Robert Galan raconte l’aviation en pointillés

Avec l’encyclopédie « Si l’aviation vous était contée », Robert Galan, son auteur, ouvre un regard nouveau sur l’une des plus merveilleuses épopées du monde contemporain. C’est tout simplement passionnant.

Attention danger ! L’encyclopédie de Robert Galan Pilote aux multiples facettes (chasse, essais, ligne, etc.) Robert Galan a cumulé plus de 18 000 heures de vol. Il est aussi un grand expert en accidents aériens. C’est également un écrivain confirmé. parue aux éditions Privat induit le lecteur dans le doute ! D’abord, le titre indique pompeusement « encyclopédie de poche de l’aviation ». Encyclopédie de poche ? Voire ! Presque 700 pages d’histoires, de récits, d’aventures, d’anecdotes… Rien à faire, ça ne tient pas dans la poche !

Ensuite, et c’est Catherine Maunoury elle-même qui l’écrit dans sa préface de l’ouvrage, ce livre constitue un vrai danger public : « A l’instar de Schéhérazade qui, mille et une nuits durant, parvint à envoûter son sultan de mari, Robert Galan au fil de ces mille et une histoires d’aviation, d’avions et d’aviateurs, tisse un véritable piège duquel peu d’entre nous, je le crains… et je l’espère, parviendront à s’échapper avant de parvenir à la dernière page ».

Enfin, une fois la lecture achevée, le lecteur ne peut que constater amèrement son ignorance ? Ah ! On croyait tout savoir sur l’aviation ! Eh bien non ! Les preuves ? Comment résister à en citer certaines.

• Page 15 : « On n’a pas trouvé de papyrus reproduisant un homme volant, mais on a trouvé au fond d’une tombe [égyptienne] une sorte de maquette de planeur en bois de sycomore, avec des ailes et un empennage vertical… »
• Page 68 (nous sommes dans les années 1910) : « L’archevêque de Paris a béni le site [de Port-Aviation de Viry-Châtillon], disant : nulle manifestation ne doit plus mériter les bénédictions de l’Eglise que celle de la conquête de l’air. »
• Page 134 (toujours dans les années 1910) : « Chaque appareil devait être immatriculé avec un groupe de cinq lettres qui commençaient en général par la lettre du pays… Les avions belges ont reçu la lettre « O » et ont joué en nommant leurs premiers avions O-BELG, O-BIEN ou O-BEAU ! »
• Page 281 : « En juillet 1945… un équipage militaire devait poser un B-25 Mitchell sur le terrain de La Guardia… Il le fit à trop basse altitude et, complètement perdu, vint s’encastrer dans la façade nord de l’Empire State Building, au niveau du 79è étage. »
• Page 294 : « Ernst Mach était un chercheur autrichien… Dès 1877, il décrivait correctement les effets des ondes de choc prévisibles lors du déplacement supersonique d’un projectile. »
• Page 560 : (l’histoire se passe entre Israël et Addis-Abeba, en 1991…) « Un B747 a transporté pour l’occasion mille deux cent vingt-deux passagers – près de trois fois sa capacité normale habituelle. »
• Enfin, page 613, une note écologique : « A la charge maximale, l’A380 consomme … 2,9 litres de kérosène par passager aux 100 kilomètres, contre 3,1 pour le Boeing 747. »

En réalité, l’encyclopédie de Robert Galan regorge d’informations de cet acabit. Certes, lorsqu’il relate certains crashs ou incidents de vol, on retrouve évidemment les fameuses histoires de Jean-Pierre Otelli. Mais qu’importe ! L’ouvrage est bien présenté et les informations sont classées plutôt par ordre chronologique. Presque chaque événement est illustré d’un crayonné clair et précis.

Deux derniers doutes enfin (ou plutôt deux erreurs !) : page 432, l’auteur parle des turboclairs, ce dispositif anti-brouillard qui utilisait des réacteurs installés dans le sol près du seuil de piste pour réchauffer l’atmosphère, et installés, selon Robert Galan à Paris-CDG à la fin des années 1960. Non ! CDG n’a ouvert qu’en 1974 et les turboclairs n’ont été opérationnels un temps qu’à Orly… De même, page 488, l’encyclopédie précise que les A300 séries –B étaient équipés de 250 sièges. Vrai et faux ! Car les A300-B (-2 et -4) d’Air Inter, en classe unique certes, comportaient 314 places.
Mais qu’importe encore ! « Si l’aviation vous était contée » de Robert Galan constitue désormais une référence parmi les différentes histoires de l’aviation. On en rêvait, Robert Galan l’a fait !

Bruno Rivière