Vous avez aimé Top Gun ? Vous avez adoré Top Gun Maverick ? Avec Romain Hugault vous allez en prendre plein les yeux ! Et en plus vous allez découvrir non pas l’histoire du F-14 Tomcat mais l’histoire vraie d’un Tomcat qui a marqué son temps. Cette nouvelle bande dessinée se devait de connaître un lancement en grande pompe… Mission accomplie.
Dans sa courte allocution lancée lors de la réception organisée pour le lancement de son nouvel album, le dessinateur et illustrateur Romain Hugault s’est avancé à raconter la profonde motivation qui l’a fait rejoindre celle de son éditeur, Pierre Paquet, il y a bientôt 20 ans : « faire sortir la BD aéro d’une certaine ringardisation ». Avoir prononcé ces mots depuis le centre George C. Marshall de l’Hôtel Talleyrand, relevant du consulat des États-Unis, face à l’Obélisque, au Palais Bourbon et à la Tour Eiffel, visibles par les baies vitrées qui dominent la rue de Rivoli, au cœur de ce que Paris propose de plus élégant, est-il le signe d’une mission enfin accomplie ?
Pierre Paquet et Romain Hugault se sont affranchis des habitudes prises en conséquences de la Loi du 16 juillet 1949 établissant la commission de surveillance et de contrôle des publications pour la jeunesse. Pendant longtemps, donc, les auteurs ont dû contourner bien des obstacles pour raconter leurs histoires alors destinées à la jeunesse. Mais les lecteurs ont grandi, pas leurs héros de plumes et d’encre parfois. Il a fallu peut-être qu’un Marvano conte le destin d’un Lancaster et de son équipage ou que Vidal et Garreta mettent en scène des Rafale pour faire entrer la BD aéro francophone dans l’âge adulte. C’est dans cette lignée que « Tomcat » de Romain Hugault s’inscrit effectivement.
Au printemps 2020, le magazine Le Fana de l’Aviation publiait un hors-série consacré au Grumman F-14 Tomcat « Toutes griffes dehors ». L’auteur, qui avait passé le confinement à l’écrire, consacrait un peu plus d’une page à l’histoire de la première femme pilote de chasse embarquée de l’US Navy, tuée à l’appontage en 1994 à bord d’un Tomcat singulier puisqu’il s’agissait d’un des deux appareils de la Navy ayant abattu un Sukhoï 22 Libyen au cours d’un combat aérien en août 1981, incident qui offrit son scénario aux séquences aériennes orchestrées par Tony Scott entretemps. Le dessinateur, qui cherchait à mettre en scène ce chasseur devenu mythique, avait trouvé l’histoire qui lui fallait !
L’histoire de cette jeune femme, Kara « Revlon » Hultgreen est une tragédie grecque aux pans clairement sordides et dont le fin mot nous échappe encore. Si elle fut, techniquement, victime d’une des énormes vicissitudes du F-14 Tomcat et de ses calamiteux réacteurs TF30, son histoire, son destin, interrogent encore. Fut-elle, ou non, propulsée sur le siège éjectable du Tomcat » pour une « discrimination positive » qui ne disait encore son nom ? Les éléments à charge ne peuvent pas être niés mais les progressions de tous les pilotes ne sont-elles pas, non plus, parfois marquées par quelques échecs retentissants, frustrants et amers, qui, une fois surmontés, n’en donnent qu’un socle bien plus solide à une carrière qu’on jugera admirable finalement ?
Entre l’effet « Top Gun » toujours sensible, ou celui de la déplorable convention « Tailhook » à Las Vegas en 1991, le destin de « Revlon » est un drame aux ramifications politiques évidentes, du tir d’un Sidewinder par « Music » Muczinski un jour d’août 1981, à l’éjection miraculeuse d’un navigateur qui perdit, en octobre 1994, sa pilote, pour 0,4 secondes ! L’histoire est vraie. Elle raconte une époque qui, paradoxalement nous rend nostalgiques tout en étant heureusement révolue.
Tomcat est un album de BD où le dessinateur, bien porté par le séquençage orchestré par sa scénariste Anastasia Heinzl, a mis en valeur un appareil dont on connaît le caractère photogénique et tout le potentiel bédéphile. On notera au passage que le F-14 était aussi au cœur d’une inoubliable trilogie du duo Charlier-Bergèse dont ce fut le pinacle. Mais le mettre en scène reste un défi car il n’y a aucun droit à l’erreur ; la vedette possède sa cohorte d’adeptes inflexibles qui ne pardonneraient aucun défaut, pour lesquels la moindre approximation serait immédiatement interprétée comme une ignominie portant atteinte à la dignité de leur idole. Qu’ils soient ici rassurés ! Ils pourront compter les boulons comme d’habitude ! Les autres auront, de toute façon, tout le loisir de penser que 32 x 24 cm, c’est un chouia riquiqui pour bien apprécier certaines de ces planches et qu’en 3 mètres sur 2 ça serait mieux !
Étrangement, le communiqué de presse de l’éditeur est à deux doigts d’évoquer un pamphlet féministe. Or cette BD ne l’est pas. Ou totalement, sinon. Mais on n’y décèle aucun militantisme. Parce qu’avant tout – doit-on y voir là que la confirmation que la déringardisation voulue en fait un passage obligé – le talent d’illustrateur d’Hugault, irréfutable, ne peut, ne doit, s’affranchir d’une règle essentielle, celle que Julien Duvivier avait édicté pour le cinéma et qui s’applique avec la même cruauté aux album de BD et pour lequel l’album « Tomcat » est exemplaire : « il faut trois choses pour faire un bon film : d’abord une bonne histoire, puis une bonne histoire, et enfin une bonne histoire ».
Commander en ligne : Tomcat
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Ah, on va se régaler et ça me rabibochera avec Romain après son bouquin sur l'Aéropostale fait avec Bernard Chabbert - paix à tes cendres, Bernard -, mais bourré d'erreurs et de contre-vérités issues de Kessel. Et puis, non, le Bloch 174 A 3 n° 24 de Saint-Ex sur Arras ne portait pas l'insigne de la Hache. Celui-ci n'est apparu au 2/33 qu'à la fin 1945. Mais bon, le grand Paul Lengellé avait fait la même erreur. Dommage que Romain Hugault ne connaisse pas les Éditions Latérales attachées à rétablir bien des vérités, surtout celles sur Mermoz et Dieudonné Costes. Il peut venir vers moi quand il veut si un jour il devait revenir dans le ringard, ou bien alors pour un beau livre sur les essais en vol des Leduc et Griffon, quand les pilotes n'avaient pas de simulateurs, mais des c… Sinon, je ne compte pas les boulons et je ne vois pas beaucoup d'approximations, surtout dans ses dessins de femmes. Et puis, cher Frédéric, pardon, mais tu te trompes : les vrais lecteurs de BD n'ont pas grandi. Tu as un exemple près de toi… ton chef !