Les derniers mécaniciens ayant un agrément et les compétences pour entretenir l’avion sont regroupés dans la région de Nîmes. Déplacer l’Alizé hors du Gard reviendrait à l’immobiliser définitivement. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
La communauté de communes de Nîmes, gestionnaire de l’aéroport de Nîmes, souhaite réaffecter le hangar H2 dans lequel est abrité le Breguet Alizé n°59 de l’association Alizé Marine. La sauvegarde de l’avion de collection est en jeu.
Le Breguet Alizé de Nîmes est le dernier en état de vol dans le monde. Il a été récupéré par Alizé Marine et l’association n’a jamais ménagé sa peine depuis pour le garder en état de vol. Depuis sa création (en 2000) et le recueil de l’avion en 2011, Alizé Marine bénéficie d’une AOT pour un coin de hangar (200 m2) au nord de la piste de Nîmes-Garons. Le loyer annuel est d’un peu moins de 5.000€, sur lequel l’association bénéficiait d’une remise de 50% concédée par la ville de Nîmes.
Depuis 2021, l’aéroport est passé sous le contrôle de « Nîmes métropole », dont la direction du développement économique donne le « La ». Et pour le coup, la chanson n’est plus la même…
L’association Alizé Marine compte une cinquantaine d’adhérents, parmi lesquels deux pilotes en fonction, Jean Ivars et Jean-Luc Dedieu, et trois mécaniciens-navigants qualifiés. Depuis deux ans, l’appareil n’a plus volé en meeting en raison du Covid. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
Patrick Hilbert, président d’Alizé Marine, explique que « Nîmes Métropole veut développer l’aéroport, ce qui s’est traduit pour nous par une augmentation du loyer à 5.600€ et une suppression de la remise de 50% « par souci d’équité » selon les mots de nos interlocuteurs. Néanmoins, consciente de l’impact de ces changements importants qui s’ajoutent à deux années de disette aéronautique en raison de l’épidémie de COVID19, Nîmes Métropole fait voter en juin 2021 une subvention exceptionnelle de 2.800 euros qui nous a permis de financer le loyer pour l’année en cours. Malheureusement, on nous a fait comprendre qu’elle ne serait pas reconduite en 2022 » complète Patrick Hilbert.
Derrière ce premier écueil se profile en fait un obstacle autrement plus complexe et dangereux pour Alizé Marine : l’intérêt non voilé de quelques poids-lourds de la plateforme pour le hangar partiellement occupé par le Breguet et le bout de parking attenant. « Notre autorisation d’occupation se termine à la fin de l’année et on nous a laissé entendre que la tacite reconduction ne se ferait pas, que l’on ne pourrait pas prolonger l’AOT précise notre interlocuteur. En toute logique, nous pourrions nous retrouver dehors le 31 décembre prochain »
Alizé Marine n’est pas seule dans le bras de fer qui s’engage. Elle est par exemple intégrée dans les associations « Cocardes marine » et « Marins du ciel » dans lesquelles sont impliquées les plus hautes autorités de la marine nationale. « Lors de notre assemblée générale, qui s’est tenue le 8 janvier dernier sur le porte-avions Charles de Gaulle, le contre-amiral Janicot (NDLR : commandant de la force de l’aéronautique navale) nous a dit qu’il ferait tout son possible pour nous aider. Idem pour l’amiral Oudot de Dainville, président des Marins de ciel, qui a rappelé le poids historique de la présence de l’aéronavale sur l’aéroport dans un courrier adressé à Nîmes métropole. Mais nous n’avons pas eu de réponse jusqu’à présent… »
Les membres actifs d’Alizé Marine se retrouvent un samedi par mois pour faire tourner (au sol) l’Alizé et le maintenir en bonne forme. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
Les membres actifs d’Alizé Marine se retrouvent un samedi par mois pour faire tourner (au sol) l’Alizé et le maintenir en bonne forme. © Frédéric Lert/Aerobuzz.fr
Depuis le 1er juillet 2011, l’aéronavale a cédé la place à Nîmes Garons au 503ème régiment du Train de l’armée de Terre. Le régiment dispose de plusieurs hangars dont l’un pourrait facilement recevoir l’avion moyennant quelques aménagements. Il s’agirait là d’une belle solution de repli pour l’association, mais apparemment les militaires de l’armée de Terre ne semblent pas emballés à l’idée de participer à la préservation du patrimoine de la marine…
La survie de l’avion et celle de l’association dépendent pourtant étroitement d’un maintien à Nîmes-Garons. « L’installation de l’avion sur la base aéronavale de Lann-Bihoué serait une solution en trompe l’oeil » souligne Patrick Hilbert. « Les techniciens de l’avion, qui sont les seuls à pouvoir l’entretenir en CNRAC (Certificat de Navigabilité Restreint d’Aéronef de Collection) habitent tous dans la région. Si l’avion s’éloigne trop, ils ne pourront pas suivre et ce sera vraisemblablement la fin de l’association. Or l’Alizé exige une maintenance hebdomadaire et au moins un point fixe mensuel, aussi indispensable pour la machine que pour les hommes ! »
Frédéric Lert
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Perspectives en effet inquiétantes... Cet Alizé n'est-il pas annoncé les 4 et 5 juin à la Ferté-Allais? Un lieu en tout cas pour lancer une pétition.