Le hangar Bessonneau, ultime vestige de l’aérodrome de Passy-Mont Blanc, vient d’être inscrit au titre des monuments historiques.
Le dernier hangar Bessonneau officiellement recensé en France, sur le terrain historique de Passy-Mont Blanc (Haute-Savoie), a été inscrit en tant qu’objet mobilier au titre des monuments historiques par l’État (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) le 29 juin 2020.
C’est une grande satisfaction pour les associations à vocation patrimoniale qui ont porté le projet de protection de ce témoin ancestral de l’aviation de montagne au pied du Mont-Blanc.
Dernier vestige immobilier de l’œuvre pionnière du pilote militaire Joseph Thoret, inventeur du « tourisme aérien » et de l’aviation de montagne, le hangar Bessonneau de Passy – Mont-Blanc appartient à la catégorie des hangars inventés puis produits à plusieurs milliers d’exemplaires par l’entreprise angevine Bessonneau.
« Le principe même de ce hangar, établi en 1910 pour abriter les avions durant la course Angers-Saumur, a été ensuite utilisé par l’armée française pour abriter les opérations de réparation et l’entretien des avions de chasse et de reconnaissance durant la Première Guerre mondiale. Hangar mobile, composé d’une charpente en bois et recouvert de toiles, le Bessonneau est devenu l’archétype de l’infrastructure des terrains d’aviation du front de la guerre 14-18, – près de 5000 exemplaires auront été construits, – avant de tomber petit à petit dans l’oubli pour disparaître du paysage aéroportuaire au début des années 39-40 », écrit Guilhem Labeeuw, vice-président de la très dynamique association Anciens Aérodromes.
L’exemplaire de Passy, réinstallé définitivement en 1928, est le dernier exemplaire de hangar Bessonneau connu en France dont la charpente d’origine est toujours en place. Il fut acheminé gratuitement jusqu’au Fayet par la compagnie des chemins de fer du PLM. L’aérodrome de Passy était alors le seul du département de Haute-Savoie.
Joseph Thoret avait remarqué la plaine de Passy alors qu’il effectuait des ravitaillements pour l’observatoire Vallot ; l’idée a alors germée dans son esprit d’utiliser ce site exceptionnel de la haute vallée de l’Arve pour déployer le tourisme aérien autour du Mont-Blanc, appelé à l’époque « l’alpinisme aérien ». Fort de sa notoriété, pour avoir inventé « l’école des remous », prélude au pilotage en montagne consacré plus tard par Hermann Geiger et Henri Giraud, Thoret interpelle alors le maire et le député qui adhèrent à son idée novatrice.
Fort de ses appuis locaux, il convainc la compagnie Air Union, desservant déjà Genève depuis 1924, et dès 1928, l’activité aérienne se déploie sur trois faisceaux : ligne Passy-Genève, les baptêmes de l’air et le survol touristique du massif du Mont-Blanc. Les premières photos aériennes de cette contrée, remarquable sur le plan géographique, nous sont offertes par les photographes de cette période faste. Plusieurs personnalités ont ainsi pu voler avec l’intrépide Thoret : Roger Frison-Roche, André Gide, Edouard Herriot, Maurice Farman.
L’aérodrome bénéficie d’un nouveau rebond avant la Seconde Guerre mondiale, grâce aux usines Potez qui s’installent dans le hangar Bessonneau de Passy, jusqu’à la nationalisation de 1936 mettant fin aux activités de Potez Aéro-Service. Firmin Guiron, nouvel acteur, fonde alors la société Mont-Blanc Aviation et signe avec l’Etat la mise en place d’une section d’aviation populaire pour former les jeunes.
La Seconde Guerre mondiale marquera l’arrêt de cette activité mais il revient au terrain d’aviation de Passy d’avoir eu le privilège de former à l’aviation de sport et de loisir toute une partie de la population de la Haute vallée de l’Arve.
Grace à son inscription au titre des Monuments historiques, ce dernier hangar Bessonneau de France, devient maintenant, l’ultime témoignage et l’unique témoin d’une époque.
RSA – Association Anciens Aérodromes
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Ne pourrait-on pas imaginer dans un futur , développer cet hangar en une sorte de Musé de l'aviation de montagne et pourquoi pas y recueillir d'anciens appareils utilisé du début à nos jours à savoir peut ètre réintégrer l'Alouette 3 JBL qui à œuvrer durant près de 40 années l'histoire des compagnies "Air Alpes" "Aircimes" "Aérocimes " le souvenir de certains sauvetages dans le Massif du Mont-Blanc exemple celui de Pierre Mazeaud le 17 juillet 1961 et tant d'autres scènes de sauvetages ou de premières aéronautiques , d'un point de vue culturel cela apporterais un peu d'utilité et piment à cette conservation
Oui bien sûr, mais qui paye pour développer ce hangar en musée ? Qui va venir le visiter ? Combien de visiteurs annuels à quel tarif pour payer le fonctionnement du musée ?
C'est là le nœud du problème.
Bonjour,
Le petit fils ainé de Joseph Thoret ne peux que soutenir cette proposition ! Et je serai alors en mesure d'y verser des documents inédits sur la création de l'aérodrome du Fayet, l'impression des passagers suite à leur "excursion aéronautique" avec l'aviateur.
Bonsoir,
Merci pour cet article très intéressant où j'ai appris beaucoup de choses.
J'en retiens que l'aviation légère dès ses débuts a contribué au développement de la vallée de l'Arve et de la région du Mont-Blanc et a depuis le début été un vecteur du tourisme et de la valorisation du massif notamment.
Et que les acteurs économiques, artistiques et journalistiques et politiques de l'époque ont soutenu ces initiatives.
Les acteurs d'aujourd'hui, notamment à Sallanches, tournent le dos à ces visionnaires et à cette histoire bien plus ancrée et ancienne que je ne l'imaginais.
Sinon avions et hélicoptères sont complémentaires, l'un ne remplace pas l'autre.
c’est une excellente nouvelle n’en déplaise à certains , à Nantes avec des copains nous avions rapatrié le Bessonneau qui était à la ferté alais propriete de Jean salis , nous pensions le remonter à Nantes Atlantique , les gestionnaires ne furent pas de notre avis...
nous ne fimes pas cela pour rien puisque c’est Peter Jackson en personne qui l’a récupéré pour le remonter en Nouvelle Zélande et rajouter un décor historique à sa collection unique d’appareils de la première guerre mondiale . Je ne regrette vraiment pas d’avoir eu cette initiative lorsque jean me dit qu’il allait falloir faire quelque chose pour ce hangar .
Haaaaa ! Il me semblait bien avoir entendu parler du Bessonneau de la Ferté, qui avait été vidé et démonté pour partir ailleurs, mais je ne savais ou. Il est donc maintenant en Nouvelle Zélande ? Bigre ! Sacré voyage...
Le bessonneau de Passy n'est donc pas le dernier existant, mais il est bien le dernier qui soit à sa place historique.
A relever que c'est en effet fabuleux que ces "bâtiments" légers et destinés à être mobiles et temporaires (hangars de campagne) soient encore de ce monde et utilisé 110 ans plus tard. Cela montre la qualité de la conception de Bessonneau, et la qualité des matières utilisées. A méditer quand nos meubles modernes sont usés au bout de dix ans ou impossible à déménager sans casse...
Excellente nouvelle!
le Hangar Bessonneau mérite non seulement d'être conservé mais il pourrait avoir un avenir...voir la fin de mes "lignes de pilote" dans le Numéro n84 du magazine PILOTER qui vient de sortir. Passy-Mont Blanc et la haute vallée de l'Arve sont dignes d'un futur à la hauteur de leur histoire...
A suivre,
Bonjour Gérard,
Pour ceux qui ne lisent pas le magazine Pilotez, quel est cet avenir lumineux : vous rouvrez l'Ad de Passy ?
"Quid" des hangars de Rouen-Boos? Sont-ce de vrais Bessonneau ? Ils datent d'avant 1940, je crois, ont la belle allure des Bessonneau...
Superbe nouvelle après la fermeture de Sallanche qui avait succédé à Passy Mont Blanc. 🛸👩✈️👨🏿✈️🛰💺🛬🛫🛩✈️🚀🚁🍀🍀🍀🍀🍀🍀🍀🙏😘👍
Tout pilote de planeur vous dira qu'il était sécurisant de savoir, qu'en cas de chasse lors d'un vol sur le mont Blanc, on pouvait se vautrer à Sallanches, les terrains vachables ne sont pas nombreux dans cette région !
Je découvre l'histoire d'un bâtiment que je côtoie tout les jours sans y faire attention.
Ca m'a donné l'envie d'aller le voir de l'intérieur.
Merci.
Infrastructures inutiles, vieux machins à détruire plus qu'a conserver... Il y a moins de deux ans, dans mon coin il y a eu un incendie, un bête petit feu de friche. Ça a gagné la forêt à coté, et avec la sécheresse c'est devenu un désastre. Le problème, tous les chemins avaient disparus, vendus ou annexés. Du coup les pompiers avaient le plus grand mal à faire leur boulot. Ce qui existe et qui ne sert pas aujourd'hui, on peut en avoir besoin demain. Tout équipement, toute infrastructure peut être utile si on la garde. Pourquoi garder un vieux hangar ? Parce que c'est un hangar, on démoli tellement en France qu'on finirai presque par croire que nous avons les moyens de tout remplacer par du neuf. Et puis comme il est dit, ce type de hangar présente un intérêt historique et technique certain. Conçu à une époque ou l'économie de moyens était la règle, en bois de relativement faible section, durable, la preuve, c'est peut être un exemple à montrer à tous les architectes qui nous pondent des structures aussi peu fonctionnelles que solubles dans le temps. Notre société s'est construite sur des concepts maximisant l’utilisation des ressources, ne rien gâcher, ne rien jeter, principes que nous avons oubliés. Il faut le garder, juste pour voir ce qu'il est possible de faire sans électronique et sans mondialisation. La technologie, c'est comme l'élevage, quand une voie se révèle être une impasse et conduit à l’appauvrissement, il faut avoir les souches pour revenir en arrière et recommencer. Ce bessonneau en est une, une leçon du passé pour le futur.
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