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Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale

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Frédéric Lert

A Rochefort, haut lieu de l’aéronautique navale, la collection de l’Association nationale des amis du musée de l’aéronautique navale (ANAMAN) est aujourd’hui aisément accessible au public, grâce à l’ouverture, le 21 mai 2016, d’une route dédiée. Un passage obligé pour qui s’intéresse à la cocarde à hameçon…

Peu importe le flacon, pourvu que l’on ait l’ivresse. Le dicton s’applique parfaitement à la collection de l’ANAMAN. Le hangar est sans grâce, mais on est happé au premier coup d’oeil quand on y pénètre par le soin apporté à la présentation des appareils. Il suffit d’un Crusader un peu dépoilé, d’une élingue, de quelques pylônes qui ont vécu et d’un escabeau bien placé à l’aplomb de la cabine de l’avion pour réaliser que l’on est à la bonne adresse : les appareils sont accessibles, on peut tourner autour, effleurer les fuselages (qui en ont vu d’autres…).

On est à Rochefort, en Charente Maritime, en 2016, mais on pourrait tout aussi bien se croire dans une flottille de Landivisiau à la fin des années 80…

La marque de fabrique de l’ANAMAN est de faire bien avec peu… L’association vit avec 400 adhérents et moins de 9.000 € de subventions annuelles : 6.500€ du département (qui est propriétaire du hangar), 800 € de la ville de Rochefort et 1.000 € de l’Ardhan (Association pour le Recherche de Documentation sur l’Histoire de l’Aéronautique Navale). Mais l’ANAMAN dispose de nombreux atouts pour assurer sa pérennité et développer son rayonnement en direction de la société civile : « Nous avons d’excellentes relations avec Airbus, très présent à Nantes et St Nazaire explique Christian Cabanel, président de l’association. « Nous travaillons également en relation étroite avec le lycée Marcel Dassault qui offre quatre sections en bac pro aéronautique et va créer un BTS aéronautique à la rentrée. Nous organisons des stages de découverte pour les lycéens, nous présentons également les métiers de l’aéronautique avec nos appareils en exposition et nos ateliers de restauration ».

Un outil essentiel dans le développement de la collection tient à l’ouverture d’un accès direct depuis l’espace public.

La collection avait été créée en 1988 sous le titre de « musée des traditions de l’aéronautique navale ». Mais à la fermeture de la base navale en 2002, le musée s’était retrouvé orphelin et placé de facto dans l’enceinte de l’école de la Gendarmerie.

Le musée de Rochefort abrite une impressionnante collection de maquettes au 1/72eme, dont quelques porte-avions remarquablement reproduits. © Frédéric Lert / Aerobuzz.fr
Piasecki H21 aux couleurs de la flottille 31F, tel qu’il fut utilisé pendant la guerre d’Algérie. L’appareil à son compartiment cargo et son poste de pilotage parfaitement restaurés. © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
Une des plus belles pièces du musée, sinon la plus belle… Le Crusader de la 12F portant la décoration spéciale créée pour le retrait de service de l’avion, en 1999. Tout aussi in-téressants, les nombreux équipements présentés sous l’avion. © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
Les dessous du prototype du Jaguar Marine. On distingue les supports servant à suréle-ver l’avion pour échapper aux inondations. Le terrain de Rochefort est installé sur un marécage et le hangar s’est déjà transformé en pédiluve par le passé… © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
Autre décoration spéciale, cette fois celle de l’Etendard IV lors du retrait de service de l’avion en 1991. Au pied de l’avion, quelques exemples de roquettes en situation… La présence du mannequin et des flammes de sécurité ajoutent à l’ambiance qui se dégage de la scène. © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
Un CM 175 Zéphyr qui semble comme neuf… Dérivé du Fouga Magister, le Zéphyr a été retiré du service en 1994 et il n’a pas été depuis remplacé. L’entrainement des pilotes de l’aéronavale se fait depuis aux Etats-Unis sur T-45 Goshawk. © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
Le Neptune est patiemment décapé en utilisant du bicarbonate de soude à basse pres-sion. L’ANAMAN n’a pas beaucoup de sous, mais elle a des idées et des bras. L’avion a été amené en vol directement sur le terrain de Rochefort. © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
La salle des tableaux de bord, avec en bas au premier plan celui d’un Bréguet Alizé, et au-dessus celui d’un HSS (S-58). Ces équipements sont en état parfait ! © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore
Exposé à l’extérieur en compagnie d’un Nord 262, le deuxième exemplaire du Super Etendard. Né de la transformation de l’Etendard IV n°18, cet appareil fut en fait le troi-sième à prendre l’air, 19 jours seulement après le 03. C’était en 1975. © Frédéric Lert / Aerobuzz.frmore

L’accès était compliqué pour le public et le nombre de visiteurs ne dépassait pas 3.000 par an. Depuis l’ouverture d’une route séparée, les admissions sont libres deux jours par semaine, bien que les visites se fassent toujours avec un encadrement fourni par les volontaires de l’association. « Un doublement du nombre de visiteurs dès cette année est un objectif portée de mains… » résume Christian Cabanel.

Parmi les pièces les plus spectaculaires (sur un total d’une vingtaine d’aéronefs présentés), le Crusader dont il est question plus haut, mais aussi le prototype du Jaguar Marine, quelques autres « réacteurs », une belle brochette d’hélicoptères et plusieurs appareils de l’immédiat après guerre.

Ouvrant sur le hangar, plusieurs salles refaites à neuf présentent des objets et équipements souvent remarquables. La salle « aérostation » inaugurée en début d’année se prolonge par d’autres pièces abritant une des plus grandes collections d’Europe de maquettes au 1/72ème.

De l’autre côté du hangar, une salle expose une étonnante collection de tableaux de bord et d’équipement avionique parfaitement remis en état. A quelques centaines de mètres du hall d’exposition, un atelier abrite également quelques pépites en cours de rénovation, comme un Aquilon, un Dewoitine D520 (propriété du musée de l’Air) ou encore la pointe avant de la cabine d’un dirigeable escorteur Zodiac.

Tout ceci forme un remarquable ensemble qui n’attend plus que les investissements idoines pour être parfaitement mis en valeur.

Le hangar est aujourd’hui considéré comme un « bâtiment industriel » et oblige donc à limiter la présence du public en imposant un encadrement par des membres de l’association. Pour gagner le statut de musée, avec à la clef une plus grande souplesse dans l’accueil du public, des travaux de mise aux normes seront donc indispensables.

Une première phase a été engagée dès cette année, avec la réfection des parkings. Plus tard viendront la remise aux normes de l’électricité, la mise en place d’un circuit handicapé, le désamiantage de certains équipements etc. L’ANAMAN se donne trois ans pour y parvenir. D’ici là, ne vous privez pas de faire une étape par la collection de Rochefort, facilement accessible depuis l’autoroute et qui mérite vraiment le détour…

Frédéric Lert

 

Informations pratiques

Rond Point Bignon (avec un Bréguet Alizé en pot de fleur…)
17308 Rochefort.

L’association Anaman gérant la collection est habilitée à recevoir des dons. Il est d’usage de verser 6€ pour la visite de la collection.

email :
contact@anaman.fr

horaires
les visites se font à heures fixes :
le mardi à 9h
le mardi et le samedi 14h et 15h30
sur rendez-vous pour les groupes(télécharger un formulaire sur le site internet)

site internet : www.anaman.fr

 

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Frédéric Lert

Journaliste et photographe, Frédéric Lert est spécialisé dans les questions aéronautiques et de défense. Il a signé une trentaine de livres sous son nom ou en collaboration. Il a rejoint Aerobuzz en juin 2011. Au sein de la rédaction, Frédéric Lert est le spécialiste Défense et voilures tournantes.

View Comments

  • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
    Bonjour, Pourquoi envoyer les futur(e)s pilotes de l'aéronavale française aux USA?????????????. Cela doit nous coûter un bras! N'y a t'il pas assez d'écoles de formation dans l'ALAT et dans l'Armée de l'Air ? Déjà qu' a l'époque les contrôleurs aériens de l'aéronautique navale étaient formés au Canada! Qui décident dans les hautes sphères gouvernementales et militaires! Pauvres contribuables.
    Un citoyen excédé.
    Cordialement.
    Gilles HELLER.

    • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
      juste tout simplement car l'aéronavale française n'a plus d'avions écoles (les derniers fouga-magister ont étés retirés du service il y a bien 20 ou 30 ans) et nos chers politiques préféraient toucher les dividendes de la paix, en plus avec un seul porte-avion en service qui est en OPEX ou en IPER BEN c'est difficile de former les pilotes

    • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
      La colère est très mauvaise conseillère... On se calme et on boit frais...
      Nos pilotes sont formés aux Etats-Unis parce que justement c'est ce qui nous coute le moins cher actuellement !
      Le gros défaut est la perte de notre indépendance de formation.
      Un autre bon point outre le prix de formation est la directe interopérabilité de nos pilotes.
      Faire la formation en France sur avion français coute très cher au contribuable ! Il faut:
      - une flotte d'avions de formation, catapultable, appontable : on n'en a pas ! Nous n'avons que des avions d'arme Rafale, et on ne fait pas une formation directement sur avion d'arme ! Il nous faudrait un Alphajet Marine... ou acheter des T45 américains ?...
      - un porte avion disponible pour la transformation opérationnelle réelle : on n'en a pas, un seul porte avion ne permet pas formation ET permanence opérationnelle.
      - les mécanos qui vont avec : ça se trouve, mais c'est beaucoup de monde...
      - la piste d'entrainement à l'appontage : on a, elle sert déjà à entretenir les compétences e nos pilotes marins.

      Bref, il faudrait une grosse volonté militaire, politique, et un gros budget Marine/Air pour mettre en place tout ça ! Et on n'a pas ça...

      Tant que nous avions les Fouga Zéphir et deux porte-avions, on savait faire.

    • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
      bonjour cher citoyen excédé,
      vous serez content d'apprendre que l'envoi aux Etats-Unis des pilotes de l'aéro (mais uniquement les futurs chasseurs et pilotes de Hawkeye, les futurs pilotes d'hélico et d'avions terrestre restant en France) est une mesure de bon sens. La marine ne forme qu'une poignée de pilotes chaque année et l'achat d'une flotte d'avions d'entrainement à l'appontage pour ce seul besoin aurait été pour le coup une gabegie. Les jeunes pilotes sont donc formés sur T-45, ils apprennent à apponter sur les porte-avions US et reviennent en France se perfectionner sur Rafale M dans les flottilles. Accessoirement cette formation leur permet de bien maitriser les procédures américaines, ce qui facilite l'embarquement de Rafale sur les navires de Dark Vador quand le besoin se fait sentir...
      cordialement
      Frédéric Lert

  • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
    Super musée dommage que j'habite si loin à coté de la BAN de Hyères ! Dommage aussi qu'il manque un Corsair F4U7, il y en avait une qui volait ici en Provence piloté par Ramon Josa, cet appareil a malheureusement été vendu en Allemagne, et il manque aussi un avion qui n'a pas laissé que de bon souvenirs le Seafire III, dont le dernier exemplaire à été récupéré dans une casse à Graves en 1970 puis après moult tentatives de restauration à abouti en Angleterre où il vole maintenant superbement restauré dans les mains de la collection de Carolyn Grace, vous le trouverez sur le net sous "Grace Spitfire", cette dame possède un des rare Spit biplace !
    Je joins une photo du Seafire en vol avec au dessous le Spit biplace !

  • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
    chers amis d'Aérobuzz un grand merci pource musée, sublime!!!!!! mes félicitations pour tout les bénévoles qui font un travail remarquable!!!!!!

  • Suivez la route qui mène au musée de l’aéronautique navale
    Bonjour

    Le hangar Dodin date de 1929, on peut le considéré également comme une pièce de musée, faisant partie intégrante de la collection.
    Il est vrai que ce n'est pas d'un belle esthétisme comme l'aéroscopia de Toulouse, mais parfois à faire trop compliqué ça ruine les projets de musées, le meilleur exemple est celui de Nancy-Essey.
    Faire simple c'est très bien, l'intérêt premier étant de protéger les appareils à l'image de Montélimar.
    Quant au Musée de Rochefort, c'est une très belle collection que j'ai visité il y a 5 ou 6 ans. Elle a également en restauration Dewoitine 520, Aquilon etc...

    Imaginez la belle attraction si cette collection avait été installé dans le défunt Clémenceau?

    Bonne journée et bonne visite

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