Une enquête méthodique de neuf ans, résumée dans un livre de 300 pages cosigné par les quatre enquêteurs, apporte de nouvelles preuves et un faisceau d’indices accréditant la thèse de la mort au combat d’Antoine de Saint-Exupéry, le 31 juillet 1944, en Méditerranée.
Si la découverte de la gourmette d’Antoine de Saint-Exupéry en 1998 et, quelques mois plus tard, celle des débris de son P-38 Lightning, en mer, entre Marseille et Cassis, ont permis de savoir où était mort l’aviateur, en revanche les circonstances de sa disparition continuent de faire polémique. Les hypothèses sont multiples, plus ou moins plausibles, voire dérangeantes. En 2008, François d’Agay, neveu d’Antoine de Saint-Exupéry et président de la Fondation Saint-Exupéry, demande à Bruno Faurite, de rechercher les causes et les circonstances de la disparition de l’écrivain-aviateur.
Bruno Faurite est l’homme tout désigné pour une telle mission. Il est né dans la maison d’enfance de Saint-Exupéry, à Saint-Maurice-de-Rémens (Ain). Il est le co-fondateur du comité Saint-Ex 2000. Et surtout, en 2008, celui qui voue un culte à Saint-Ex, vient de prendre sa retraite d’officier-pilote à la Police de l’Air. Il va mener ses recherches comme « une enquête judiciaire », reconnaît-il.
Sa première action va être de se rapprocher des « marseillais », c’est-à-dire Luc Vanrell, le plongeur qui a localisé les débris de l’avion de Saint-Ex, Philippe Castellano, autre plongeur qui a confirmé l’identification du P-38 avec les numéros de série, et Lino Von Gartzen, plongeur allemand. Bruno Faurite démarre donc son enquête, en 2008, sur le terrain, à Marseille, Agay et Cuers. « Nous échangeons nos informations et c’est à ce moment là que nous décidons de travailler ensemble ».
L’enquête sera ainsi menée conjointement par Bruno Faurite, François d’Agay, Lino von Gartzen et Luc Vanrell. Ce sont aussi ces quatre qui cosignent le livre qui vient de paraître aux éditions Vtopo et qui présente l’enquête par le détail et les éléments de preuve.
Toutes les hypothèses sont passées au crible. En 2008, certains affirment que Saint-Ex a été abattu du côté de Nice, d’autres penchent pour la panne moteur ou la défaillance humaine. On parle aussi de sabotage et de suicide. Pour certains, le pilote aurait survécu à son crash… Il aura fallu neuf ans à Bruno Faurite et à ses trois associés pour arriver à une explication plausible de ce qui s’est sans doute passé, le 31 juillet 1944, au large de Marseille.
Ce jour-là, Saint-Exupéry avait décollé de Corse, aux commandes d’un P-38 Lightning, pour réaliser une mission photo du côté des Alpes. Le continent était couvert. Il a enchainé quelques allers retours entre Grenoble et Annecy avant de renoncer. « Nous pensons qu’il est revenu vers Toulon ou Marseille, sans doute pour refaire une mission photo qu’il n’avait pas pu faire plus tôt, là encore pour cause météo », précise Bruno Faurite. « Cela explique le lieu où son avion a été retrouvé, mais pas l’altitude comprise entre 2 et 3.000 mètres, à laquelle il a été abattu ».
L’enquêteur avance deux hypothèses : la panne moteur qui l’aurait empêché de voler plus haut ou la nécessité de descendre pour réaliser ses prises de vues de la côte. « C’est en fait les preuves que nous avons trouvées et qui accréditent qu’il a été abattu qui éliminent toutes les hypothèses qui avaient cours jusque-là », affirme Faurite. La panne moteur est ainsi éliminée tout comme le problème d’inhalateur, la crise cardiaque ou encore le suicide.
Ces nouvelles preuves découvertes au cours de l’enquête sont au nombre de deux. Il y a d’abord un microfilm retrouvé dans les archives allemandes à Fribourg et sur lequel, il apparaît que le 31 juillet 1944, quatre P-38 ont été abattus en France dont un seul en Méditerranée. La seconde preuve est l’agenda personnel de l’officier allemand Hermann Korth chargé, à l’époque, de recenser tous les événements dans le sud de la France. Le 31 juillet 1944, il a noté : « destruction d’un avion d’observation en feu sur la mer ».
La découverte de cet agenda a permis, là aussi, de clore une polémique d’historiens à propos de la date. « Cela suffit pour prouver qu’il ne s’est pas suicidé et qu’il a été abattu par la chasse allemande », affirme Bruno Faurite pour qui, la découverte de ces deux preuves constitue les moments forts de son enquête, avec bien évidemment, la rencontre de Horst Rippert, le 20 février 2010, en Allemagne.
Horst Rippert est le pilote de la Luftwaffe qui a affirmé, dans le journal télévisé de France, le 15 mars 2008, qu’il avait abattu l’avion de Saint-Exupéry. « Cette rencontre ne nous a pas apporté de preuves, mais la crédibilité du témoignage de Horst Rippert nous apparaît maintenant plus fiable, grâce notamment à son récit empreint de beaucoup d’émotion lorsqu’il évoque cette journée du 31 juillet 1944 », écrivent les auteurs dans leur livre dont la nécessité de sa publication est apparue relativement tardivement. Au départ, il ne devait s’agir que d’une enquête. Au vu des découvertes, ils ont choisi de publier pour partager leur intime conviction.
Gil Roy
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Bonjour à tous,
Je suis avant tout un inconditionnel d'Antoine de Saint-Exupéry depuis mon adolescence, (j'aurai 76 ans en août.
Il existe une librairie à Paris, la librairie Galcante, lagalcant@lagalcante.com qui possède un document datant du 5 septembre 1944 confirmant que le corps repêché le 3 septembre 1944 est bien celui d'Antoine de Saint-Exupéry, confirmé sur FR3 région Auvergne-Rhône- Alpes le 29/07/2014, confirmé également par téléphone.
De même, qu'un ancien plongeur de la Marine nationale, l'Amiral Faugère, qui aurait révélé avoir découvert en 1966, toujours dans le golfe de Giens, une sacoche de toile kaki qui contenait un journal corse daté du 31/07/1944, une carte militaire et un jeux d'échecs, jeu favori de l'auteur du Petit Prince, et comme c'est bizarre cette sacoche à disparut.
Je suis fermement convaincu qu'Antoine de Saint-Exupéry et soit enterré à Carqueiranne, soit à la Môle à Cogolin résidence des parents maternel ou bien à Agay, car les allemands ont rejeté son corps après l'interrogatoire sur l'aérodrome de Saint-Martin-de-Crau, qui à été rejeté par la mer sur la plage de Carqueiranne.
A ma connaissance, il existe meme un petit livre sur le temoignage du pilote Allemand de Me 109 qui l a descendu, ecrit par un Francais sous forme d interview.
Ironie de l histoire, le pilote Allemand lui meme fan de Saint Exupery avant la guerre, dit qu il n aurait jamais tire, si il avait su qui etait dans ce diable a double queue de P38 ce jour la au large des calanques, et qu il s en voudra jusqu a sa mort pour avoir descendu le Petit Prince..
......et laisser en paix les restes de ST Ex ? Nous savons où, quand, comment il a disparu. Que voulez vous de plus, voir un fémur ou mieux, un métacarpe droit ayant écrit "le petit prince" ?
Je suis sur que de là où il est, il envie ses vieux amis Mermoz ou Guillaumet ensevelis dans trop d'eau salée pour être dérangés.
+1
Oui bien sûr, pourquoi ne pas renflouer l’epave ou ce qu’il en reste, ca ne sera pas difficile de lancer une collecte et de rassembler les fonds necessaires !!
Les recherches ont permis de relever une partie de l'épave... En fait, à ma connaissance, il n'y a pas vraiment d'épave mais des bouts éparpillés de P-38 dans une zone connue. Le plus gros morceau connu est la jambe de train informe exposée au musée du Bourget avec la gourmette. Le numéro de série sur cette jambe de train à permis de certifier qu'elle venait du P-38 de Saint-Ex. Je ne crois pas qu'il y ai vraiment d'autre morceaux importants connus... Même pas les moteurs. La zone du crash (visiblement violent) est dans une baie ou la pèche (au filet) est importante depuis 73 ans que ce P-38 est là. C'est d'ailleurs dans un filet qu'a été retrouvé la gourmette... Je vous laisse imaginer le résultat de ce labourage en règle pendant 73 ans sur une épave éparpillée et corrodée. Ce n'est pas plus mal...
Les gourmettes et jambes de train ne sont plus exposés depuis des années (et l'espace Saint-Exupéry n'existe plus non plus...) au Musée de l'air et de l'espace...
Il me semble que l'etàt de l'épave tient plus de l'oeuvre d'art moderne , que d'une silouhette de P38 posée sur le fond ...c'est un amas de feraille informe
Retrouver des impacts "nets" est plus compliqué qu'il n'y parait
Philippe Daroux pose une question qui devrait dèclancher l'utilité de vérifier
les éléments de l'avion pour constater les "impacts "de balles si cela est encore possible
Dans l'affirmative le probléme serait résolu !!!!!!
Superbe Article. Merci à ces 4 " Enqueteurs" passionnés d'avoir suivi une procedure rigoureuse.pourquoi n'voir pas trouvé d'impact de munition sir le P38...? Puisqu'il a été atteint par les "balles" d'un avion enemi alors.