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Pierre Sparaco raconte ses 50 ans de journalisme aéronautique

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Bruno Rivière

Pierre Sparaco n’était « entré » que depuis un an dans le journalisme aéronautique quand le programme Concorde fut lancé. Il avait 28 ans quand il assista au roll out du Boeing 747. Celui qui est considéré comme l’un des plus grands journalistes spécialisés au monde nous propose un retour sur sa riche carrière à travers l’évocation de grandes dates et de personnalités marquantes.

Ce livre, véritable anthologie de l’aéronautique de la Caravelle à l’A380, est aussi une merveilleuse leçon de journalisme qui devrait figurer dans toutes les bibliothèques des écoles de journalisme. Lorsqu’on demande à Pierre Sparaco les raisons qui l’ont poussé à écrire ce livre, il hésite une seconde, puis sourit : « pourquoi pas ? » répond-il. « Il existe bien des journalistes anciens – dont je fais partie – qui ont déjà raconté leurs carrières. » Et de citer Alain Duhamel, qu’il a rencontré, avec son ouvrage « Portraits souvenirs, 50 ans de vie politique » (Plon, 2012).

En fait, Pierre Sparaco avoue simplement que cette idée de livre, c’est la sienne. « J’assume cette initiative personnelle ! Car, de plus en plus, on me taquinait en me disant, au détour d’une conversation : « tu es l’homme qui connaît tout, qui a tout vu… » Certains ont même poussé la plaisanterie, notamment un jour, lors d’un très ennuyeux déjeuner de presse, durant lequel un confrère m’a interpellé : « Pierre, tu peux nous raconter l’histoire des frères Wright ? » Alors, piqué au vif, je me suis lancé dans cet ouvrage. Avec même un petit soupçon d’égo, c’est vrai ! »

On découvre enfin que ce livre a été rédigé avec le souci de poser des repères dans cette fabuleuse épopée qu’est l’aviation. « Avec un grand « A » s’il vous plaît », ajoute l’auteur. « Vous comprenez, on ne peut pas passer 50 ans de sa vie dans un secteur aussi passionnant que l’Aéronautique sans essayer de laisse sa trace – aussi petite soit-elle – derrière soit. » A propos de repères, Pierre Sparaco aime rappeler que les deux grandes principales revues auxquelles il a collaboré représentaient des milieux ô combien différents : la française Aviation Magazine avec une quarantaine de salariés, et l’américaine Aviation Week qui appartient à un groupe de 18 000 collaborateurs répartis dans le monde entier !

Autre question à laquelle Pierre Sparaco ne répond pas instantanément : à qui s’adresse ce livre ? « On verra bien ! » lance-t-il… A l’écouter parler longuement – Pierre est un grand bavard – on comprend que ce livre s’adresse à deux cercles de lecteurs. D’une part les professionnels qu’il a eu la chance de rencontrer et dont beaucoup sont devenus des amis chers. Il reconnaît d’ailleurs aisément que son carnet d’adresses des personnalités de l’aérien civil et militaire, dans le monde entier, est particulièrement bien garni. D’autre part, ce livre est destiné à tous ceux, connus et inconnus, qui côtoient le monde du transport aérien de près ou de loin. « A ceux-là, précise-t-il, j’ai voulu laisser un témoignage, une expérience. Car j’ai la chance d’appartenir à une tranche d’âge qui a connu plusieurs grands programmes aéronautiques que j’ai couvert depuis le début. Concorde notamment : j’étais journaliste depuis un an à son lancement en 1962. Et bien sûr Airbus. »

Puis Sparaco se livre à quelques souvenirs. Notamment l’un de ses plus vieux : « Je me souviens d’un meeting aérien à Lille lorsque j’avais 13 ou 14 ans. On y présentait en vol le Potez 75, conçu à l’époque pour la guerre d’Algérie. Le commentateur de cette réunion n’était autre que Jacques Noetinger que je connaissais de nom à travers ma lecture assidue et régulière des premiers numéros d’Aviation Magazine. »

Sparaco va aussi s’émouvoir au rappel d’un de ses meilleurs souvenirs. Il s’agissait de la première sortie d’usine du premier Boeing 747. C’était à Everett (Washington). « J’avais 28 ans, se souvient Pierre. C’était mon premier voyage aux Etats-Unis. Quelle émotion ! J’ai mesuré alors – et l’histoire me donnera raison – à quel point ce jumbo allait tourner une page capitale de l’histoire du transport aérien. Il faut se rappeler qu’à l’époque, les seuls long-courriers, c’étaient les 707 et les DC8, des avions monocouloirs de la capacité des A320. J’ajoute un autre souvenir : le vol inaugural entre Paris et New York en 747 avec la prestigieuse Pan Am… »

Evidemment, et même si Sparaco répète que sa carrière a été fabuleuse, quelques pages noires ont marqué son histoire. Comme par exemple le fameux « Marché du siècle ». Nous sommes au début des années soixante-dix et quatre pays (Belgique, Pays-Bas, Norvège et Danemark) doivent s’équiper d’avions de chasse. Le contrat total porte sur 348 appareils ! Deux pays sont en lice : la France avec Dassault et notamment ses Mirage III (qui deviendront les Mirage V) mais aussi les F1, et les Etats-Unis avec en particulier Northrop (YF-17) et General Dynamics (USAF YF-16). Pierre s’engage, avec la déontologie journalistique de rigueur qu’on lui connaît, à défendre l’avion de Dassault.

Il faut dire que Pierre Sparaco est un Européen « immensément » convaincu, lui qui est d’origine italienne puis naturalisé Français, et qui a passé son enfance en Belgique ! Il défend tellement le Mirage (« L’Europe doit acheter européen » ne cesse-t-il d’écrire) que 35 ans après, un cadre de General Dynamics lui lancera : « tu as été vraiment coriace… ! » Finalement, le choix s’est porté sur le chasseur F-16 américain et a fait beaucoup de tort à l’Europe… L’un des plus mauvais souvenirs de Sparaco. Sans parler bien sûr de la fusion d’Aviation Magazine (la revue dans laquelle Pierre assumait les fonctions de rédacteur en chef) et d’Air & Cosmos. Fusion qui a pourtant entraîné un miracle : « lorsque le patron d’Aviation Magazine m’a convoqué pour m’annoncer cette fusion, je ne me suis pas évanoui ! »…

Enfin, Sparaco se risque à une remarque pour les jeunes. Disons pour ceux que le métier de journaliste conduirait à l’Aéronautique : « J’ai le sentiment que la plupart de mes confrères ne maîtrisent pas assez leur sujet. Il faut connaître « 10 » pour écrire « 2 ». Car ce secteur est devenu tellement compliqué qu’il faut du temps pour en connaître les principales composantes. Le meilleur atout : s’accrocher au monde merveilleux de l’Air et de l’Espace et y rester le plus longtemps possible… »

Bruno Rivière

Cérémonie de réception comme membre de l'Académie de l'air et de l'espace
Pierre Sparaco dirigea pendant plusieurs années le bureau parisien du magazine américain Aviation Week
50 ans de journalisme aéronautique
Pierre Sparaco aux Rencontres aéronautiques de Gimont 2010 en compagnie de Gérard Desbois, ingénieur navigant d'essais de l'A380
Pierre Sparaco a reçu toutes les plus prestigieuses récompenses internationales dont peut rêver un journaliste aéronautique…

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Bruno Rivière

Reporter photographe par passion, Bruno Rivière a assuré la rédaction en chef d’Aéroports Magazine pendant près de 25 ans. Il a également enseigné le journalisme en faculté. Spécialiste du transport aérien, il a rejoint Aerobuzz en janvier 2011. Bruno Rivière réalise des reportages et des recensions de livres.

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  • Pierre Sparaco raconte ses 50 ans de journalisme aéronautique
    Maitrisant à merveille la langue de Voltaire, Pierre Sparaco, est une sacrée plume . Ardent défenseur de l’ aéronautique Française et Européenne il a parfois provoqué l’ire de « certaines catégorie de personnel » mais a toujours fait preuve d’ un grand pragmatisme. Je ne m’inquiète pas pour sa succession, je pense sincèrement qu’il y a déjà plusieurs plumes à Aérobuzz taillée dans le même bois que celui de Pierre.

  • Pierre Sparaco raconte ses 50 ans de journalisme aéronautique
    Pierre Sparaco : pourqoui pas un prochain Prix Icare de l'AJPAE (Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace) ?

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