Port-Aviation, le premier aérodrome de l’Histoire mondiale de l’aviation

C’est en 1909 que le premier aérodrome a été créé, en région parisienne, à Viry-Châtillon. Il sera opérationnel jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. A l’occasion du centenaire de Port-Aviation, Francis Bedei et Jean Molveau font revivre cette page oubliée de l’histoire de l’aviation dans un impressionnant ouvrage de près de 300 pages, illustré de plus de 600 photos d’époque.

Bagatelle, Issy-les-Moulineaux… Jusque-là, les pionniers de l’aviation se contentaient de vagues terrains pour tenter de s’élever dans les airs. Il faudra attendre 1908 pour que l’utilité d’un espace dédié aux activités aéronautiques se fasse jour. Un terrain d’une centaine d’hectares est alors aménagé sur la commune de Viry-Châtillon. Il est baptisé Port-Aviation.

Située au fond d’une cuvette, à l’abri des vents, la parcelle circulaire est conçue comme un véritable cirque à ciel ouvert. Des palissades sont montées tout autour pour éviter les resquilleurs. Des tribunes payantes sont construites pour accueillir les spectateurs et un parking de 3000 véhicules est aménagé. Le premier champ d’aviation de l’histoire mondiale de l’aviation comptera jusqu’à 32 hangars, une infirmerie, un bureau de poste, un coiffeur, un restaurant. A partir de 1914, il sera réquisitionné par les militaires : des français évidemment, mais aussi des britanniques, des belges et même des portugais. A la fin de la guerre, le bail étant arrivé à son terme, le propriétaire reprendra son bien et les aviateurs devront déménager.

Port-Aviation n’a pas laissé une grande trace dans l’histoire mondiale de l’aviation, sans doute parce qu’aucun grand exploit ne lui est associé. Pourtant ce lieu a été, comme le démontrent Francis Bedei et Jean Molveau [Francis Bedei et Jean Molveau sont également les auteurs de l’ouvrage « [Les aéroplanes des pionniers de 1900 à 1014 en images » parus aux éditions Marines en 2009.[/note], « un vivier de l’aéronautique » où s’étaient installés des constructeurs et des écoles, et où l’aviation a véritablement pu prendre son essor. Et c’est précisément à tous ces illustres inconnus que les auteurs de « La belle-époque des pionniers de Port-Aviation », ont choisi de rendre hommage.

« Nous avons voulu retracer l’histoire des gens qui ont fait Port-Aviation », explique Jean Molveau. Et c’est ainsi qu’après un chapitre consacré à la genèse de l’aérodrome, le lecteur trouvera, sur près de 300 pages, une succession de biographies de concepteurs, d’ingénieurs, de pilotes, etc. L’ensemble est illustré par des photos d’époque et des cartes postales qui permettent de mieux prendre conscience de la fourmilière que fut Port-Aviation et de l’engouement que suscitaient alors les tentatives de ces bricoleurs de génie et de ces casse-cous de pilotes.

C’est sans doute, Jacques Noetinger, grand témoin de l’épopée de l’aéronautique française, qui résume le mieux, dans la préface de l’ouvrage, la densité et la qualité du travail réalisé par les auteurs : « il ne s’agit pas ici d’un ouvrage d’histoire, mais d’un véritable monument, un énorme dossier qui étonnera les plus érudits des historiens aéronautiques. En effet, les auteurs ont fait un travail d’archéologues, réussissant, en puisant dans d’innombrables archives, à restituer, dans ses moindre détails, les toutes premières années – j’allais dire les balbutiements – de l’aviation de France ». Que les lecteurs qui ne sont pas forcément tous des historiens érudits ne s’effraient pas devant le caractère monumental de cette réalisation. Ce livre est passionnant parce que les auteurs ont su « raconter », avec humanité et force détails concrets, les destinées étonnantes de tous ces passionnés qui ont écrit les premières pages de l’histoire de l’aviation.

Gil Roy