Le musée de l’Air et de l’Espace présente jusqu’au 29 janvier 2017, une exposition temporaire intitulée « Verdun, la guerre aérienne ». La mémoire collective a oublié que la bataille de Verdun fut un tournant dans la guerre aérienne, et que c’est à cette occasion que l’aviation de chasse s’est structurée. Un ouvrage collectif conçu en lien avec cette exposition ainsi que le dernier numéro du magazine trimestriel Icare permettent d’approfondir le sujet.
Stéphane Abrial, président du conseil du musée de l’Air et de l’Espace et ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air, et Catherine Maunoury, directrice, ont procédé au vernissage au milieu d’un parterre d’officiels, vendredi 14 octobre, de la nouvelle exposition temporaire Verdun, la guerre aérienne.
Dans un musée national des choses de l’air qui, pour des raisons de grands travaux, n’a plus grand-chose à présenter dans son bâtiment-phare, l’aérogare de 1937 (autrefois dénommé “la grande galerie”), cette exposition, qui se tient du 15 octobre 2016 au 29 janvier 2017 est particulièrement bienvenue, d’autant qu’elle s’inscrit dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre et de celui de la Bataille de Verdun. Pour cette dernière, d’ailleurs, il était temps, car les historiens s’accordent à penser qu’elle a duré du 21 févier au 18 décembre 1916.
Les aficionados de l’aérostation regretteront toutefois que les magnifiques collections dont des extraits étaient présentés là depuis quelques années, aient disparu, puisque c’est justement cet espace qui abrite Verdun, la guerre aérienne…
« La bataille oubliée »
Sur quelque 400 m2, et en sept grands “tableaux”, voici donc une évocation de “la bataille oubliée”. Oubliée parce que dans la mémoire collective, Verdun est synonyme à juste titre de l’horreur des tranchées, du fracas des bombardements d’artillerie, de la fureur des attaques d’infanterie.
Verdun symbolise l’enfer vécu par le Poilu et ses qualités de courage et d’abnégation. Pourtant, qui dit puissance de l’artillerie sous-entend avions, les frêles assemblages de bois et toile qui repèrent les batteries ennemies et effectuent les réglages des amies… Les aviateurs, qui seront souvent stigmatisés comme des “planqués” ou des “embusqués” en raison des conditions de leurs cantonnements, n’ont pourtant pas démérité, et ont payé un lourd tribut au combat…
Le Nieuport XI face aux Fokker
Verdun est aussi un tournant dans la guerre aérienne, car c’est à cette occasion que l’aviation de chasse se structure. Le général Pétain a dû faire appel au commandant Tricornot de Rose : “je suis aveugle, balayez-moi le ciel des avions allemands”. L’officier rameutera les pilotes les plus expérimentés, dotera les escadrilles de matériels plus performants, tels le Nieuport XI “Bébé” qui contestera avec succès l’hégémonie des Fokker qui sont, eux, dotés de la synchronisation du tir de la mitrailleuse au travers du disque de l’hélice.
Le Nieuport XI orné de la rose est donc judicieusement la vedette de cette exposition. De même que la nacelle d’un ballon d’observation (une “saucisse”), dont le rôle d’observation a été si primordial durant le conflit. Enfin, la torpédo Sigma de Georges Guynemer, prêtée par le musée de l’automobile du palais impérial de Compiègne (où l’As vécut avant la guerre et où il prit son baptême de l’air) est en bonne place, pour symboliser le prestige dont jouissaient les aviateurs à “l’arrière”. On pourra pourtant opter que Guynemer ne participa pratiquement pas à la bataille de Verdun (une mission !)…
Des documents appartenant au Service historique de la Défense département Air, comme le JMO (Journal de marche et d’opérations) de l’escadrille N-65 sont aussi présentés.
Editions spéciales
Le catalogue est un intéressant ouvrage collectif (une quinzaine d’auteurs sous la direction de deux des conservateurs du musée de l’Air et de l’Espace, Gilles Aubagnac et Clémence Raynaud) publié par les éditions Pierre de Taillac qui traite des multiples aspects aériens de la Bataille de Verdun. Tandis que les lecteurs intéressés par le déroulé se précipiteront sur le dernier numéro d’Icare, écrit par l’historien Claude Thollon-Pommerol.
En conclusion, une belle exposition pour tous ceux qui ont une conscience du devoir de mémoire.
Jean Molveau
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