Dans son souci de relancer l’aviation de loisir en Tunisie, l’Association Tunisienne Aéronautique multiplie les événements commémoratifs visant à sensibiliser les tunisiens. Le dernier en date (23 février – 3 mars 2017) a revêtu la forme d’un rallye en paramoteurs sur l’itinéraire de l’escadrille aérienne de Biskra, créée en 1912 en Algérie, pour assurer le service postal dans le cadre de missions militaires à travers le Sahara Français.
Terre méditerranéenne, la Tunisie a attiré les pionniers de l’aviation. Dès 1909, ses cieux cléments et sa population chaleureuse et enthousiaste furent témoins des prouesses des pilotes d’aérostats et autres aéronefs.
Le 18 décembre 1912, l’aviateur Roland Garros, champion de courses aériennes et recordman du monde d’altitude, effectua le premier vol intercontinental entre Afrique et Europe, reliant la Tunisie à l’Italie en passant par la Sicile jusqu’à rejoindre Rome en plusieurs étapes. Le lien historique millénaire entre Carthage et Rome fut ainsi symboliquement rétabli par les airs !
Le 23 septembre 1913, à bord d’un monomoteur Morane-Saulnier, Roland Garros réalisa la première traversée aérienne France-Tunisie, soit plus de 800 km au-dessus de la mer, partant de Fréjus pour atterrir à Bizerte.
En commémoration des 105 ans de ces records qui connurent un engouement international, l’Association Tunisienne de l’Aéronautique (ATA) a souhaité faire la promotion de l’aviation légère en organisant des shows aériens sur le parcours historique de « l’escadrille de Biskra ».
L’escadrille de Biskra (Algérie) fut créée en 1912 pour assurer le service postal dans le cadre de missions militaires à travers le Sahara Français.
En février 1913, quatre biplans Farman décollèrent de l’oasis de Biskra, cap au sud-est vers Tozeur pour éviter les reliefs présents entre l’Algérie du Nord et la Tunisie. Ce parcours en plein désert présentait des conditions de navigation difficiles. Aussi les aviateurs suivirent-ils les traces laissées par les pistes chamelières, seuls recours d’orientation visibles. Puis l’escadrille rejoignit le golfe de Gabès avant de remonter vers Tunis.
Ce périple de six jours – du 26 février au 3 mars 1913 – fut émaillé de quelques incidents, dont l’atterrissage d’un appareil à proximité de Kairouan. Le pilote fut cloué au sol plusieurs heures, avant que le Cheikh de la région n’accepte de laisser l’aéronef fou reprendre les airs à ses risques et périls. C’était bien entendu la première fois que le Cheikh voyait un objet volant.
Du 26 février au 3 mars 2017, soit 104 ans plus tard au jour près, une équipe de paramotoristes tunisiens et français a suivi l’itinéraire de l’escadrille, effectuant une centaine de vols de démonstration en présence de foules enthousiastes.
Deux paramoteurs biplaces à pied ont permis à une trentaine de jeunes tunisiens de vivre leur baptême de l’air. Quand on connait la difficulté de l’exercice à la fois physique et technique, le passager courant en tandem avec le pilote pour un aléatoire décollage, on saluera l’exploit fourni par les deux pilotes qui ont persévéré des dizaines de fois.
L’Association Tunisienne de l’Aéronautique, présidée par Habib Soussia, ingénieur aéronautique et historien, auteur de livres et de films sur l’histoire de l’aviation, s’est chargée de l’organisation globale du périple aérien.
Le parcours a démarré dans l’oasis de Tozeur, ville de destination et de passage pour les grandes caravanes transportant esclaves, dattes et or jusqu’au XIXème siècle. Cette région du Jérid vivait de l’eau de ses sources naturelles et les villages au cœur des palmeraies, El Hamma, Tamerza, Degache, Nefta, … attestent de cette histoire des oasis.
Tozeur est aujourd’hui une vaste palmeraie alimentée par les nappes aquifères profondes, pôle touristique entre le Grand Erg Oriental et les Chotts, vastes plaines salines asséchées.
Deux sites furent choisis pour les démonstrations aériennes, l’un en ville jouxtant le marché aux ovins avec la présence d’un groupe de percussions dont les costumes rouges étaient à l’unisson des voiles colorées des parapentes, et l’autre en plein désert sur le site Mos Espa, le village du jeune Skywalker dans Star Wars, menacé d’ensablement par les dunes en croissant qui avancent inexorablement de quelques mètres par an.
Le 28 février 2017 à Kairouan sur les pas de l’escadrille de Biskra, la présence d’une troupe folklorique locale apporte une ambiance électrique. Les musiques traditionnelles se mêlent au vrombissement des engins. Le ballet aérien enflamme les esprits et les corps.
Le survol exceptionnel de la ville inscrite au patrimoine de l’Unesco a été octroyé à quelques pilotes par l’association Fondation Kairouan, avec mission de survoler les grands réservoirs des Aghlabides à deux pas de la Grande Mosquée, la plus prestigieuse et la plus ancienne du Maghreb (VIIe). Les bassins datant du IXe siècle sont alimentés par un système d’adduction d’eau et gèrent depuis des siècles l’approvisionnement de la ville en eau potable.
Les paramoteurs ont poursuivi le raid jusqu’à l’aérodrome d’Utique-Bizerte où Roland Garros, cherchant le premier terrain praticable au-delà du relief côtier, atterrit en 1913. Notons l’importance historique d’Utique, ville fondée il y a plus de 3000 ans par les Phéniciens et qui fut plus tard carthaginoise puis romaine puis byzantine. Elle connaît alors l’ensablement de son port si bien que le site gît aujourd’hui à 10 kilomètres du rivage méditerranéen.
Le 2 mars 2017, les shows aériens et les baptêmes se terminèrent en apothéose à Zaghouan au sud de Tunis, en présence de représentants des autorités militaires, de l’aviation civile et du ministère du tourisme, ainsi que de Mr Dhifallah, gouverneur de la province et d’Olivier Poivre d’Arvor, ambassadeur de France.
De nombreux partenaires ont permis cette aventure. Il convient notamment de remercier chaleureusement Tunis Air, l’O.A.C.A, la D.G.A.C tunisienne et le ministère du Tourisme tunisien dont les participations furent essentielles à cette belle équipée.
Francis Tack
Les hélicoptères Puma HC2 âgés d’un demi-siècle seront retirés du service en 2025. Ils seront… Read More
La tour de contrôle centrale de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle est en travaux. Fin… Read More
Depuis plus de quatre décennies, le Pilatus PC-7 constitue la pièce maîtresse de la formation… Read More
On a rarement vu une compagnie aérienne aussi bien préparée à déposer le bilan que… Read More
Dans un roman, Jean Rousselot raconte à la première personne du singulier la carrière militaire… Read More
Textron Aviation a livré à l'armée de l'air péruvienne le premier de 2 Beechcraft King… Read More