne du monde de voltige aérienne.

La rumeur annonçait un cosmonaute. C’est une voltigeuse que le ministre de la Défense a sortie de son képi. Catherine Maunoury a été nommée à la direction du musée de l’air en remplacement de Gérard Feldzer. Elle prendra officiellement ses fonctions début août 2010. La surprise est de taille. Non seulement l’intermède civil se prolonge, mais le poste est confié à une femme. Une première.

Beaucoup s’interrogent sur les capacités de la plus populaire et la plus titrée des aviatrices françaises à piloter cette institution qui emploie 110 salariés et repose sur un budget total (fonctionnement et investissements compris) de 8 millions d’euros. Une vraie PME. Catherine Maunoury sera-t-elle à la hauteur ? Les chasseurs de têtes qui l’ont retenue parmi une cinquantaine de personnalités le pensent. A elle de démontrer maintenant qu’elle est à la hauteur…

La nouvelle directrice du musée de l’air est une femme de défi. Elle a non seulement gagné un premier titre de championne du monde de voltige en 1988, mais elle a réussi un incroyable retour au plus haut niveau, en décrochant un second titre, douze ans plus tard. Du jamais vu. La preuve d’une force de caractère et surtout d’une détermination à toute épreuve. Et si elle se sent moins bien armée pour prendre en main la gestion et le management du prestigieux établissement, elle pourra s’appuyer sur le personnel du musée qui compte dans ses rangs des professionnels de qualité, consciencieux et impliqués. Ils l’ont démontré au cours des cinq années qui viennent de s’écouler.

Dès sa prise de fonctions, en 2005, Gérard Feldzer a en effet bousculé la routine. Il a fallu du temps à certains pour retrouver leurs marques, mais au final, le bilan est positif. Huit nouveaux espaces ont été créés comme le hall de la Seconde guerre, celui de la voilure tournante ou encore l’espace Saint-Exupéry. La grande galerie qui a toujours besoin d’un rafraîchissement s’est enrichie d’une nouvelle scénographie pour les avions de la Grande guerre et d’une remarquable reconstitution de l’atelier des frères Voisin. Le 16 juin 2010 a été ouvert Planète Pilote, un espace dédié aux 6-12 ans qui donne au musée des airs de Cité des Sciences. Au cours de ces cinq dernières années, le musée a également multiplié les événements (Mondial de la simulation, la BD prend l’air, Aéropuces, les Femmes de l’air, etc).

En cinq ans, le musée de Bourget a acquis une nouvelle notoriété qui s’est traduite par une augmentation sensible de la fréquentation. Le nombre des visiteurs est passé de 200.000 par an en 2005 à 270.000 l’année dernière avec un pic à 300.000 l’année de l’expérimentation de la gratuité de l’entrée. Le maintien de cette gratuité pour l’exposition permanente au-delà de la période expérimentale nationale de six mois revient également à Gérard Feldzer qui a réussi à convaincre sa tutelle (quand tous les autres musées faisaient machine arrière…) et qui est parvenu à compenser le manque à gagner en mettant en place des animations payantes (Dakota, sauvetage en mer, 747, Planète pilote et surtout les deux Concorde).

Gérard Feldzer quitte le musée à regret. Il n’a pas eu le temps de réaliser tous ses projets. Catherine Maunoury en hérite. A elle de faire le tri. Faisons lui confiance aussi pour imprimer sa propre marque et surtout travailler dans l’intérêt général. Le musée est la mémoire vivante de l’aviation.

Gil Roy