Bruno Guimbal, le constructeur de l’hélicoptère biplace Cabri G2, implanté dans le sud-est de la France, réagit à l’article paru ici même sur les fusions-acquisitions dans l’industrie aéronautique. Le dirigeant d’une PME de l’aéronautique subit, au quotidien, les conséquences de ces regroupements industriels. Au passage, il évoque la manière avec laquelle Hélicoptères Guimbal fait face à la tempête Covid-19.
J’ai été, il y a deux mois, incité à témoigner sur notre vécu de petit constructeur très international (90% d’export) dans le bazar mondial mis par le virus. Je voulais dire comment, voyant arriver la tempête, nous essayions à HG (ndlr : Hélicoptères Guimbal) de prendre un ris, en suivant cet adage de marin à voile : « quand tu vas prendre un ris, prends-en deux ! ». J’avais envie de partager notre inquiétude de disparaître, grandissant au fur et...
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Soyez tranquille pour une année entière d’actus aéro !
Merci à vous, Monsieur Guimbal, un temps constructeur amateur, qui comme René Fournier faites l’Aviation, rentrant par la petite porte (PME). Le Cabri est à l’hélicoptère ce que MCR est à l’aviation légère, des appareils légers et performants ; qui plus est certifié. Il faut féliciter des personnes comme vous qui ont vraiment l’esprit d’entreprise et le cœur à faire; il y a tellement de gestionnaires capables de transférer leurs billes par cupidité. La sphère économique est justifiée, mais injustifiable quand un process de production n’est là que pour le ventre des actionnaires. On peut comprendre des augmentations quand la charge augmente ou que le produit prend de la plus-value en qualité, matière, performance, mais 1000% ! C’est du n’importe quoi, même sous le coup d’une crise sanitaire ; le vol ne sera pas que sur l’appareil, il le sera également sur le dos du client final. Avec des gros postes, ça vaut le coup d’améliorer le produit existant par de l’innovation et de le produire soi-même; la sous-traitance n’est pas toujours honnête. Aujourd’hui il y a des procédés de collage où soudure & matière en fusion n’étaient jadis que les seules possibilités offertes. Méfiez-vous des rapaces, ces grandes voilures, qui ramassent le petit pour le réduire en pièce. Il faut s’attendre à tout, quand on a tout prévu, on n’est rarement pris au dépourvu. Vous avez raison, soyez vendeur de votre produit, pas de votre entreprise ou de votre âme ; longue vie à HG.
Et le pire ….
Les financiers et économistes eux-mêmes ont reconnu que les fusac sont destructrices de valeur pour les actionnaires…
Pourquoi continuer alors ?
* L’égo des PDG qui veulent diriger plus gros, toujours plus gros
* La goinfrerie des cabinets d’avocats et de financiers qui empochent des honoraires énormes
* l’aveuglement des boursiers qui ne veulent pas voir qu’ils vont y laisser des plumes
C’est un jeu de mistigri, seul le dernier à avoir les actions dans la poche sera perdant; il aura engraissé tous les acteurs avant lui.
Plus simple, avant l’avidité des conseils et patrons vindicatifs : la vision d’un concurent qui prendrait la main et le marché avant…
Qui saura arrêter cette réaction en chaine ?
Les nouveaux entrants ne montrent guère de signes d’arret de ce jeu malsain, la Chine en tête, avec la bénédiction du gouvernement.
Excellent article ! Si seulement on pouvait lire ce genre de texte plus souvent dans la presse industrielle… et financière !…
Petite incidente : la critique de la vétusté des flottes d’avions apparaissant dans les commentaires pourrait tout aussi bien être érigée en vertu : faire voler des machines de 30 ou 50 ans d’âge est une prouesse de l’économie circulaire qui préserve quantité de ressources primaires ! Et concevoir aujourd’hui des engins robustes et fiables qui voleront encore dans 30 ou 40 ans, itou ! (On aura l’occasion d’en reparler pour les e-VTOLs…). Ajoutez-y le côté « partage » qu’on rencontre par exemple en aéroclub (à l’instar de l’auto-partage), qui optimise le taux d’utilisation desdites matières… Et n’oubliez pas de mentionner que l’avion est le SEUL moyen de transport qui nécessite peu d’infrastructures au sol et ne cloisonne pas les milieux naturels en triangles écologiques (qualité qu’il partage avec le bateau, sauf que ce dernier ne franchit pas les terres…) ; je me dis parfois que l’aviation est un milieu de passionnés qui, pris par leur passion, s’avèrent incapables de produire un argumentaire logique et objectif sur leur activité, et se condamnent toujours à être acculés à la défensive dans quelque corner de la société…
Excellent ! , je n’irais pas jusqu’à rajouter qu’une part importante de nos avions de loisir étant en bois on contribue même à stocker le carbone. (mais c’est vrai).
Bonjour Bruno
Jean-Marie Klinka avec qui j’avais partagé ma dernière année aux Arts et l’année suivante à l’ESTA m’a aiguillé sur ton article. Je partage complètement tes opinions brillament exposées. Entre ma courte carrière d’ingénieur et celle de pilote j’avais travaillé aux US pour ceux qui allaient devenir la French Connection et aussi pour la SOCATA qui essayait de relancer les ventes de Rallye dans ce pays. C’etait en 1977 et à cette époque si ma mémoire est bonne il y avait 9000 nouvelles immatriculations d’avion par an rien qu’en Californie (et 900 en France à la même période). On voit le chemin parcouru depuis grâce aux fusions acquisitions et aux pressions réglementaires et juridiques.
Comme JMK, je serai intéressé par un développement sur ta vision de l’e-VTOL. Je n’y crois pas beaucoup non plus, pas pour des raisons techniques (je ne suis pas compétent) mais plus pour des raisons opérationnelles liées à l’utilisation de ce qu’on appelle IA et qui n’est pour l’instant qu’une automatisation sophistiquée certes, mais bien loin d’une intelligence.
Peut-être un article sur le sujet?
Tous mes vœux pour le succès HG malgré les circonstances.
Quel plaisir de lire une plume qui a le courrage de dire les choses, sans détours ni langue de bois… Enfin ceux qui ont touché du doigt ce que veut dire « créer une entreprise », avec des vrais clients, des vrais fournisseurs et une équipe à alimenter.
Je m’étonne juste de ne pas entendre les Onc’Contrôleurs ou les détracteurs de telle ou telle cause écolo tsoin tsoin. Je ne raille pas les supporter des ces causes qui sont fondamentales, mais la manière de transposer la théorie au terrain.
On ne fera pas d’écologie si nous n’avons plus suffisement de moyens pour créer cette nouvelle vie, si nous ne sommes pas vigilants à conserver la valeur en France.
Une entreprise acquise par un étranger est synonyme de valeur « ponctionnée » pour alimenter des interêts hors de nos frontières, autant que nous ne pouvons pas nous partager ou investir pour l’avenir.
Mon message n’est pas isolationniste, il veut plutôt éveiller la conscience que nous faisons tous partie d’un même navire : ceux qui rament à contre courrant se trompent de sujet, il rament au final pour d’autres et contre leur propre futur.
C’est une vérité absolue, un patron s’en met plein les poches (de problèmes inutiles)…
Ces fusions-acquisitions, qui représentent le capitalisme débridé, me rappellent Cronos, ce dieu de la mythologie grècque qui dévorait ses enfants, et que seule une guerre pût détrôner.
Cher Bruno Guimbal,
Merci pour cette tribune directe et décoiffante !!
Nous avions fait connaissance en 2013 pour le 50ème anniversaire des Bombardiers d’eau et, dans la tourmente…., si vous vous rappelez….j’avais ô combien apprécié votre boost clairvoyant…!!
Tout le meilleur à vous-même et à HG…
@woodplane a écrit : »Les aéronefs neufs sont devenus inabordables par leurs prix d’acquisition car ils nécessitent aujourd’hui des d’équipements coûteux, deviennent de plus en plus lourds et demandent des puissances moteur en rapport pour les faire voler. »
Posez-vous la question du pourquoi ! Pour moi c’est simple, parce que les utilisateurs de tout produit manufacturé (pour ne citer que ceux-là) en demandent toujours plus et les fabricants n’ont pas le choix ils doivent suivre la demande du marché. Dites moi pourquoi les gens ont-ils besoin d’un SUV pour rouler en Ile de France ? Pourquoi les gens ont-ils tous eu besoin d’un transpondeur dans leur trapanelle et d’un EFIS ?
Si la 2 CV Citroën était par trop minimaliste, on pouvait très bien faire avec une 4 CV Renault voire une 203 Peugeot pour rouler dans les embouteillages des villes et à 90 km/h sur les routes de campagne. Si vous croisez une de ces voitures regardez la taille des roues et des pneus comparée à celle des roues des SUV !! La fuite en avant est une des principales plaies de notre Société.
Les hélicoptères du SAMU étaient autrefois des mono-turbines ; un jour il a été décrété qu’ils devaient être des bi-turbines ; pas grave C’EST LA SECU QUI PAYE
J’avoue être admiratif de Hélicoptère Guimbal (sans connaitre Bruno Guimbal) pour avoir eu le courage, la ténacité et tout ce qui va avec de lancer cette aventure.
Les articles de Bruno Guimbal ne font que renforcer mon respect !
Merci à Monsieur Bruno Guimbal de partager cette analyse, parole rare mais chaque fois de valeur. Au delà de la crise, celle d’aujourd’hui mais les précedentes aussi dont je suis moi-même victime en tant que simple salarié intérimaire, c’est votre coup de gueule sur les fusions aquisitions qui m’interpelle! En commençant comme simple mécanicien hélico, puis magasinier, acheteur, chef d’équipe, inspecteur qualité…je suis outré moi aussi par toutes ces petites boites qui se font absorber, sous couvert d’une plus forte influence sur les marchés…quand elles ne disparaissent pas tout simplement! j’ai la crainte des géants, crainte pour nous mais aussi crainte pour eux…Il n’est pas simple aujourd’hui d’être un industriel!
Merci pour cette tribune très intéressante d’un acteur de terrain. La désindustrialisation de la France est malheureusement incontestable et les conséquences vont se faire sentir de plus en plus au fil du temps. Malgré toutes ces difficultés vous parvenez à bien vous en sortir depuis des années, je vous souhaite que ça continue.
L’aviation générale existe encore car elle représente une grande part de loisirs.
Mais pour combien de temps encore?
Tous les indicateurs font penser qu’à court moyen terme cette activité, au départ ludique mais devenue quasi professionnelle avec tous les effets pervers que cela induit, est vouée à disparaitre, ou en tout cas, devenir une niche pour quelques nantis.
Les aéronefs neufs sont devenus inabordables par leurs prix d’acquisition car ils nécessitent aujourd’hui des d’équipements coûteux, deviennent de plus en plus lourds et demandent des puissances moteur en rapport pour les faire voler.
L’age moyen de la flotte des avions « légers » en France est canonique!
Il sera financièrement, techniquement et réglementairement, bientôt plus possible de les maintenir en état de voler et d’ailleurs, pour quels utilisateurs?
La population des pilotes vieillie elle aussi et a beaucoup de mal à se régénérée.
La vie coûte de plus en plus cher, surtout pour les « jeunes ». Les choix sont donc vite établis lorsque l’on voit le coût d’un brevet de pilote, les formalités pour accéder à l’apprentissage, les multiples contraintes imposées à l’aviation légère et enfin la capacité et l’envie de continuer à piloter après le Brevet qui s’amenuisent au fil des mois compte tenues de toutes ces tracasseries et obligations qui sont aussi des dépenses non négligeables pour un plaisir qui finalement, est anéanti sous tant de charges pour une « simple » activité de loisir.
Activité qui sera de plus en plus difficile à maintenir du fait que les avions légers d’aéroclubs ne sont plus des passages faciles et économiques pour les jeunes qui souhaitent embrasser une carrière professionnelle, par exemple!
Les pilotes « amateurs » devront se battre encore plus fort pour espérer conserver quelques avions, des aérodromes, des espaces aériens disponibles et encore un petit peu de liberté pour la passion du vol dans un contexte économique et écologique en forte tension.
L’aviation « plaisir » ne fait plus autant rêver car elle est devenue trop complexe, trop chère.
Super Bruno comme tu le sais je suis beaucoup de part le monde et un Cabri me rend à chaque fois fier d’être français comme un TBM un Ecureuil et Européen pour un Airbus. Tu devrais mettre en ligne la photo des nombreux Cabris en Afrique du Sud und grand bonjour à tous et à bientot peut être à Barcelonnette. Philippe
Quel soulagement de te lire, Bruno, dont je partage les avis à 100%, je te reconnais bien…
J’ai bien aimé ta courte opinion sur les e-VTOL, il aurait fallu développer, mais finalement c’est du temps perdu…
Plus sérieusement est l’opinion que tu te fais des fusions-acquisitions.
Je n’oublierai pas ta conclusion (le dernier paragraphe)
Tu es bien le seul, en AG, à supporter des NRC de 1000%.
Je n’ai pas compris ton allusion: (!) après « actionnaire fidèle »
Mes amitiés à toi et ton épouse, le seul en cravate sur la photo qui vaut largement une médaille pour le personnel …
Merci Jean-Marie. Le « ! » indique juste que je suis le principal actionnaire (80 %); je sais ce que ça m’a coûté ! pour ne pas rentrer dans les fusions-acquisitions.
Je ne suis animé ni par une volonté de faire fortune (heureusement en ce moment !) ni par un rêve d’inonder le monde d’hélicoptères en quantités infinies. Que personne n’hésite à nous consulter quand même, ils sont beaux ils sont frais ! 🙂
Bonjour Mr GUIMBAL,
Je ne puis malheureusement que confirmer vos propos . J’ai créé beaucoup de sociétés en France depuis ma sortie de l’école . je n’ai pas cherché à faire fortune et j’ai réinvesti l’argent gagné dans l’industrie . J’ai en 25 années réussi à monter une fonderie de titane de précision à la cire perdue. Nous sommes actuellement terrassés par l’arrêt du 737 car SNECMA nous adonné interdiction de livrer avec un prévis de 8 jours violant tous les contrats qui prévoyaient un préavis de 2 mois . Ils se retranchent derrière le cas de force majeure. la France devient un désert industriel . Je vous félicite pour avoir eu le courage de cette aventure et le travail accompli . Je « bricole » un peu dans l’hélicoptère mais mes clients ne sont pas demandeurs de votre produit.
Cordialement
B HENRION
Merci Bruno Guimbal pour cet article qui traite de l’impact très concret des fusacq., vision terrain qui échappe à beaucoup lors des échanges sur le sujet. Attendons du reste avec gourmandise les différentes perceptions qui vont s’affronter de ces opérations,
. la vision vertueuse : pérennité de l’entreprise, dynamisation, élargissement de son marché, augmentation de sa technicité pour le meilleur intérêt de TOUTES ses parties prenantes,
. et la vision accusatrice d’opérations voyoutes qui enrichissent investisseurs et opérateurs en se payant sur la bête quel qu’en soit les conséquences…
Le problème, c’est que les deux natures existent… Le propre de l’homme en fait.
M. Guimbal, je suis votre parcours en tant que voisin (Aix) et en tant que pilote, maintenant de « tagazous ». Mais non pas pilote d’hélico, j’ai des amis qui me « rencardent » là-dessus…
Merci pour votre pugnacité et, pour répondre en écho à un passage de votre article,
« Bon vent », que Zéphyr (ou Favonius) vous soit propice.
« En aviation générale, la chute est pire encore, mais cela a commencé 10 ou 20 ans avant. » Comme le temps passe : ça date de plus tôt que cela puisque le rapport du Sénateur Parmentier de 1982 sur l’aviation légère date cette chute à 1971.
Je me souviens en effet quand j’étais jeune d’entendre d’aucuns s’émouvoir que l’âge moyen de la flotte des aéroclubs s’est situait entre 20 et 30 ans…Le temps a passé et celle ci atteint gaillardement les 50 ans. Les contraintes se sont tellement accumulées qu’il n’y a aucun business model de viable qui permette de produire une heure de vol à un prix (même pas) abordable avec une machine neuve. Il ne s’en vend plus qu’une grosse centaine par an d’ailleurs quand Cessna produisait plusieurs milliers de c172 dans les années 60 ou 70. L’orchestre continue de jouer, et le Titanic continue de sombrer. Inexorablement
Voler en aéro-club a toujours coûté cher (trop cher pour un jeune). Sinon j’aurais appris à piloter à l’âge de 16 ans et pas à 30 ans. A mon avis ce qui pèse énormément aujourd’hui sur la vitalité des AC c’est la complexité de la réglementation et surtout la fuite vers les ULM de tous les pilotes atteints par l’interdiction de voler autrement suite à une opération chirurgicale et lorsqu’on atteint les 50-60 ans il est fréquent de devoir passer sur le billard. Dans ce sens le mouvement ULM a tué les aéro-clubs traditionnels et l’aviation en CDN. Ajoutez à cela des âneries coûteuses pour les aéro-clubs du genre de confier la gestion d’un aérodrome comme celui d’Etampes à ADP avec l’envolée des loyers qui s’ensuivit et les exemples doivent être nombreux.
1971, c’était il y a 50 ans. Et 52 ans encore plus tôt, c’était la fin de la première guerre mondiale et certains disent qu’on produisait en France alors au sortir de la guerre 3000 avions par mois, oui par mois !
Stanloc pourquoi accuser l’ULM pour avoir permis a des gens de voler ? Quel mal y aurait-il a voler en ULM plutôt qu’en avion certifié ? Ce qui compte a la fin c’est de pouvoir assouvir sa passion, n’est-ce pas, et tant qu’à faire sur des machines françaises. Vous pouvez accuser le monde d’aller trop vite, de fuite en avant, mais vous pouvez aussi prendre l’autre perspective qui montre que l’aviation (légère) a fait un bond de géant en 60 ans au début du siècle précédent, puis a terriblement ralenti les 60 suivantes. C’est un serpent qui se mord la queue, moins c’est attractif moins il y a de monde, moins ça évolue, moins ça fait envie, … Il n’y a pas que l’argent, les gens l’ont pour les SUV et les vacances …
29 commentaires
Excellent article, merci.
Effectivement, pas de temps à perdre avec les e-VTOL… Pour ceux qui veulent se faire une idée sans calculer : une petite vidéo https://youtu.be/abVnKV-Wx2U et notre calculateur en ligne : https://aircraft.e-props.fr/calculator_EVTOL.php
🙂
Merci à vous, Monsieur Guimbal, un temps constructeur amateur, qui comme René Fournier faites l’Aviation, rentrant par la petite porte (PME). Le Cabri est à l’hélicoptère ce que MCR est à l’aviation légère, des appareils légers et performants ; qui plus est certifié. Il faut féliciter des personnes comme vous qui ont vraiment l’esprit d’entreprise et le cœur à faire; il y a tellement de gestionnaires capables de transférer leurs billes par cupidité. La sphère économique est justifiée, mais injustifiable quand un process de production n’est là que pour le ventre des actionnaires. On peut comprendre des augmentations quand la charge augmente ou que le produit prend de la plus-value en qualité, matière, performance, mais 1000% ! C’est du n’importe quoi, même sous le coup d’une crise sanitaire ; le vol ne sera pas que sur l’appareil, il le sera également sur le dos du client final. Avec des gros postes, ça vaut le coup d’améliorer le produit existant par de l’innovation et de le produire soi-même; la sous-traitance n’est pas toujours honnête. Aujourd’hui il y a des procédés de collage où soudure & matière en fusion n’étaient jadis que les seules possibilités offertes. Méfiez-vous des rapaces, ces grandes voilures, qui ramassent le petit pour le réduire en pièce. Il faut s’attendre à tout, quand on a tout prévu, on n’est rarement pris au dépourvu. Vous avez raison, soyez vendeur de votre produit, pas de votre entreprise ou de votre âme ; longue vie à HG.
Et le pire ….
Les financiers et économistes eux-mêmes ont reconnu que les fusac sont destructrices de valeur pour les actionnaires…
Pourquoi continuer alors ?
* L’égo des PDG qui veulent diriger plus gros, toujours plus gros
* La goinfrerie des cabinets d’avocats et de financiers qui empochent des honoraires énormes
* l’aveuglement des boursiers qui ne veulent pas voir qu’ils vont y laisser des plumes
C’est un jeu de mistigri, seul le dernier à avoir les actions dans la poche sera perdant; il aura engraissé tous les acteurs avant lui.
Plus simple, avant l’avidité des conseils et patrons vindicatifs : la vision d’un concurent qui prendrait la main et le marché avant…
Qui saura arrêter cette réaction en chaine ?
Les nouveaux entrants ne montrent guère de signes d’arret de ce jeu malsain, la Chine en tête, avec la bénédiction du gouvernement.
Excellent article ! Si seulement on pouvait lire ce genre de texte plus souvent dans la presse industrielle… et financière !…
Petite incidente : la critique de la vétusté des flottes d’avions apparaissant dans les commentaires pourrait tout aussi bien être érigée en vertu : faire voler des machines de 30 ou 50 ans d’âge est une prouesse de l’économie circulaire qui préserve quantité de ressources primaires ! Et concevoir aujourd’hui des engins robustes et fiables qui voleront encore dans 30 ou 40 ans, itou ! (On aura l’occasion d’en reparler pour les e-VTOLs…). Ajoutez-y le côté « partage » qu’on rencontre par exemple en aéroclub (à l’instar de l’auto-partage), qui optimise le taux d’utilisation desdites matières… Et n’oubliez pas de mentionner que l’avion est le SEUL moyen de transport qui nécessite peu d’infrastructures au sol et ne cloisonne pas les milieux naturels en triangles écologiques (qualité qu’il partage avec le bateau, sauf que ce dernier ne franchit pas les terres…) ; je me dis parfois que l’aviation est un milieu de passionnés qui, pris par leur passion, s’avèrent incapables de produire un argumentaire logique et objectif sur leur activité, et se condamnent toujours à être acculés à la défensive dans quelque corner de la société…
Excellent ! , je n’irais pas jusqu’à rajouter qu’une part importante de nos avions de loisir étant en bois on contribue même à stocker le carbone. (mais c’est vrai).
Merci Bruno pour cet article très juste.
Amitiés,
Hugues
Bonjour Bruno
Jean-Marie Klinka avec qui j’avais partagé ma dernière année aux Arts et l’année suivante à l’ESTA m’a aiguillé sur ton article. Je partage complètement tes opinions brillament exposées. Entre ma courte carrière d’ingénieur et celle de pilote j’avais travaillé aux US pour ceux qui allaient devenir la French Connection et aussi pour la SOCATA qui essayait de relancer les ventes de Rallye dans ce pays. C’etait en 1977 et à cette époque si ma mémoire est bonne il y avait 9000 nouvelles immatriculations d’avion par an rien qu’en Californie (et 900 en France à la même période). On voit le chemin parcouru depuis grâce aux fusions acquisitions et aux pressions réglementaires et juridiques.
Comme JMK, je serai intéressé par un développement sur ta vision de l’e-VTOL. Je n’y crois pas beaucoup non plus, pas pour des raisons techniques (je ne suis pas compétent) mais plus pour des raisons opérationnelles liées à l’utilisation de ce qu’on appelle IA et qui n’est pour l’instant qu’une automatisation sophistiquée certes, mais bien loin d’une intelligence.
Peut-être un article sur le sujet?
Tous mes vœux pour le succès HG malgré les circonstances.
Quel plaisir de lire une plume qui a le courrage de dire les choses, sans détours ni langue de bois… Enfin ceux qui ont touché du doigt ce que veut dire « créer une entreprise », avec des vrais clients, des vrais fournisseurs et une équipe à alimenter.
Je m’étonne juste de ne pas entendre les Onc’Contrôleurs ou les détracteurs de telle ou telle cause écolo tsoin tsoin. Je ne raille pas les supporter des ces causes qui sont fondamentales, mais la manière de transposer la théorie au terrain.
On ne fera pas d’écologie si nous n’avons plus suffisement de moyens pour créer cette nouvelle vie, si nous ne sommes pas vigilants à conserver la valeur en France.
Une entreprise acquise par un étranger est synonyme de valeur « ponctionnée » pour alimenter des interêts hors de nos frontières, autant que nous ne pouvons pas nous partager ou investir pour l’avenir.
Mon message n’est pas isolationniste, il veut plutôt éveiller la conscience que nous faisons tous partie d’un même navire : ceux qui rament à contre courrant se trompent de sujet, il rament au final pour d’autres et contre leur propre futur.
C’est une vérité absolue, un patron s’en met plein les poches (de problèmes inutiles)…
Ces fusions-acquisitions, qui représentent le capitalisme débridé, me rappellent Cronos, ce dieu de la mythologie grècque qui dévorait ses enfants, et que seule une guerre pût détrôner.
Bon….
Bruno quel etait votre capital a votre sortie d’eurocopter (Ah) ? parachutes pour le jeu…
Un concepteur voilures
Merci
Cher Bruno Guimbal,
Merci pour cette tribune directe et décoiffante !!
Nous avions fait connaissance en 2013 pour le 50ème anniversaire des Bombardiers d’eau et, dans la tourmente…., si vous vous rappelez….j’avais ô combien apprécié votre boost clairvoyant…!!
Tout le meilleur à vous-même et à HG…
@woodplane a écrit : »Les aéronefs neufs sont devenus inabordables par leurs prix d’acquisition car ils nécessitent aujourd’hui des d’équipements coûteux, deviennent de plus en plus lourds et demandent des puissances moteur en rapport pour les faire voler. »
Posez-vous la question du pourquoi ! Pour moi c’est simple, parce que les utilisateurs de tout produit manufacturé (pour ne citer que ceux-là) en demandent toujours plus et les fabricants n’ont pas le choix ils doivent suivre la demande du marché. Dites moi pourquoi les gens ont-ils besoin d’un SUV pour rouler en Ile de France ? Pourquoi les gens ont-ils tous eu besoin d’un transpondeur dans leur trapanelle et d’un EFIS ?
Si la 2 CV Citroën était par trop minimaliste, on pouvait très bien faire avec une 4 CV Renault voire une 203 Peugeot pour rouler dans les embouteillages des villes et à 90 km/h sur les routes de campagne. Si vous croisez une de ces voitures regardez la taille des roues et des pneus comparée à celle des roues des SUV !! La fuite en avant est une des principales plaies de notre Société.
Les hélicoptères du SAMU étaient autrefois des mono-turbines ; un jour il a été décrété qu’ils devaient être des bi-turbines ; pas grave C’EST LA SECU QUI PAYE
J’avoue être admiratif de Hélicoptère Guimbal (sans connaitre Bruno Guimbal) pour avoir eu le courage, la ténacité et tout ce qui va avec de lancer cette aventure.
Les articles de Bruno Guimbal ne font que renforcer mon respect !
Merci à Monsieur Bruno Guimbal de partager cette analyse, parole rare mais chaque fois de valeur. Au delà de la crise, celle d’aujourd’hui mais les précedentes aussi dont je suis moi-même victime en tant que simple salarié intérimaire, c’est votre coup de gueule sur les fusions aquisitions qui m’interpelle! En commençant comme simple mécanicien hélico, puis magasinier, acheteur, chef d’équipe, inspecteur qualité…je suis outré moi aussi par toutes ces petites boites qui se font absorber, sous couvert d’une plus forte influence sur les marchés…quand elles ne disparaissent pas tout simplement! j’ai la crainte des géants, crainte pour nous mais aussi crainte pour eux…Il n’est pas simple aujourd’hui d’être un industriel!
Merci pour cette tribune très intéressante d’un acteur de terrain. La désindustrialisation de la France est malheureusement incontestable et les conséquences vont se faire sentir de plus en plus au fil du temps. Malgré toutes ces difficultés vous parvenez à bien vous en sortir depuis des années, je vous souhaite que ça continue.
L’aviation générale existe encore car elle représente une grande part de loisirs.
Mais pour combien de temps encore?
Tous les indicateurs font penser qu’à court moyen terme cette activité, au départ ludique mais devenue quasi professionnelle avec tous les effets pervers que cela induit, est vouée à disparaitre, ou en tout cas, devenir une niche pour quelques nantis.
Les aéronefs neufs sont devenus inabordables par leurs prix d’acquisition car ils nécessitent aujourd’hui des d’équipements coûteux, deviennent de plus en plus lourds et demandent des puissances moteur en rapport pour les faire voler.
L’age moyen de la flotte des avions « légers » en France est canonique!
Il sera financièrement, techniquement et réglementairement, bientôt plus possible de les maintenir en état de voler et d’ailleurs, pour quels utilisateurs?
La population des pilotes vieillie elle aussi et a beaucoup de mal à se régénérée.
La vie coûte de plus en plus cher, surtout pour les « jeunes ». Les choix sont donc vite établis lorsque l’on voit le coût d’un brevet de pilote, les formalités pour accéder à l’apprentissage, les multiples contraintes imposées à l’aviation légère et enfin la capacité et l’envie de continuer à piloter après le Brevet qui s’amenuisent au fil des mois compte tenues de toutes ces tracasseries et obligations qui sont aussi des dépenses non négligeables pour un plaisir qui finalement, est anéanti sous tant de charges pour une « simple » activité de loisir.
Activité qui sera de plus en plus difficile à maintenir du fait que les avions légers d’aéroclubs ne sont plus des passages faciles et économiques pour les jeunes qui souhaitent embrasser une carrière professionnelle, par exemple!
Les pilotes « amateurs » devront se battre encore plus fort pour espérer conserver quelques avions, des aérodromes, des espaces aériens disponibles et encore un petit peu de liberté pour la passion du vol dans un contexte économique et écologique en forte tension.
L’aviation « plaisir » ne fait plus autant rêver car elle est devenue trop complexe, trop chère.
Super Bruno comme tu le sais je suis beaucoup de part le monde et un Cabri me rend à chaque fois fier d’être français comme un TBM un Ecureuil et Européen pour un Airbus. Tu devrais mettre en ligne la photo des nombreux Cabris en Afrique du Sud und grand bonjour à tous et à bientot peut être à Barcelonnette. Philippe
Quel soulagement de te lire, Bruno, dont je partage les avis à 100%, je te reconnais bien…
J’ai bien aimé ta courte opinion sur les e-VTOL, il aurait fallu développer, mais finalement c’est du temps perdu…
Plus sérieusement est l’opinion que tu te fais des fusions-acquisitions.
Je n’oublierai pas ta conclusion (le dernier paragraphe)
Tu es bien le seul, en AG, à supporter des NRC de 1000%.
Je n’ai pas compris ton allusion: (!) après « actionnaire fidèle »
Mes amitiés à toi et ton épouse, le seul en cravate sur la photo qui vaut largement une médaille pour le personnel …
Merci Jean-Marie. Le « ! » indique juste que je suis le principal actionnaire (80 %); je sais ce que ça m’a coûté ! pour ne pas rentrer dans les fusions-acquisitions.
Je ne suis animé ni par une volonté de faire fortune (heureusement en ce moment !) ni par un rêve d’inonder le monde d’hélicoptères en quantités infinies. Que personne n’hésite à nous consulter quand même, ils sont beaux ils sont frais ! 🙂
Bonjour Mr GUIMBAL,
Je ne puis malheureusement que confirmer vos propos . J’ai créé beaucoup de sociétés en France depuis ma sortie de l’école . je n’ai pas cherché à faire fortune et j’ai réinvesti l’argent gagné dans l’industrie . J’ai en 25 années réussi à monter une fonderie de titane de précision à la cire perdue. Nous sommes actuellement terrassés par l’arrêt du 737 car SNECMA nous adonné interdiction de livrer avec un prévis de 8 jours violant tous les contrats qui prévoyaient un préavis de 2 mois . Ils se retranchent derrière le cas de force majeure. la France devient un désert industriel . Je vous félicite pour avoir eu le courage de cette aventure et le travail accompli . Je « bricole » un peu dans l’hélicoptère mais mes clients ne sont pas demandeurs de votre produit.
Cordialement
B HENRION
Merci Bruno Guimbal pour cet article qui traite de l’impact très concret des fusacq., vision terrain qui échappe à beaucoup lors des échanges sur le sujet. Attendons du reste avec gourmandise les différentes perceptions qui vont s’affronter de ces opérations,
. la vision vertueuse : pérennité de l’entreprise, dynamisation, élargissement de son marché, augmentation de sa technicité pour le meilleur intérêt de TOUTES ses parties prenantes,
. et la vision accusatrice d’opérations voyoutes qui enrichissent investisseurs et opérateurs en se payant sur la bête quel qu’en soit les conséquences…
Le problème, c’est que les deux natures existent… Le propre de l’homme en fait.
M. Guimbal, je suis votre parcours en tant que voisin (Aix) et en tant que pilote, maintenant de « tagazous ». Mais non pas pilote d’hélico, j’ai des amis qui me « rencardent » là-dessus…
Merci pour votre pugnacité et, pour répondre en écho à un passage de votre article,
« Bon vent », que Zéphyr (ou Favonius) vous soit propice.
LG
Merci Monsieur Guimbal,
La différence entre la (triste) réalité et les articles de la presse aéronautique ou économique est impressionnante !
« En aviation générale, la chute est pire encore, mais cela a commencé 10 ou 20 ans avant. » Comme le temps passe : ça date de plus tôt que cela puisque le rapport du Sénateur Parmentier de 1982 sur l’aviation légère date cette chute à 1971.
Je me souviens en effet quand j’étais jeune d’entendre d’aucuns s’émouvoir que l’âge moyen de la flotte des aéroclubs s’est situait entre 20 et 30 ans…Le temps a passé et celle ci atteint gaillardement les 50 ans. Les contraintes se sont tellement accumulées qu’il n’y a aucun business model de viable qui permette de produire une heure de vol à un prix (même pas) abordable avec une machine neuve. Il ne s’en vend plus qu’une grosse centaine par an d’ailleurs quand Cessna produisait plusieurs milliers de c172 dans les années 60 ou 70. L’orchestre continue de jouer, et le Titanic continue de sombrer. Inexorablement
Voler en aéro-club a toujours coûté cher (trop cher pour un jeune). Sinon j’aurais appris à piloter à l’âge de 16 ans et pas à 30 ans. A mon avis ce qui pèse énormément aujourd’hui sur la vitalité des AC c’est la complexité de la réglementation et surtout la fuite vers les ULM de tous les pilotes atteints par l’interdiction de voler autrement suite à une opération chirurgicale et lorsqu’on atteint les 50-60 ans il est fréquent de devoir passer sur le billard. Dans ce sens le mouvement ULM a tué les aéro-clubs traditionnels et l’aviation en CDN. Ajoutez à cela des âneries coûteuses pour les aéro-clubs du genre de confier la gestion d’un aérodrome comme celui d’Etampes à ADP avec l’envolée des loyers qui s’ensuivit et les exemples doivent être nombreux.
1971, c’était il y a 50 ans. Et 52 ans encore plus tôt, c’était la fin de la première guerre mondiale et certains disent qu’on produisait en France alors au sortir de la guerre 3000 avions par mois, oui par mois !
Stanloc pourquoi accuser l’ULM pour avoir permis a des gens de voler ? Quel mal y aurait-il a voler en ULM plutôt qu’en avion certifié ? Ce qui compte a la fin c’est de pouvoir assouvir sa passion, n’est-ce pas, et tant qu’à faire sur des machines françaises. Vous pouvez accuser le monde d’aller trop vite, de fuite en avant, mais vous pouvez aussi prendre l’autre perspective qui montre que l’aviation (légère) a fait un bond de géant en 60 ans au début du siècle précédent, puis a terriblement ralenti les 60 suivantes. C’est un serpent qui se mord la queue, moins c’est attractif moins il y a de monde, moins ça évolue, moins ça fait envie, … Il n’y a pas que l’argent, les gens l’ont pour les SUV et les vacances …