Que n’a-t-on pas déjà écrit sur le pilote français le plus célèbre et le plus titré de la Seconde Guerre mondiale ! Élevé au rang d’icône de son vivant – il faut dire que l’intéressé a bien su gérer son image – véritable personnage charismatique, Pierre Clostermann est à l’origine de générations de pilotes qui ont d’abord rêvé de partager son univers…
Son premier livre, en effet, est devenu une véritable bible pour un vaste lectorat. Quel passionné d’aviation des années 1950 à aujourd’hui n’a-t-il pas lu (et relu souvent !) Le Grand Cirque ? Sinon, il faut vite combler ce manque culturel… Car, le jugement est unanime, c’est le récit de guerre (aérienne) le plus formidable qui ait jamais été publié, un bon filon alors pour Flammarion, son éditeur.
Et le Grand Cirque a été plusieurs fois réédité, en 2000 et jusqu’en 2008, l’auteur lui-même surfant sur la vague de son succès littéraire (une Sacrée Guerre, 1990) pour « entretenir la flamme ».
As des as français du conflit de 1939-1945, Français libre ayant de son initiative rallié le mouvement du général De Gaulle, titulaire des plus hautes décorations françaises (a posteriori) et britanniques (au moins la DFC), auteur d’un best-seller autobiographique paru peu après le conflit, il était évident que des historiens, patentés ou amateurs, se hasarderaient à décortiquer son palmarès, tel qu’il a été avalisé par un haut gradé de la Royal Air Force (l’Air Vice-Marshall H. J. Broadhurst au nom du Fighter Command). Ainsi C-J. Ehrengardt (nom connu comme directeur de publication du magazine Aéro-Journal) se hasarda-t-il dans cette démarche du vivant du héros et en subit-il une cinglante condamnation. On déboulonne plus facilement les statues de généraux sudistes au XXIe siècle que Pierre Clostermann.
Georges-Éric Coisne a voulu en savoir plus sur la vie du personnage, au départ pour croiser les informations de sources multiples, sur Internet ou ailleurs, avec le récit des différentes éditions du Grand Cirque. Se prenant au jeu, tout en respectant le parti de l’impartialité, il est allé loin, très loin, et le résultat de ses investigations donne cet ouvrage étonnant de 250 pages au format 21 x 29,7, qui, en réalité, n’attaque en rien le mausolée, le teintant au contraire d’humanité…
Le sous-titre du Grand Cirque, dans son édition originale et emblématique de 1948 permet, en fin de compte, d’en décoder le contenu : « Souvenirs d’un pilote de chasse français dans la RAF« . Et l’auteur dans l’avant-propos d’expliquer que, voulant livrer un témoignage de son aventure personnelle, il a « organisé » son texte, il l’a travaillé, bref, il ne s’agit pas d’un journal, d’un « vécu » au jour le jour, mais d’un récit dont le but principal est de décrire une ambiance, une atmosphère, des ressentis.
Cet historique aurait pu se révéler fastidieux. En publiant le Grand Cirque, le pilote est devenu écrivain. Ses émotions, il a bien su, à la perfection, les retranscrire, lui qui se trimbalait toujours avec ses carnets de notes – sans doute a-t-il très tôt eu l’idée de son livre, sans doute en dépit de sa jeunesse – 24 ans lors de ses premières missions de guerre – a-t-il très tôt pensé à la postérité…
Georges-Éric Coisne, l’auteur de ce journal de la vie opérationnelle de Pierre Clostermann est allé exploiter à fond la meilleure source : celle du « logbook » du pilote, et celle des journaux de marche des différentes unités auxquelles le pilote a été affecté depuis son intégration dans la Royal Air Force jusqu’à sa démobilisation. Archives officielles, inattaquables.
Et très vite, on identifie, on vérifie, la démarche littéraire de « Clo-Clo« . Au 341 squadron, Alsace, sous la houlette du commandant Mouchotte, les « bleus », les frais émoulus des OTU (Operationnal Training Units) restent bleus longtemps. Lentement, c’est la méthode, on les aguerrit dans l’ombre de leur leader, chef de section, ils volent relativement peu, pas tous les jours, ils sont l’ombre d’un pilote plus expérimentés, blanchissant lentement sous leur harnois. Ces périodes de (toute relative) inaction se révèlent peu compatibles avec le style nerveux et efficace du Grand Cirque ! Et par la suite, c’est la même démarche.
Grâce à Georges-Éric Coisne, on en apprend davantage sur le mutation des deux amis (à l’Alsace, Closterman a un binôme en la personne de Jacques Remlinger), qui quittent le squadron des Français libres pour une unité « pure » de la RAF (602 squadron, City of Glasgow). Il semblerait qu’il ait été reproché au sergent Pierre Clostermann d’avoir au moins deux fois été décroché de son leader, dérogeant au sacro-saint principe qu’un n° 2 doit suivre comme son ombre son n° 1. Y aurait-il eu mesure disciplinaire ? Pourtant, le pilote a déjà à l’époque ouvert son score – naturellement, Closterman évoque juste son changement d’affectation dans le Grand Cirque sans préciser s’il y a une raison !
La lecture du volume de Georges-Éric Coisne donne un aperçu de la guerre aérienne sur le front occidental moins violent que le Grand Cirque. En 1943, les rencontres entre la RAF et la Luftwaffe sont finalement assez rares, en dépit du fait que la Royal Air Fore lance chaque jour des sweeps au-dessus de la France pour provoquer les « Huns« … Cela changera par la suite. L’année suivante, notamment avec l’attaque des « No-Balls« , les rampes de V-1 et les escortes de bombardiers.
La dernière période, celle de 1945, pour le second tour d’opérations, le pilote ayant troqué désormais le Spitfire pour le Tempest, alors ce qui se fait de mieux en terme de chasseur monomoteur à hélice, cette seconde période donc, telle que retranscrite dans le Grand Cirque, s’avère plus encore fictionnelle. Des faits sont mélangés, arrangés pourrait-on dire pour en accentuer la dramaturgie.
Le commandement du 122 Wing (l’escadre, de quatre squadrons) qu’il aurait exercé à la fin, s’avère temporaire et cantonné à l’administratif – c’est un peu moins glorieux ! Il termine en effet le conflit au grade de Flight Lieutenant, c’est-à-dire capitaine dans l’armée française, alors que Wing Commander est l’équivalent de lieutenant-colonel…
Et l’ouvrage de G-É Coisne ne se termine qu’avec le départ de Clostermann de la Royal Air Force, lorsqu’il retourne à la vie civile, fournissant des informations intéressantes sur les missions, nettement moins intenses, d’entraînement et de surveillance du pays à peine vaincu. Et de « vols découverte » sur des avions de l’ancien ennemi.
Il reste que des pontes et des collègues de la RAF ont lu The Big Show (Le Grand Cirque en langue de Shakespeare). Ils ont remarqué les libertés prises par l’auteur avec l’authenticité crue des faits. Mais ils ont mis cela sur le compte de la « licence de l’écrivain » et tous ont noté et apprécié, en frères d’armes, le talent de narrateur et le poids du témoignage écrit sur le vif que constitue le Grand Cirque.
Lequel reste invariablement un livre incomparable. Écrit par un grand auteur et un pilote hors pair. Tandis que l’étude de G-É Coisne revêt une importance particulière pour les passionnés d’histoire de la Seconde Guerre mondiale et d’aviation. D’autant que son prix est dérisoire, autant que le format « poche » du Grand Cirque…
Jean Molveau
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Bonsoir,
Sur la cocotte rouge... Le message de Marc me jette un trouble...
D'après le site albindenis, la cocotte rouge a été adoptée comme insigne en juillet 1916 par le lieutenant d'Anglejan pour son escadrille 11 ( C11, puis BR11) créée le 10 juin 1913.
Sur le site de l'Armée de l'Air, j'ai lu ceci:
"En 1939, alors que les ambitions du IIIe Reich se dévoilent et laissent entrevoir le conflit à venir, la BR11 consacre son activité à la surveillance des vallées du Rhin et de la Moselle afin de déceler les mouvements des troupes allemandes.
Lorsque la bataille de France commence le 10 mai 1940, les missions aériennes se succèdent jour et nuit pour renseigner le commandement sur l’évolution des combats. L’invasion rapide du territoire national obligea le GR I/33 à se replier vers le sud de la France. Le 17 juin 1940 eut lieu la dernière mission de guerre du groupe. L’équipage de la Cocotte ne rentra pas.
Le 31 août 1940 vit la dissolution du GR I/33 et quinze ans ont été nécessaires pour que puisse renaître la Cocotte le 1er Avril 1955 au sein de la 33e Escadre de Reconnaissance. En 1956, l’escadron prendra le nom de «Moselle» pendant les Trente Glorieuses, au cours desquelles la France s’illustre par l’innovation et l’excellence de son industrie aéronautique. Equipé de F84G, la Cocotte participera à tous les exercices ou concours nationaux et OTAN, à l’époque où la Guerre Froide place face à face deux blocs compacts".
Voir dans mon blog
http://histoiresetbiographies.overblog.com
la biographie du général Pierre Juillard pilote de reconnaissance (1929-2000) malheureusement toujours en cours de rédaction et notamment sa photo aux commandes d'un RF 84 à l'emblème de la cocotte.
Au demeurant, mon oncle est passé aussi par la mouette et la hache pour terminer ses commandements opérationnels par la cocotte encore, sur Mirage IIIR cette fois.
Avec mes sentiments cordiaux.
Jacques Pageix
Dans sa préface de réédition du Grand Cirque de 1990 Pierre Clostermann n'est pas tendre avec St Exupéry : " serait-ce par vanité que Saint Exupéry a tenu à partager notre combat en pilotant un P38 avec trois ans de retard .. " et ensuite il l'accuse d'avoir été le porte parole inconscient de Vichy ..
Laissons la politique de côté .. Par contre l'ouvrage présenté ici me force à constater que Clostermann a commencé sa guerre en unité opérationnelle en janv et fev 43 pour sa première mission de guerre au groupe Alsace .. Alors que St Ex après avoir fait toute la campagne de France dans une unité qui en quelques semaines a perdu les 3/4 de ses équipages , était de retour au combat en avril 43 en AFN pour reprendre l'entraînement et volait sur P38 dès juin, avec sa première mission de guerre sur P38 u dessus de la France en juillet 1943 .. ou sont les trois années de retard ?????? .. Le roman est une chose, la précisions historique en est une autre, le principal ente tout étant de rester lucide et objectif et de na pas salir la mémoire d'un grand homme en écrivant n'importe quoi ..
Peut-être que la réflexion de Pierre Clostermann consiste à se demander pourquoi St-Ex, aviateur en 1940 n'a rejoint la France Libre en tant qu'aviateur qu'en 1943 alors qu'il était installé aux USA puis au Canada pendant cette période et avait donc bien plus de facilités pour rejoindre Londres que tout ceux qui l'ont fait depuis les territoires occupés....
Certes l'histoire dit que St-Ex s'est installé à New-York dès 1940 comme "lobbyiste" pour influencer le gouvernement US à entrer en guerre, c'est peut-être insuffisant comme justification aux yeux de Clostermann d'autant que St-Ex est plutôt occupé à cette époque par l'écriture, la publication (et les mondanités qui en découlent) de "Pilote de guerre" et "Le Petit Prince" et tient des propos plutôt pétainistes dans les media.....
Il est malheureusement trop tard pour lui poser la question...
Je corrige la date d'engagement dans les FFL que j'ai donné précédemment : " Août 42 de mémoire" .. mais après vérification je note qu'il a signé à Londres le 8 mars 1942 sous le matricule 30973 .. ce qui change rien au sens de mon propos mais on se doit d'être précis .. A ce sujet surtout ne pas se fier à la fiche Wiki en Français qui est truffée d'inexactitudes : "Pierre Clostermann arrive en Angleterre à la fin de 1940 " .. ou encore : "En janvier 1942, il achève sa formation à l'Operational Training Unit n°61" .. un peu comme si on avait voulu un peu accélérer les choses .. La fiche en Anglais par contre est plus courte mais beaucoup mieux rédigée et situe bien le moment de son arrivée dans les FFL en Angleterre en "Mars 1942" ..
Heureusement que de bons ouvrages rédigés par des historiens même amateurs sont là de temps en temps pour remettre les pendules à l'heure ..
Pour St Ex on a énormément de références sérieuses à travers les six N° de la revue Icare qui lui ont été consacré et qui sont une mine de témoignages et de références documentaires dont l'authenticité est incontestable .. il serait peut être temps de consacrer un N° à Pierre Clostermann qui le mérite bien et comme cela a été fait pour son ami "le grand Max Guedj" comme il l'appelait lui même et pour lequel il avait un très grand respect et une immense admiration ..
Vous plaisantez ? ... St Ex a combattu en 1940 alors qu'il n'était même pas mobilisable, il avait au moins 10 motifs de réforme .. ensuite oui après la défaite il a choisi les Etats Unis non par attentisme, mais parce que dans sa situation il avait estimé que c'était le meilleur choix et il l'a amplement justifié et aux US il n'a eu de cesse d'y défendre la cause de la France défaite aux yeux des américains ( lire "pilote de guerre" ) et d'oeuvrer aussi de toute sa plume et de ses relations pour une entrée en guerre rapide des américains, dont il estimait que seul cet engagement permettrait de sauver la situation et il avait raison .. et quand ce fut fait il a traversé l'Atlantique en montant sur un convoi pour l'AFN et y reprendre le combat ce qui fut fait dès Avril 43 .. Lui au moins après avoir pris sa décision n'a pas mis deux années pour traverser l'Atlantique comme Pierre Closterman .. Ce dernier nous dit dans ses mémoires qu'il décide de s'engager en juillet 40 après avoir eu honte à la vue des actualités ciné de la débâcle militaire française dans un cinéma de Los Angeles .. mais on constate qu'il signe son engagement chez De Gaulle à Londres plus de deux années plus tard en Août 1942, soit deux ans de délai de route .. il est vraiment mal placé pour s'en prendre au combat de St Ex et l'accuser d'engagement tardif ..
J'ai lu cet ouvrage exceptionnel avec le plus grand intérêt et je tiens à féliciter l'auteur pour la qualité et la profondeur du travail d'historien qu'il a réalisé; il apporte un éclairage précieux et passionnant sur la vie quotidienne de groupes de chasse durant la Seconde Guerre Mondiale et de ce fait il met en perspective les livres écrits par les pilotes qui s'y sont illustrés (P.Clostermann, R.Mouchotte, J.Andrieux, C.Demoulin, R.Hillary, J.Johnson notamment) en les enrichissants. Un seul regret peut-être, le manque d'illustrations ou de fac similés.
Que certains passages du Grand Cirque aient sans doute été romancés ne me gêne pas puisque cela ne change rien à la réalité de la vie d'aviateur et des exploits de P.Clostermann; Il était un écrivain de talent (lire Appui-feu sur l'Oued Hallaïl, des Poissons si gros, Mémoires au bout d'un fil, Une Sacrée guerre, l'Histoire vécue) et un narrateur captivant de ses aventures qu'il mettait en couleurs avec jubilation...et qui n'étaient pas toutes aéronautiques : on se souvient peut-être de ses escarmouches avec un leader politique bien connu des années 70 et 80, et aussi avec les britanniques durant la guerre des Malouines; une personnalité hors du commun....
Nous sommes à une époque moralisatrice,où l'on déboulonne les statues, où l'on veut réécrire l'Histoire...une forme de négationisme en quelque sorte.
Laver plus blanc que blanc.
Heureusement qu'ils se sont battus ces gars de 20 ans car si la pieuvre au svastika régnait encore aujourd'hui...
Il y a eu d'autres as français tout aussi valeureux : mais ils n'étaient pas gaullistes. Alors , pas de propagande .... et un comportement de tartarin qu'on a retrouvé pendant sa
courte campagne à Telergma en 1957 ( ou 58 )......
Clostermann, Saint Ex, certainement des hommes exceptionnels qui sont sortis du lot parmi tant d’autres tout aussi remarquables dans leurs rôles.
Ils font parti de notre histoire, mais c’est aussi la leur et ils ne sont plus là pour confirmer et accepter tous ces récits post mortems.
Mais il est vrai que c’est plus vendeur pour un éditeur de proposer une couverture avec un nom historiquement connu.
Avec une pensée pour ceux qui ont péri pour notre pays, nombre d’illustres inconnus qui méritent tout autant d’être honorés de notre mémoire.
Bonjour,
Un très grand Monsieur qui a quitté une vie confortable pour "aller" à la guerre. Que son livre soit romancé ou ses victoires pas toutes certaines n'enlèvent rien à son courage face à la mort. Son livre formidablement écrit a donné envie de voler à de multiples aviateurs.
Le système d'homologation de la RAF est reconnu comme le plus sévère. Donc prétendre que ses victoires ne sont pas certaines est totalement faux.
Dès 1990, Pierre Clostermann a eu la bonne idée de libérer quelque peu sa plume avec "Une drôle de Guerre" suivi d'une série d'autre ouvrages, exposant bien des aspects dont il ne pouvait ou souhaitait vraiment faire état en 1948. On ne va pas tous les citer, ils furent de mon point de vue œuvre éclairante.
Ceci posé, si l'on peut comprendre la réaction de Mme Clostermann (Claudine), il demeure néanmoins un corollaire propre aux commandeurs ou aux héros que ce soient le Général de Gaulle ou Eric Tabarly qui font qu'un jour ou l'autre, un auteur, un chercheur tente de documenter le sujet avec ce regard différent, sans pour autant à en dénaturer l'œuvre, ceci à la lumière de notre temps.
Quant au regard britannique, s'il fut "fair-play" ce n'était pas pour rien non plus tant les pertes furent lourdes (je pense surtout au printemps 1945) et qu'ils furent hélas bien peu ces jeunes français de 20ans à pouvoir être à même de rejoindre le sol britannique pour s'y battre dès 1942.
Je le commande, donc ..
Qu'importe si le palmarès de Closterman comporte des coopérations et des mitraillages au sol, dans tous les cas il fallait y être et "Faire Face". Après, qu'un livre décortique une vie sans y porter préjudice, pourquoi pas? Cela ouvre d'autres points de vues.
Les absents ont toujours tort, c'est bien connu. Aussi serait-il possible de laisser Pierre Clostermann reposer en paix dans sa tombe sur laquelle il a demandé une unique gravure :"Compagnon de la Libération". En partant de ces mots, certes "Le Grand Cirque" est romancé puisque la trame de fond du livre est la grande histoire d'amour d'un homme pour sa patrie et pour sa libération. S'il était encore de ce monde, sa réaction en lisant cet article de Jean Molveau (je ne parle même pas du livre de Georges-Eric Coisne) eût été de sourire ironiquement en haussant les épaules et en foudroyant de son regard bleu acier les deux auteurs respectifs de ces écrits. Aussi, je le fais à sa place même si je n'ai pas son regard transperçant.
Suite à la lecture de telles absurdités, j'ai hésité avant de rédiger ce commentaire mais j'aurais eu mauvaise conscience de ne rien écrire et de laisser un membre de ma famille se faire déchiqueter alors qu'il est dans l'impossibilité de se défendre.
Pourquoi vous formaliser, Madame, de l’intérêt des historiens pour ce grand pilote ? C'est inévitable, et ça ne peut pas faire oublier le jeune homme acceptant de foncer vers la mort dans des machines approximatives dont les caractéristiques feraient fuir n'importe quel pilote d'aujourd'hui. A travers ses écrits, Pierre Clostermann donne une leçon à tous les pilotes, celle de ne jamais renoncer et de se battre jusqu’au bout quoi qu'il arrive. Piloter, encore et encore quelques soient les circonstances, voila qui peut sauver la vie à bien des pilotes. Cette magnifique leçon de vie appartient au monde de ceux qui volent, roman ou pas. Après, il y a l'Histoire et ses "comptables". Il y a sans doute un parallèle à faire avec la conquête de l'ouest américain, celle des tous débuts. elle fut le fait de gens ayant un courage hors du commun, elle est encore racontée, fait l'objet d'innombrables romans et les historiens essaient de démêler l'écheveau des faits et de la légende. Cela ne retire rien aux qualités d’exception que de tels hommes doivent posséder pour avoir de tels destins. Il n'est pas le seul à avoir vécu cette période propre à faire émerger des héros, mais lui a su en parler si bien, touchant le cœur des pilotes existant ou à venir. Ca, rassurez-vous, personne ne lui prendra.
Bonsoir Claudine,
À te lire, j'ai l'impression de t'entendre...Toujours la même fougue! Bravo pour ta réaction. J'ai lu "le grand cirque" et "feu du ciel" dédicacés grâce à toi par Pierre Clostermann lui-même, ce dont je suis fier, et le dernier de Pierre Clostermann ("une vie pas comme les autres"). Je l'ai rencontré à Toussus en diverses occasions et c'est un bon souvenir.
J'ai lu bien sûr aussi les carnets de René Mouchotte et de l'un comme l'autre on retient l'intensité des combat et le courage des pilotes.
Pourquoi tant qu'on y est ne se lancerions nous pas dans un exercice similaire à propos de Saint-Exupéry en compulsant les JMO (journaux de marche) de la 2/33 (cocotte rouge), groupe de reconnaissance où il servit...
Bien à toi amicalement.
Jacques
St Ex n'a jamais servi sous l'insigne de la "cocotte rouge " .. au groupe II/33 il appartenait à la 1ere escadrille dont l'insigne était celui de la "Hache d'A. Bordage" allusion directe au commandant d'escadrille, le capitaine Alfred Bordage as oublié de 14/18, ceci sur fond de croix de lorraine bleu clair .. croix de Lorraine adoptée en 1939 en souvenir du séjour du groupe à Nancy et bleu du fait que c'est la couleur de la reco .. La deuxième escadrille du II/33 avait pour insigne la mouette et la cocotte pour une 3eme escadrille n'est venu que beaucoup plus tard ST Ex avait déjà disparu .. Si vous voulez un journal de marche opérationnel pour la guerre de St EX il existe déjà, il vous suffit de consulter les trois N° de la revue Icare consacrés à la période 1939/44 ce sont les N° 78/84/96 introuvables hélas car épuisés depuis très longtemps ..
Cela a été fait dans l’ouvrage ‘ Saint-Exupéry ses combats ‘ écrit par mon père Bernard Bacquié.
C’est dans ce livre qu’il révèle notamment que le 19 janvier 1930 ,Saint-Ex a effectué seul en plusieurs étapes en Laté 25 , le trajet Rio Gallegos -Buenos Aires en 17 heures de vol.
Plutôt pas mal pour un pilote qualifié de ‘ pas très bon ‘ par nombres ‘d’historiens’ !!
Merci Jacques, bien sûr, tu me connais et sais que j'ai un grand souci de la justice...alors, dans ce cas précis, à fortiori !! Concernant Saint-Ex, il a eu sa dose de critiques aussi (mauvais pilote, personnage endormi et peu dynamique, trop tourné vers la politique pour piloter correctement...etc). Et puis, René Mouchotte est décédé trop rapidement pour hériter de son lot de critiques...il est parti sur sa gloire avec le chagrin de ceux qui n'ont pas eu le temps de l’assommer !!
Avec toute mon amitié.
Ma phrase n'était pas correcte (la fatigue peut-être...):
Pourquoi tant qu’on y est ne nous lancerions nous pas dans un exercice similaire à propos de Saint-Exupéry en compulsant les JMO (journaux de marche) de la 2/33 (cocotte rouge), groupe de reconnaissance où il servit…