Alors que le numéro français du drone a réalisé un chiffre d’affaires de 54 M€ en 2021, le chinois DJI a atteint 4 milliards d’euros. La filière industrielle française du drone possède les atouts pour raccrocher le peleton de têts. Valentin Brossard en est convaincu. Le cofondateur de Hionos (autopilotes logiciels pour drone) appelle les pouvoirs publics à soutenir la filière française du drone, et les fédérations professionnelles du drone à se regrouper.
À l’étroit entre l’aéronautique et la robotique, les acteurs français du drone professionnel commencent à parler en tant que filière. Grâce à la forte expérience française dans le domaine aéronautique depuis plusieurs décennies et à des innovations prometteuses, l’écosystème national a vocation à devenir un leader à l’échelle européenne et mondiale à l’horizon 2030. Une telle filière aura tous les atouts pour défendre la souveraineté de la France sur l’enjeu majeur qu’est le drone. À condition qu’on lui donne une chance.
Dans un écosystème où l’État est un client majeur des dronistes et équipementiers, cette chance se traduit par des commandes. Malheureusement, dans de nombreux appels d’offres, les solutions choisies sont souvent l’achat de produits étrangers ou des solutions portées uniquement par les grands groupes. Un autre moyen d’aider la filière serait de soutenir ses projets d’envergure, mais là encore, le drone n’est pas clairement identifié dans le programme France 2030, plan d’investissement massif pour faire émerger les champions technologiques de demain et accompagner les transitions dans des secteurs d’excellence comme l’automobile, l’aéronautique ou encore l’espace.
Pourtant, si l’on souhaite vraiment une filière industrielle du drone qui soit leader, exportatrice, et génératrice d’emploi, il y a des solutions.
Les projets d’envergure nationale sont nécessaires pour structurer des filières.
Par exemple, l’Inde a récemment interdit l’importation de drones pour toute une partie de son industrie. En forçant les acteurs locaux à acheter indien, elle favorise ses dronistes et l’émergence de leaders internationaux. Sans aller jusque-là, la France pourrait privilégier, dans une certaine mesure, les réponses françaises, ou européennes, sur un certain nombre d’appels d’offres.
Pourtant, dans d’autres secteurs, la France a prouvé qu’elle pouvait faire la course en tête quand elle en a la volonté. Prenons l’exemple de l’industrie spatiale.
Dans les années 50, la France a poussé plusieurs programmes (Véronique-AGI, la première fusée-sonde française, le satellite Astérix…) qui ont notamment donné naissance au CNES (Centre national d’études spatiales). La France était consciente de l’importance de ne pas se laisser déborder par les deux grandes puissances qu’étaient les États-Unis et l’URSS.
Dans les années 70, elle s’allie à d’autres acteurs européens pour continuer à jouer les premiers rôles avec le programme Ariane et la naissance de l’ESA (L’Agence spatiale européenne).
La France a donc su défendre sa souveraineté, en développant d’abord une industrie forte sur laquelle elle a pu s’appuyer avant de passer à l’échelle européenne. Le spatial lui a permis de briller à l’international et de développer des innovations qui par la suite ont profité à de nombreux autres secteurs.
Dans ce contexte, une question se pose : comment faire émerger les champions français du drone de demain ?
Pour avancer, les acteurs français se sont regroupés au sein de fédérations professionnelles représentatives de la filière drone française, comme l’ADIF (Association du drone de l’industrie française) qui compte maintenant près de trente membres. Cette association a pour vocation d’aider la filière française à se structurer. Son objectif premier est simple : permettre de révéler tout le potentiel économique du secteur avec pour ambition de positionner la France, d’ici 2030, dans les premiers acteurs mondiaux.
Pour cela, l’ADIF souhaite devenir un véritable organe de dialogue, à l’intérieur (entre industriels) et à l’extérieur (organismes publics, autorités politiques…) de la filière. Elle représente tout l’écosystème drone : du civil au militaire, en passant par les équipements et sous-équipements. Afin de privilégier la souveraineté de la filière, elle est uniquement ouverte aux acteurs qui conçoivent et produisent en France.
C’est un premier pas vers la reconnaissance de la filière du drone en France. Pour peser davantage, il sera nécessaire d’arriver à regrouper les différentes fédérations professionnelles qui coexistent aujourd’hui.
Le conflit ukrainien a mis en lumière l’importance et le rôle des drones pour la souveraineté d’une nation. On voit bien que le secteur militaire s’est emparé de la question, mais en réalité c’est toute une filière qui doit être impliquée. D’où l’absolue nécessité pour l’État d’accompagner les acteurs afin de les aider à se structurer. Cela passe nécessairement par la sollicitation de l’ensemble des acteurs en présence, PME comme grands groupes et par la confiance que les autorités peuvent leur fournir.
Valentin Brossard, CEO de Hionos
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Les industriels n'ont vu que leurs intérêts financiers immédiat, payé peu ou pas d'impôts après délocalisation en Chine, en Inde ou au Vietnam, pour faire travailler des gens au salaire le plus bas sans sécurité sociale, voilà notre problème sans oublier des syndicats rapace et sans jugement.
Pourquoi l'Allemagne a t'elle encore une sidérurgie digne de ce nom, parce que les syndicats son impliqué dans les décisions avec l'aval de l'Etat et des actionnaires, ce qui est impensable en France.
@Lucien ORBAN
Les industriels, les politiques, les banques... etc, bref tous les nantis : il y a bien sûr de ça...
Mais pourquoi ne pas citer également 100% des consommateurs (ou des électeurs, comme on veut), bien heureux de pouvoir s'offrir grâce à ces pratiques des biens qu'ils n'auraient pas pu posséder si la production en était restée chez nous.
Le monde n'est pas si simple...
Sûr qu'à la lumière de l'actualité d'une part, et d'autre part à l'illusion du retour des industries "traditionnelles", si la France, donc nous tous... ne saisissons pas l'opportunité de produire chez nous pour ces marchés nouveaux et de haute technologie, ce serait à désespérer de nous...
"ce serait à désespérer de nous…" dites-vous ? Plastic Plane .
Moi j'ai perdu tout espoir de revoir une industrie en France pour plusieurs raisons et le les gouvernements n'y feront rien car les français ne veulent plus travailler autrement que chez eux devant un PC et encore pas trop. Il leur faut garder du temps pour leurs loisirs.
Par ailleurs j'ai été témoin de la perte de TRES nombreux savoir-faire. Des technologues qui avaient construit leur savoir dans des centres de recherche sont partis à la retraite (et sont morts surement depuis) en emportant leur science de la matière. Un exemple : regardez comme nous sommes à la traîne sur le photovoltaïque alors que dans les années 70 on avait tout défriché dans ce domaine.
C'est devenu courant d'entendre dire que des entreprises ne parviennent pas à embaucher des compagnons parce que les compétences n'existent plus et le goût du travail dans une entreprise a disparu.
Belle tribune qui s'applique à toute l'industrie Française et Européenne par extension : sans fermer les frontières, il s'agit de ne pas être plus bête que les autres et de re-introduire du protectionnisme dans nos frontières économiques...
Ce que font très bien des pays comme l'inde, la chine, les USA, la Russie, le Brésil...
Ce n'est pas être "intégriste" et "nationaliste" que de dire cela, c'est juste n'être pas plus bête que les autres, et jouer avec les mêmes règles du jeu. Et accessoirement conserver une part de contrôle et d'indépendance pour certain produits "stratégiques", par exemple l’électronique, mais aussi la nourriture (pénurie de blé ? alors que la beauce déborde et exporte tout ?).
Essayez-donc de vendre un produit Français (ou autre) sur le sol américain s'il n'est pas fabriqué par une usine que vous ouvrez sur le sol américain (avec des employés locaux...). Demandez à Airbus... En France, on n'est même pas capable de demander des impôts à Amazon quand il ouvre un centre de distribution sur notre sol !
Autre gag : nos viticulteurs ont du vin en barriques, mais pas de bouteilles pour le vendre : les verreries étrangères ne livrent plus (covid, guerre, bateaux bloqués), et les verreries françaises sont fermées, à l'abandon ! Nous avons l'outil et les chômeurs...
Alors oui, doublement oui, il faut prendre soin de nos filières locales, surtout à l'heure de l'écologie qui va forcément impliquer de travailler en circuits courts. Circuit = conception-production-distribution-maintenance
Les drones, c’est comme l’avIation légère : nos politiques ne comprennent pas à quoi ça sert, a part a récolter les voix des grincheux en l’interdisant de voler la moitié du temps (en attendant de le faire pour l’autre moitié). Pour nos édiles, Former des pilotes est une activité polluante qu’il faudrait délocaliser à l’étranger comme l’essentiel de l’industrie. On a laissé crever la plupart de nos constructeurs nationaux d’avions légers, et on attend que les avions légers existants qui ont pour la plupart un demi siècle cessent de voler également pour libérer le ciel. Alors pourquoi donc irait-on l’encombrer de drones ?
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