Alain BATTISTI

Depuis que ses pairs l’ont élu à la tête de la Fédération nationale de l’aviation marchande, Alain Battisti, fondateur de Chalair, l’une des plus petite compagnie aérienne française, se retrouve en première ligne pour défendre un pavillon français en perte de vitesse.

Aerobuzz.fr – Vous souvenez-vous de votre baptême de l’air ?
Alain Battisti – C’était en Ardèche, à Ruoms. Je m’en souviens parfaitement. C’était sur un magnifique Rallye tout neuf. 25 ans après, je me suis posé un jour à Ruoms. Je ne savais pas qu’il fallait une autorisation. L’instructeur qui me l’a fait remarquer, était celui qui m’avait donné mon baptême de l’air. Il a pris sa retraite quelques mois plus tard…

Quel est pour vous la plus belle machine volante ?
Le DC3 bien sûr… ou peut-être le P38 ? Non c’est bien le P51D !

Si vous étiez un aéronef, lequel seriez-vous ?
Je serais un DC3 ! Fiable, moderne à son époque, qui passe le mauvais temps, confortable et qui tient longtemps. (rire)

Quel est votre livre aéronautique de référence ?
« L’Histoire de l’aviation » de René Chambes, sorti au milieu des années 70 et qui a été mon livre initiatique, offert par mon père.

Quelle est votre dernière lecture que vous recommanderiez ?
Le livre consacré au Transall de Gilles Bordes-Pagès. Il est absolument fabuleux par les photos, mais aussi par les textes. J’ai découvert des trucs que je ne connaissais pas. C’est un livre qui m’a beaucoup plu tant du point de vue esthétique, que sur le fond.

Quel est votre film aéronautique préféré ?
« La Bataille d’Angleterre ». Ca ne peut pas être un autre film pour moi.

Quelle chanson ou quelle musique évoque le mieux l’aviation selon vous ?
En musique, la bande originale du film « Nimitz, retour vers l’enfer » avec Kirk Douglas, est euphorisante. L’histoire du porte-avions qui est renvoyé quarante ans en arrière, au moment de l’attaque de Pearl Harbor, un mélange de science-fiction, d’histoire et d’avions. Le thème de « Dien Bien Phu », un concerto de Georges Delerue est également une référence incontournable.

Quels sont pour vous le plus grand aviateur et la plus grande aviatrice ?
Je ne fais pas de différence entre un homme et une femme pilote. Il y en a un que j’ai la chance de côtoyer et qui est Jean-Marie Saget. Bien qu’il ait piloté des avions exceptionnels, il est resté attaché à l’aviation légère. C’est une vie d’aviation totale, au service du progrès mais aussi de la formation des plus jeunes. Jean-Marie enseigne toujours la voltige, à largement plus de 80 ans.
L’aviatrice que j’admire le plus est Jacqueline Cochran. Elle est à l’image de l’Amérique où tout est possible. Elle a grandi en Floride. Elle a découvert les chaussures à l’âge de 11 ans et elle est devenue l’une des plus grandes aventurières de l’aviation. Son parcours est exemplaire, elle a pris l’uniforme pour enrôler les femmes pilotes et ainsi bien avant les féministes, les émanciper efficacement par la démonstration.

Quel exploit aéronautique auriez-vous aimé réaliser ?
Le tour du monde sans escale de Dick Rutan et Jeana Yeager avec le Voyager. C’est pour moi le plus grand exploit aéronautique de ces 50 dernières années.

Ce ne sont plus les aviateurs que les foules accueillent à leur arrivée sur les aéroports, mais les footballeurs. Qu’est ce que cela évoque pour vous ?
C’est à l’image des changements de valeurs de notre époque… Sans commentaire…

Qu’auriez-vous conseillé à Icare ?
Voler plus bas !

Quel est le plus grand événement ou exploit aéronautique de ces dernières années ?

Faire voler 3,5 milliards de personnes avec un niveau de sécurité jamais atteint. C’est cela le vrai exploit parce qu’il est quotidien.

Vous est-il arrivé de regretter d’avoir pris l’avion ?
En tant que passager, oui ! C’était un jour de Noël, en arrivant à Chambéry, en ATR. La météo était très mauvaise. Nous sommes passés sur la tranche au-dessus de Chambéry. Il y a plus de 20 ans de cela et je n’ai pas aimé…

Qu’évoque pour vous un aéroport ?
C’est la part de rêve que conserve encore le voyage. Une bande de béton de quelques kilomètres seulement qui nous emmène à l’autre bout du monde. Quitter le sol, vers des destinations que l’on ne connaît pas forcément. Cette part de rêve qui existe toujours dans l’aviation et à laquelle sont sensibles les passagers, mais que nous, professionnels, ne mettons pas assez en avant.

Qui ou quoi vous a amené à l’aéronautique ?
Mon père. Il fait partie de ces gens qui n’ont été ni mécano, ni pilote, mais qui aiment l’aviation pour les valeurs qui lui sont attachées. Quand j’ai eu 15 ans, il a voulu que je passe mon brevet de pilote privé. Le terrain était fertile…

De quoi êtes vous le plus fier dans votre carrière ?
De ce qui reste à accomplir. Tout est en devenir. J’ai encore plein de choses en tête. Il me manquera du temps, mais c’est tout ce qui reste à faire qui est fabuleux.

Quelle autre activité auriez-vous pu faire, ou aimé faire ?
Joueur de tennis professionnel. A cause du travail que cela nécessite pour être au niveau, de la notion de voyage et d’internationalisation. C’est un univers cosmopolite.